2.3.1.3. ZOOM SUR LA RD CONGO
Parlant de la politique budgétaire en
République Démocratique du Congo, il faut noter ce qui suit :
« Pour 2006, le déficit est estimé à 1,2% du PIB. Il
devrait augmenter en 2007 et 2008, respectivement à 1,4% et 1,9% du PIB.
En 2005 et 2006, la réduction du déficit a résulté
d'une importante augmentation des recettes, mais aussi et surtout des dons et
appuis budgétaires octroyés par la communauté
internationale pour soutenir les élections, le maintien de la paix et la
reconstruction...En 2006, l'aide extérieure a représenté
57% du budget de l'Etat, à hauteur de 2,2 milliards de dollars US (9,5%
du PIB). En 2007et 2008, le financement extérieur devrait conserver une
place très importante dans les recettes de l'Etat mais en
légère diminution, estimée respectivement à 9% et
8,5%. Les recettes fiscales devraient se maintenir à des niveaux
élevés (8,9% du PIB en 2007 et 8,4% en 2008) grâce à
l'accélération de la croissance et la reprise des
activités productives. Les recettes pétrolières ont aussi
augmenté de manière significative, suite à
l'envolée des prix sur les marchés mondiaux. Le prix du
pétrole a été vécu cinq fois à la hausse en
2005 et trois en 2006, pour une augmentation totale de plus de 11% en
2006.
Parallèlement à ces évolutions,
les dépenses ont largement dépassé les montants attendus,
au second semestre 2005 et à plusieurs reprises dans le courant de
l'année 2006, en Avril, Juillet et Septembre notamment. En Avril 2006,
le dépassement des dépenses publiques a été de 13
milliards de Franc congolais (29 milliards USD). Pour les mois de juillet
et
septembre de la même année, il s'est
respectivement élevé à plus de 9 et 12 milliards de francs
congolais (20 et 27 millions de dollars US). Ces dérapages s'expliquent
par plusieurs causes. La première porte sur les problèmes
d'insécurité à l'Est du pays, avec les primes à la
police nationale pour la sécurisation des élections et les
dépenses exceptionnelles liées au déroulement des
élections. La seconde a trait au recensement des fonctionnaires, qui a
permis de ne plus payer des salariés fantômes mais a en revanche
entraîné la régularisation des employés du service
public qui n'avaient pas reçu leurs salaires depuis plusieurs
mois.
En troisième lieu, le processus de
décentralisation a conduit à l'augmentation des taux de
rétrocession du budget vers les services provinciaux et les
entités décentralisées. Quatrièment, le service de
la dette intérieure a été relativement important en raison
du niveau élevé de la dette et de la hausse des frais de
commission de la banque centrale. Le service de la dette intérieure est
estimé à 3,2% du PIB en 2006. Il devrait baisser en 2007 et 2008,
avec la mise en place des initiatives d'allègement de la dette.
Finalement, la forte hausse des dépenses de fonctionnement de l'Etat a
découlé des nombreuses missions et déplacement des
fonctionnaires des ministères. Conséquence du dépassement
des dépenses publiques, les taux d'exécution du budget
s'avèrent très disparates... » (BAfD/OCDE, 2007,
pp.234-235).
Par ailleurs, il sied de noter que « les
dérapages des finances publiques enregistrés fin 2005 et
début 2006, ajoutés à la lenteur des réformes
structurelles, avaient amené le FMI (fonds monétaire
international) à geler les appuis budgétaires destinés
à la RDC, lors de la sixième revue du PEG (Programme Economique
du Gouvernement). Inspiré du PEG, il devait poursuivre la mise en oeuvre
des reformes pour soutenir les efforts de stabilisation. L'exécution du
PRC (Programme Relais de Consolidation) n'a pas été concluante.
La mauvaise tenue des finances publiques a, une fois de plus conduit à
l'échec d'un programme de stabilisation.
