De la comparaison des réactions (1) et (2) de
l'équation chimique de la fixation biologique d'azote, on déduit
que la réduction d'une molécule : de N2 implique 8
électrons (8 e-) et de C2H2 implique 2
électrons (2 e-). Le coefficient permettant de convertir la
quantité d'acétylène réduit en azote fixé
est alors de 2/8 = 1/4.
Dans la pratique, la plante est soigneusement
déracinée. Le système racinaire avec les nodules est mis
en incubation pendant 30 à 60 minutes dans un récipient
étanche dont 10 p.c. de l'air a été remplacé par
l'acétylène. On prélève ensuite un
échantillon du gaz d'incubation pour y doser l'éthylène
formé,
en chromatographie en phase gazeuse (Witty et
Minchin, 1988). Toutefois, cet outil ne sert qu'à poser le diagnostic
sur l'activité de la nitrogenase et de ce fait est beaucoup
utilisé dans les recherches sur la fixation de l'azote
moléculaire. Pourtant, cette méthode est très
limitée même pour des études comparatives entre
légumineuses. Le test ARA ne donne que des mesures sur des situations
instantanées qui ont besoin d'être ajustées en ce qui
concerne la période de la journée ou de la saison (Anderson et
Ingram, 1993).
Les méthodes isotopiques (dilution isotopique
après enrichissement du sol en 15N et méthode de
l'abondance naturelle) ont été décrites par divers auteurs
(Danso, 1988 ; Ledgard et Peoples, 1988 ; Anderson et Ingram, 1993)
:
i. Dilution isotopique après enrichissement du
sol en 15N
Les plantes fixatrices et non fixatrices sont
cultivées simultanément sur un sol ayant reçu la
même quantité d'engrais azoté enrichi en 15N
(jusqu'à 30 p.c. d'atomes). Le postulat sur lequel est fondée
cette méthode est que les deux plantes utilisent dans la même
proportion l'azote du sol et l'azote de l'engrais azoté 15N.
Le pourcentage d'azote fixé (p.c. Ndfa) est donné par la formule
(14) :
p.c. Ndfa = (1-Ei/Eo) x 100 (14), avec :
· Ei excès isotopique dans la plante
fixatrice ;
· Eo excès isotopique dans la plante non
fixatrice.
L'excès isotopique E est égal à
la différence (p.c. d'atomes 15N dans les tissus
végétaux-0,3663 p.c.), la valeur 0,3663 p.c. correspondant
à la proportion naturelle d'atomes de 15N dans
l'atmosphère terrestre.
Si Nt est la teneur en azote total de la plante
fixatrice, la quantité fixée est traduite par l'expression de la
formule (15) :
Ndfa = p.c.Ndfa x Nt (15).
Cette méthode est surtout appliquée
à la sélection des clones. ii. Méthode de l'abondance
naturelle
Le principe est le même que celui de la
méthode de dilution isotopique à l'exception que dans ce cas les
engrais enrichis ne sont pas appliqués au sol (Giller et Wilson, 1991 ;
Giller, 2001). Shearer et Kohl (1986) expliquèrent la démarche,
tandis que Gaury et Dommerques (1995) en ce qui concerne les arbres fixateurs
d'azote ont proposé la forme simplifiée comme le montre la
formule (16) qui suit :
*15N (P.m.) =
(Réch.*-Ratm.**)/Ratm. x 1000 (16) où :
· R = (15N + 14N)/
(14N + 14N),
· : échantillon du sol ou de
plante,
· ** : atmosphère.
L'azote de l'atmosphère est constitué
essentiellement de 14N2(99,6336 p.c. d'atomes), le reste (0,3663
p.c. d'atomes) étant de l'azote sous la forme 15N2. En
revanche, beaucoup de sols sont enrichis naturellement en 15N. Comme
cet enrichissement est faible, il est exprimé par le taux de
15N (en parties par mille,
*15N). Yoneyama et
al. (1993) l'appliquèrent aux arbres légumineuses
(Leucaena leucocephala, Sesbania
grandiflora et Gliricidia sepium).
Boddey et al. (2000) appliquèrent la
méthode de la technique d'abondance naturelle de 15N pour
quantifier la fixation biologique de l'azote chez les ligneux perennes des
agroécosystèmes tropicaux.
Les végétaux non fixateurs ont le
même taux de 15N que le sol sur lequel ils poussent. Les
plantes fixatrices ont en revanche un taux plus faible car elles puisent une
partie de l'azote de l'air, pour lequel
*15N est par définition
nul.
Le principe de la quantification de la fixation de
l'azote par la méthode de l'abondance naturelle est le même que
celui de la dilution isotopique après enrichissement en 15N, mais aucun
apport supplémentaire de 15N n'est fait, puisque seule la teneur
naturelle des sols et des végétaux est prise en
compte.
Le pourcentage d'azote fixé (p.c. Ndfa) est
calculé à partir de la formule
(17) :
p.c. Ndfa =
(*15Nr-*15Nf)/
(*15Nr-b) x100 (17), avec
:
· *15Nr composition
isotopique de la plante de référence non fixatrice,
· *15Nf composition
isotopique de la plante fixatrice,
· b, coefficient de fractionnement isotopique
tenant compte de la légère diminution de 15N (0,2
à 2 pour mille) dans l'azote fixé, entraînée par le
processus de fixation.
Shearer et Kohl (1986) ont utilisé la
méthode pour des investigations au champ.