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Les conflits liés à  la mise en pratique de la décentralisation territoriale en Côte d'Ivoire. Cas du district d'Abidjan

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par Togba Gagui ZOHORE
Université de Cocody- Abidjan - DEA en criminologie 2008
  

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III. Revue de la littérature et position théorique

III.1 - Revue de la littérature

En sciences sociales, aucun travail ne se fait ex-nihilo. Il se fait toujours sur la base d'investigations de travaux précédents. Et nous ne saurions déroger à cette constante scientifique. A cet effet, nous vous proposons une recension d'écrits sur notre sujet. En l'occurrence, ce sont des écrits sur la décentralisation et des écrits sur les conflits.

III.1.1 - Ecrits sur la décentralisation

Les tenants et aboutissants de la décentralisation varient d'une école à une autre, d'un auteur à un autre, etc. Chez Yao Kouassi C. [2009], la solidarité est l'aspect spécifique de la politique de décentralisation. Car elle est sous-tendue par l'idée de la recherche du bien-être pour les populations par la répartition au mieux des richesses de l'Etat afin que les collectivités territoriales, à travers les initiatives qu'elles prennent, partagent et consolident l'idée de solidarité de la communauté nationale développée par l'Etat central. Cette idée de solidarité apparait à travers les divers objectifs de décentralisation dont les plus essentiels sont : la décentralisation à la base par la mise en place de structures de gouvernance locale ; la correction des inégalités locales ; une meilleure répartition des fruits de la croissance ; la promotion du développement local et de la bonne gouvernance.

Quant à Pierre Richard [1984], il estime qu'enfermées durant des décennies dans un cadre administré et sous tutelle ne leur laissant qu'une faible liberté d'action, les collectivités territoriales ont su devenir, depuis l'entrée en vigueur des lois de décentralisation (en France), des acteurs essentiels du développement local et des partenaires indispensables de l'Etat dans la mise en oeuvre à l'échelon local des grandes politiques nationales, qu'il s'agisse de la lutte contre le chômage et l'exclusion, de l'aménagement du territoire ou de la protection de l'environnement.

La contribution des communes, de leurs groupements, des départements et des régions à l'amélioration de la qualité de vie des français est aujourd'hui décisive dans des domaines aussi divers que l'enseignement du premier et du second degré, la culture, le sport ou les transports. Dans une société de plus en plus complexe et éclatée, l'heure n'est plus aux dispositifs nationaux reproductibles à l'identique sur l'ensemble du territoire ; l'efficacité nécessite désormais le « sur mesure » que seule peut garantir l'action locale.

Mais avec l'AIMF [1999], pour jouer ce rôle à eux dévolu, encore faut-il que les responsables municipaux en aient la possibilité, ce qui ramène aux questions de compétences et de moyens. C'est tout le sens du débat sur la Décentralisation. Décentraliser, pour un Etat, c'est toujours se séparer d'une partie de ses prérogatives. Cette tendance n'est jamais naturelle. Mais elle s'inscrit dans le fil de l'histoire. Ce processus engagé dans de nombreux pays, ne peut que se poursuivre.

Pour l'AIMF, dans une société où les citoyens aspirent à davantage d'autonomie et de liberté, l'Etat, dont les ressources sont limitées, doit se recentrer sur ses fonctions régaliennes et essentielles : défense, cohésion sociale, sécurité, aménagement équilibré du territoire, solidarité national, etc. Les décisions les plus rationnelles dans la gestion courante se prennent au plus près du terrain. Les lieux de décision doivent se rapprocher des lieux d'exécution. La motivation et l'implication des populations est à ce prix. Décentraliser, c'est aussi créer une dynamique locale et une gestion plus rationnelle.

Et nécessaire à une gestion rationnelle, J. Bernot [1996] fait une analyse synthétique de la répartition des compétences (dans la décentralisation en France). Il montre comment la réforme a été opérée et il en fait un état des lieux. Avec lui, les compétences décentralisées peuvent être regroupées en cinq thèmes principaux : l'aménagement du territoire ; l'urbanisme et les transports ; l'action sociale et la santé ; l'interventionnisme économique ; la culture et la formation.

La répartition des compétences faisait, pour l'essentiel, l'objet d'un consensus. Même si certaines voix s'inquiétaient du transfert, par l'Etat, de compétences à « hauts risques », c'est-à-dire dont les charges étaient potentiellement très évolutives, beaucoup jugeaient que les transferts de compétences, au profit des collectivités territoriales, pourraient être progressivement étendus. On a pu écrire que l'optimisme régnait alors. Chacun s'accordait pour estimer que le suffrage universel, dans sa sagesse, sanctionnerait les mauvais gestionnaires. Chaque collectivité pouvait donc agir.

Mais faute d'une définition claire du rôle respectif de chacune d'entre elles, il en a résulté une grande confusion due à des chevauchements de compétences quasi-inextricables. Ainsi, J. Bernot [1996] révèle un facteur des conflits de compétences qui opposent les acteurs de la décentralisation : l'ambiguïté des textes.

Et le Guide 1, intitulé programmation des investissements [2005] a pour but d'aider les élus locaux à réussir leur mission. Il met en exergue une procédure cohérente de définition d'un programme d'investissements prioritaires. Il se veut un guide clair, simplifiant la compréhension et l'usage des directives de programmation des projets. Ceci, en fournissant des informations utiles aux responsables des collectivités territoriales pour une élaboration efficace des programmes d'investissements prioritaires en vue d'une amélioration du développement économique et social des localités.

Selon ce guide [2005], lorsque la programmation est concertée, les investissements reflètent les besoins réels des populations et sont durables. Car dans un cadre de gestion partagée, tous les acteurs deviennent comptables des résultats. Pour se faire, le programme triennal (principal outil de la planification à moyen terme) constitue avec le budget (traduction annuelle du programme triennal), le tableau de bord de la collectivité territoriale.

Alors, le guide donne les conseils suivants : disposer d'une banque de données sur la collectivité ; disposer d'une équipe pluridisciplinaire ; encourager la contractualisation avec les consultants ou l'implication des services déconcentrés ; informer les populations et faire une auto-évaluation continue sur la recevabilité sociale des projets.

Quant à Maxime Gogoné [2009], il estime que la décentralisation doit être considérée comme l'un des chantiers majeurs du développement de la Côte d'Ivoire. De feu H. Boigny, qui disait qu'il attache une importance au développement communal, à L. Gbagbo, les plus hautes autorités politiques de ce pays se sont exprimées favorablement à ce système. La volonté politique existe. Alors elle impose l'engagement de chacun et de tous dans la concertation constante et l'abnégation au travail. Mais il s'avère que le conflit se manifeste dans la mise en pratique de la décentralisation. Voyons donc quelques écrits sur le conflit.

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