· une phase initiale rapide due aux lessivages
de matériaux solubles qui sont largement des artifices
expérimentaux de séchage et de rehydratation de la litière
;
· une seconde phase plus lente dominée
par la décomposition des constituants des parois cellulaires telles que
les hémicelluloses et celluloses et ;
· une phase lente régulée par la
lignine et les produits microbiens.
Ces séries de courbes peuvent être
décrites pour s'ajuster aux deux ou trois phases du modèle
exponentiel avec une constante de décomposition pour chacune des
fractions (WIeder et Lang, 1982). Au total, les valeurs trouvées dans le
cadre de l'étude s'inscrivent dans le même ordre de grandeur que
celles trouvées par Mulongoy et al. (1993) au
Nigeria après un essai de décomposition similaire conduit sur 12
semaines sur les espèces telles que Senna siamea
(0,012 k/j), Leucaena leucocephala
(0,025 k/j), Gliricidia sepium (0,021 k/j). Notons
qu'A. auriculaeformis ne faisait pas partie de ces
espèces.
Dans une expérimentation similaire en sacs de
décomposition au champ au Zimbabwe dans des conditions sub-humides sur
sol limono argilo sableux, l'allure de la courbe de décomposition a
été décrite par une fonction exponentielle
d'équation : Y= (Y0 - Q)e-kt +Q. Ici les constantes de
décomposition des litières d'Acacia et
de Sesbania étaient respectivement de 0,053 et
0,039 par jour (Chikowo, 2004).
Pourtant les études de décomposition
menée par Mulongoy et Van der Meersch (1988) avaient utilisé,
pour décrire le pourcentage de reste de poids de
matière sèche au temps t,
l'équation exponentielle: Y = Le-kt sans Q, expression de la
quantité de matière sèche qui restera non
décomposée au temps t, où : L= la portion labile en terme
de pourcentage de matériel végétal en décomposition
; k = la constante de décomposition exprimée par jour ; t = temps
de décomposition en jours.
Par ailleurs, la forme exponentielle de toutes les
courbes confirme les attentes liées aux informations documentées.
Cependant, l'allure linéaire de la courbe dans la station
forestière de Ouèdo peut s'expliquer par l'équation :
Ac/At = a- k.c de Nye et Greenland (1960), reprise par Stanford et Smith (1972)
pour décrire les cinétiques de minéralisation de l'azote
disponible ainsi qu'il suit en laboratoire : dN/dt = - kN.
La particularité de la station de Ouèdo
serait surtout liée à l'activité termitophage très
intense qui y est notée. Il en est de même pour les valeurs de k
dans la station de Pahou qui sont supérieures à celles obtenues
dans la station de Sèmè. Ici on pourrait établir une
corrélation avec l'importance relative de l'activité biologique
au niveau de chacune des stations.
On observe également que les valeurs de k
successives sont plus élevées dans un traitement enfouissement
que dans un traitement en mode paillis ou épandage. On constate
cependant, que la valeur de k sous forêt (ombrage) est peu
différente de celle de k dans la clairière de la même
station pour la même durée de décomposition. Ce dernier
résultat semble différent de celui de Jenkinson et Ayanaba (1977)
qui observèrent à Ibadan (Nigeria) que la minéralisation
est plus rapide sous ombrage qu'en pleine lumière. Ainsi, dans la
station de Pahou, le gradient d'humidité du sol entre la forêt et
la clairière ne serait pas aussi important pour induire une
différence aussi significative des constantes de décomposition.
En effet, la clairière de la station de Pahou, bien que recevant la
pleine lumière n'est qu'un petit placeau de moins de 6 ha au milieu du
block de plantation P1-90 et P3-90 totalisant 100 ha. Il en est de même
pour la clairière de la station à Sèmè.
Le taux de décomposition et la constante de
décomposition sont deux paramètres de gestion des substrats
organiques. La prise en compte des
facteurs qui agissent sur ces paramètres
(comme la station ou ici le type de sol, la durée de
décomposition, la maîtrise des traitements en mode épandage
ou enfouissement) doit permettre de lever la contrainte liée au
caractère de décomposition trop lente qui limiterait
l'utilisation de la matière organique d'A.
auriculaeformis dans certains systèmes agroforestiers
notamment dans les cas d'association arbre - culture annuelle ou d'oeuvrer au
contrôle de ladite contrainte pour faciliter l'accroissement du stock
organique du sol.
Les rapports C/N de 16, 16 et 17 enregistrés
respectivement dans les stations forestières de Pahou, Ouèdo et
Sèmè sont peu élevés.
La biomasse des légumineuses est
utilisée dans les systèmes agroforestiers surtout pour leur
apport d'azote. Les résultats de la présente étude
dégagent pour la litière et les émondes d'A.
auriculaeformis une teneur moyenne en N respectivement pour la
litière de 1,41 p.c et pour les émondes de 2,9 p.c soit deux fois
plus pour des plantations de 8 ans d'âge.
La MOS peut être physiquement stabilisée
ou protégée de la décomposition à travers la
formation de microaggrégats ou intimement associée avec des
particules de limon et d'argiles et peut être biochimiquement
stabilisée à travers la formation de composés de MOS
récalcitrant. Six et al. (2002) en
déduisirent alors que les caractéristiques physico-chimiques
inhérentes aux sols définissent la capacité de protection
maximum de ces pools, les accroissements en MOS (i.e. la séquestration
de carbone) avec l'accroissement des inputs en résidus
organiques.