10.5. Pratiques paysannes de gestion des
débris d'A. auriculaeformis et régénération
générative naturelle de l'espèce sur les stations
forestières du Sud-Bénin
10.5.1. Pratiques paysannes de gestion des débris
d'A.
auriculaeformis
Les rendements de maïs grain avec les
litières d'Acacia (5,152 t.ha-1) et
les émondes d'Acacia (4,7 t.ha-1)
forment le groupe des niveaux du traitement donnant un fort rendement en
maïs-grains. Avec le témoin qui est la pratique paysanne du
brûlis des débris d'exploitation d'A.
auriculaeformis forme le deuxième groupe, le rendement du
maïs grain (1,6 t.ha-1) est faible et représente le
tiers de celui obtenu avec le groupe litière et émondes. Ces
résultats sont conformes avec ceux de Fonton et
al. (2002b) qui ont trouvé le brûlis peu performant
sur le rendement du maïs grain comparé à celui obtenu avec
des émondes en mode de gestion paillis. Oguntala (1980) au Nigeria dans
la réserve forestière de Olokemeji explique cette faiblesse du
rendement par le fait que le brûlis peut être au détriment
de l'écosystème, conduisant à des pertes
considérables en azote dans l'horizon supérieur sans aucune
source de remplacement. Cependant, Louppe et al.
(1998) à Korhogo au Nord de la Côte d'Ivoire trouvent un avantage
au traitement brûlis sur le mulch des résidus d'exploitation et
litières d'une jachère d'A.
auriculaeformis de 6 ans. Le rendement maïs grain à 15
p.c. d'humidité était de 1,74 t.ha-1 pour le
brûlis contre 1,05 t.ha-1 pour l'épandage de
litières. Toutefois, ce rendement maïs sur brûlis
d'A. auriculaeformis de 1,6 t.ha-1 obtenu
sur la station de Ouèdo reste largement au-dessus du rendement
linéaire moyen national sur les 10 dernières années, 1,15
t.ha-1 (Anonyme, 2004). Ce qui traduit la performance de la
jachère plantée d'Acacia traitée
en brûlis traditionnel. Au plan sylvicole, le brûlis
contrôlé ou «feu forestier » a présenté
quelques avantages notamment en ce qui concerne la
régénération naturelle d'A.
auriculaeformis dans ce système agroforestier, comme le
montre le paragraphe ci-après.
10.5.2. Régénération naturelle par
voie générative : Inventaire
des semis naturels d'Acacia auriculaeformis
Des inventaires de semis naturels d'âge 3-5
mois d'Acacia auriculaeformis sur les stations
forestières du Sud-Bénin ont révélé un
potentiel séminal édaphique important de l'espèce. Les
régénérations naturelles évaluées ont
présenté un potentiel de production caractéristique pour
chacune des trois stations forestières étudiées :
Sèmè avec 72.180 semis/ha ; Ouèdo avec 333.333 semis/ha et
Pahou avec 542.000 semis/ha. Certes, la station forestière de
Ouèdo a produit 4,6 fois plus de semis que celle de Sèmè
et 1,6 fois moins que celle de Pahou. Ces résultats sont à
rapprocher des données de productivité de l'espèce sur les
3 stations forestières étudiées et rapportées par
MoumounI et Simon (1999). En effet, ces auteurs ont observé que le
rendement en volume de bois sur ces stations de forestières est
très variable et a évolué dans le même ordre de
grandeur que celui des semis/ha. En effet, le rendement en volume de bois sur
la station forestière de Sèmè a été la plus
faible (2,2 m3/ha/an), alors que celui obtenu à Ouèdo
(5,5m3/ha/an) est 2,5 fois plus élevé que le rendement
de la station de Sèmè mais 2,8 fois moins élevé que
celui de la station de Pahou (15,3 m3/ha/an) la station
forestière la plus performante. La performance de la station de Pahou
est similaire à celle obtenue dans une exploitation à grande
échelle par Gerkens et Kasali (1988) sur le plateau de
Batéké au Congo démocratique sur un sol sableux et pauvre.
Somme toute, on déduit de l'abondance des semis que la
régénération naturelle par voie générative
supplée les difficultés de propagation végétative
qui caractérise l'espèce pour un aménagement en
régime taillis.
