2.3.1.2. LES EFFETS DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE
Nous évoquerons à ce stade, les effets
positifs et les effets négatifs de la politique budgétaire sur
l'activité économique dans un pays.
A. LES EFFETS POSITIFS
Nous donnerons des explications de l'efficacité
d'un budget de l'Etat sur l'activité économique, sur le fait
qu'un accroissement des charges budgétaires ou un déficit
budgétaires peuvent engendrer ou pas la croissance économique
dans un pays.
Pour Jean-Yves Capul et Olivier Garnier, «
l'effet positif du budget correspond au mécanisme du multiplicateur
développé par Keynes. Les dépenses publiques
représentant une composante de la demande globale (avec la consommation,
l'investissement et les exportations), une augmentation de ces dépenses
produit, un accroissement plus important de la production nationale. Ces
mécanismes jouent favorablement dans deux circonstances
différentes, lorsque le déficit est provoqué
volontairement par la politique économique (on parle de déficit
structurel) et lorsque le déficit résulte uniquement de
l'évolution de la conjoncture économique (déficit
conjoncturel, lorsque par exemple, une faible activité économique
réduit les recettes fiscales attendues).
Lorsque le déficit est lié à l
seule conjoncture, le mécanisme du multiplicateur peut même
provoquer un retour automatiquement à l'équilibre
budgétaire. Cet enchaînement économique, qui a reçu
le nom de « stabilisateur automatique », est le suivant : une
récession ou une baisse de l'activité provoquent des moindres
recettes fiscales (ayant moins de revenus, les agents versent moins
d'impôts) ; cette baisse des impôts soutient et stimule la demande
des ménages et des entreprises, ce qui permet ensuite de
rééquilibrer le budget. Le même mécanisme peut jouer
en sens inverse, dans le cas d'une surchauffe de l'activité, lorsqu'une
demande trop vigoureuse risque de provoquer une inflation ou un déficit
extérieur ». (JY.CAPUL et O.GARNIER, 2008, pp.319-320).
Schématiquement cela se présente comme suit
:
Figure n°8 : Illustration de la stabilisation
automatique
Surchauffe
Augmentation du taux d'impôt et des
impôts
Solde budgétaire positif, diminution de la
demande
Fin de la surchauffe et
équilibre budgétaire retrouvé
Source : Par nous- mêmes.
La notion de « stabilisation automatique »
se justifie par le fait qu'elle permet d'indiquer que l'apparition ou la
réalisation d'un solde budgétaire négatif (déficit)
ne doit pas nécessairement pousser les autorités
économiques à agir ou réagir énergétiquement
par la diminution des revenus des agents économiques ménages et
entreprises entraînant la diminution fatale de la demande de ces agents
afin de retrouver l'équilibre budgétaire. Par contre, les
autorités politiques et économiques doivent s'abstenir de prendre
des mesures rigoureuses étant donné que le budget
s'équilibre automatiquement.
Mais, nous nous posons la question de savoir : quel
est le rôle du multiplicateur keynésien face à une
situation de déficit budgétaire ? En effet, le multiplicateur
[Keynésien] est un processus économique général
montant que l'accroissement d'une grandeur économique a pour effet
l'augmentation d'une autre. Pour Jean-Yves CAPUL et Olivier GARNIER, « le
multiplicateur des dépenses publiques montre le rôle joué
par la demande autonome de l'Etat : les achats supplémentaires de l'Etat
induisent une augmentation de la production plus importante que la
dépense initiale » (J-Y. CAPUL et O.GARNIER, 2008,
p.300).
L'effet multiplicateur constitue un
élément fondamental de la théorie économique
Keynésienne. Il faut noter enfin que dans une conjoncture
délicate, le budget au solde déficitaire peut soutenir la demande
; et dans ce cas il joue un rôle contra cyclique du fait que ses effets
sur la demande sont opposés aux effets négatifs résultant
de la conjoncture.
B. LES EFFETS NEGATIFS
D'après Jean-Yves CAPUL et Olivier GARNIER «
la politique budgétaire est l'objet de 3 grandes critiques.
· La 1ère est liée
à l'ouverture des économies aux échanges internationaux.
Une politique de relance économique fondée sur un déficit
budgétaire risque de favoriser les entreprises
étrangères...
· la 2ème critique correspond
au problème du financement du déficit budgétaire. S'il est
financé par création monétaire, il y a un risque
d'inflation. S'il est, en revanche, financé grâce à des
emprunts auprès des agents économiques, se pose le
problème de « l'effet d'éviction ». L'effet
d'éviction est un phénomène qui conduit l'activité
du secteur public à supplanter celle du secteur
privé.
Dans le cas d'un déficit budgétaire, le
recours à l'emprunt provoque un déplacement des ressources
d'épargnes disponibles vers le secteur public au détriment des
autres agents économiques. Le résultat de cet effet est une
hausse des taux d'intérêt : les taux d'intérêt
augmentent car la demande des capitaux s'accroît, les pouvoirs publics
devant aussi proposer une meilleure rémunération pour attirer de
nouveaux épargnants. La conséquence de ce phénomène
est que les dépenses des agents économiques sensibles au taux
d'intérêt (investissement) sont freinées. L'effet
d'éviction provoque un ralentissement de l'activité
économique...
· une dernière critique importante de la
politique budgétaire, liée elle aussi au financement d'un
déficit, concerne le problème de la dette. Plusieurs
années de déficits budgétaires peuvent conduire à
une accumulation de la dette publique (en cas de financement par l'emprunt). Un
risque important apparaît, celui d'un « effet boule de neige »
de la dette. Il s'agit du cercle vicieux suivant : une dette importante
implique le versement d'intérêts considérables aux
épargnants créanciers de l'Etat ; le poids de ces
intérêts, qui sont une charge, c'est-à-dire une
dépense du budget, aggrave le déficit et conduit à un
nouvel endettement public qui, à son tour, conduira à un niveau
d'intérêts encore plus important, etc. » (J-Y. CAPUL et
O.GARNIER, 2008, pp.320-321).
Il faudra noter que par rapport aux critiques qui ont
été formulées suite aux effets négatifs de la
politique budgétaire, l'économie de la RD Congo les a
déjà ressenties toutes.
Au regard de tout ce qui précède voyons
comment se présente schématiquement les principaux effets du
déficit budgétaire.
Figure n°9. Illustration des effets du
déficit budgétaire
Croissance création d'emplois
Frein à la croissance et
à l'emploi
Augmentation du déficit
DEFICIT
Augmentation des dépenses ou baisse
de prélèvements fiscaux
Augmentation de la dette publique
Effet d'éviction et hausse des
taux d'intérêt
Augmentation de la charge de la
dette (intérêts payés par l'Etat
Stimulation de la demande
globale (multiplicateur)
Possibilité de réduction
de l'investissement
Source : J-Y. CAPUL et O. GARNIER, Dictionnaire
d'économie et de sciences sociales, Hatier, Paris 2008, p.
321.
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