Par conséquent, elle a retardé le
passage au point d'achèvement de l'initiative PPTE. Afin de maintenir le
dialogue avec les partenaires extérieurs et s'efforcer de
rétablir les conditions nécessaires à une reprise des
relations formelles avec du FMI, le gouvernement a mis en place un «
Programme Suivi par le Service du Fmi » (PSSF). Dans ce programme, il a
été convenu que la politique budgétaire devrait poursuivre
l'assainissement des finances publiques, et réorienter les
dépenses publiques non prioritaires...Nonobstant le retard accusé
dans la réalisation des réformes fiscales, une
amélioration de la couverture des dépenses publiques par les
ressources internes a été constatée en 2007. Le taux de
couverture est passé
de 58 à 76%. Ceci tient, entre autres, aux
performances des régies financières. Les recettes de la DGI
(Direction Générale des Impôts) sont passées de
159,9 millions CDF en 2006 à 256 millions de francs (congolais) en 2007,
celles de l'OFIDA (Office des Douanes et Accise actuellement DGDA) de 195,5
millions CDF à 237,7 millions. Projetées à 526,8 milliards
CDF pour les neufs premiers mois de 2007, les recettes totales, dons compris,
se sont chiffrées à 571,6 milliards CDF, soit une
réalisation de 108,5%. Il faut cependant déplorer la sous
exécution des dépenses en capital (54,4%). Cette situation
s'explique, en partie, par un faible décaissement des ressources
extérieures devant les couvrir.
L'envolée du prix du baril de brut (autour de
100 USD en fin 2007) a quelque peu alimenté les tensions
inflationnistes. Cela devait entraîner un alourdissement de la facture
énergétique du pays. Combinée à la baisse de la
production de pétrole, cette hausse du cours du brut devait engendrer de
sévères conséquences en matière des finances
publiques. Les cours mondiaux des minerais ayant augmenté depuis 2005,
la RDC a pu aussi combler le déficit de sa balance
énergétique par la hausse de ses recettes d'exportation en
minerais.
Au niveau de la balance budgétaire, on
relève une amélioration en 2007, liée à
l'excédant budgétaire dégagé grâce à
la gestion très rigoureuse des finances publiques par me gouvernement
mis en place en février 2007. En 2008, bien que le budget
présenté soit équilibré, son exécution
risque de connaître des dérapages. Les différentes
pressions sociales et salariales ainsi que le processus de
décentralisation pourraient contribuer à un déficit
budgétaire » (BAfD/OCDE, 2008, pp.260-261).
En outre, toujours en 2008 et 2009, il faudra noter
aussi les effets de la crise financière internationale ressentis
à travers l'économie congolaise et notamment à travers les
ressources financières publiques qui ont été sensiblement
touchés affectant par la même occasion les dépenses de
l'Etat ainsi que les perspectives d'atteinte du point d'achèvement de
l'Initiative Pays Pauvres Très Endettés par la RD Congo, qui y a
finalement accéder au lendemain de la célébration du
50ème anniversaire de son indépendance soit en juillet
2010, atteinte qui a été rendue possible par une discipline et
une rigueur remarquables dans la gestion des deniers publics de tous les
services publics et régies financières.
Pour nous faciliter de bien visualiser
l'évolution de différents instruments de la politique
budgétaire congolaise voyons d'abord le tableau ci-après dont les
données sont exprimées en pourcentage de produits
intérieurs brut.
Tableau n°15 : Opérations financières
de l'Etat (en pourcentage du PIB)
RUBRIQUES
|
2006
|
2007 (e)
|
2008(p)
|
2009(p)
|
+ Recettes totales (avec dons)a
|
21,4
|
22,9
|
25,5
|
25,7
|
- recettes Fiscales
|
13,2
|
13,1
|
13,6
|
13,6
|
- recettes Pétrolières
|
8,2
|
9,9
|
11,9
|
12,1
|
+ Dépenses Totales (et prêts
nets) a
|
22,1
|
20,8
|
25,9
|
21,5
|
- dépenses courantes
|
18,7
|
17,5
|
19,4
|
19,3
|
sans les intérêts
|
15,3
|
14,7
|
16,8
|
17,1
|
- salaires
|
5,5
|
5
|
5,4
|
5,1
|
- Paiements d'intérêts
|
3,5
|
2,7
|
2,6
|
2,2
|
- dépenses en capital
|
3,4
|
3,3
|
2,1
|
2,3
|
+ solde Primaire
|
2,8
|
4,9
|
2,2
|
6,4
|
+ solde Global
|
-0,7
|
2,2
|
-0,4
|
4,2
|
Figure n° 10 : Evolution des opérations
budgétaires.
30
25
20
15
10
-5
0
5
Dépenses Totales (et prêts nets)
Recettes totales (avec dons)
solde Global
solde Primaire
Etat des rubrique en 2006
Etat des rubrique en 2007 (e)
Etat des rubrique en 2008(p)
Source : Par nous-mêmes sur base du tableau
précédent.
|
|