La comparaison de deux modalités de
régénération à la station de Ouèdo sur terre
de barre, sous un régime pluviométrique bimodal de 1.100 mm [la
régénération naturelle par voie générative
(RNG) et la régénération artificielle par plantation
(RAP)] a montré, pour des peuplements de 2 ans d'âge, de
meilleures caractéristiques structurales et de productivité pour
:
· la RNG : (1.110 arbres/ha ; 1.713 tiges/ha ;
6,65 m2/ha de surface terrière G/ha ; 30,43 m3.ha
-1 de Volume) ;
· la RAP (1.300 arbres/ha ; 2.097 tiges/ha ;
5,73 m2/ha de surface terrière G/ha ; 24,69 m3.ha
-1 de Volume).
Ainsi, la tendance à la formation de tiges
multicaules est 1,22 fois plus importante avec la RAP qu'avec la RNG (1,54). La
RNG promet une production d'arbres plus accrue en surface et en volume
comparée à la RAP.
Ces résultats expriment un potentiel
séminal édaphique important de l'espèce sur chacune de ces
stations forestières par rapport à une densité moyenne de
plantation observée sur ces stations qui est de 1111
plants.ha-1.
Peu d'expériences sont rapportées sur
la régénération naturelle d'A.
auriculaeformis de par le monde. Otsamo (2001) en Indonésie
observa aussi un potentiel séminal édaphique relativement
élevé pour la régénération naturelle en ce
qui concerne la seconde rotation sur une prairie à
Imperata avec une densité moyenne de 39.333
semis.ha-1, mais pour une espèce très proche, Acacia
mangium. Cependant, une étude similaire a été
faite par Akouehou et Ayelo (2004) pour Tectona
grandis où le potentiel séminal édaphique
observé pour des plants de teck d'un an a été le suivant
sur la station forestière de :
· Djigbé sur terre de barre avec 7 914
à 12 016 jeunes semis à l'ha et
· Agrimey également sur terre de barre avec
7162 à 15 916 jeunes semis à l'ha.
Toutefois, dans le cas du teck, le recours à la
RNG n'a été envisagé qu'à la suite
d'épuisement des souches d'arbres après plus de 3 rotations
conduites en régime taillis. Ces comparaisons successives placent
Acacia auriculaeformis dans une situation plus
favorable sur les stations forestières de Pahou, Ouèdo et
Sèmè pour la RNG. Ainsi, la RNG pourrait même être
à la base d'un aménagement alternatif de remise en forêt du
site pour l'espèce en deuxième rotation. La comparaison des
indices de Blackman (IB) donne des stations forestières de Pahou et
Ouèdo pépinière, les sites où les IB se rapprochent
de 1 contre celles de Ouèdo Dodja et Sèmè où les IB
sont très éloignés de 1. Les moyennes calculées
(u) sont alors agrégatives et non
régulières. On en déduit que les individus sont
dispersés au niveau des quadrats de ces sites. La répartition
spatiale est alors irrégulière ou hétérogène
au niveau de ces sites. Il
peut être envisagé des technologies
à un niveau préparatoire pour assister la RNG et avoir une
répartition spatiale des jeunes semis (saplings) plus
régulière notamment par un passage de la herse favorisant du coup
l'enfouissement des semis donc leur bon enracinement (Gaudy, 1965).
Acacia auriculaeformis a manifesté un
comportement multicaule sur la plupart des stations d'introduction au
Bénin (Agbahungba, 1984).
La tendance à former des tiges multicaules pour
les arbres des placeaux de Ouèdo, est plus prononcée pour les
peuplements issus de régénération par plantation
artificielle (où le ratio nombre de tiges (Ntiges) sur nombre d'arbres
(Narbres) à l'hectare est de 1,61) que pour les peuplements provenant de
la régénération naturelle générative
(où le ratio Ntiges/Narbres = 1,54). Toutefois, la valeur moyenne de
surface terrière des régénérations naturelles
GRN (6,65 m2/ha) est supérieure à celle des
plantations GP (5,73 m2/ha), de même que la hauteur HgRN (8,91
m) de l'arbre de surface terrière moyenne des
régénérations naturelles est supérieur à la
hauteur HgP (7,19 m) de l'arbre de surface terrière moyenne des
plantations. On note également que la valeur moyenne de volume de bois
sur pied pour les peuplements de régénération naturelle
générative de 2 ans d'âge (30,43
m3.ha-1) est supérieure à celle des
plantations de 2 ans d'âge (24,69 m3.ha -1). C'est
un résultat similaire à celui de Fonton et al.
(2002a) qui mentionnent que le volume des pieds
d'Acacia diminue avec l'augmentation du nombre
d'arbres par pied lorqu'on compare les volumes et la tendance à former
des tiges multicaules.
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