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Gestion, mesure et communication sur les risques au sein des établissements de crédit au regard du contexte tunisien et des standards internationaux

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par Zied LOUKIL
Université du 7 novembre Carthage - Diplôme d'expert comptable 2010
  

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1.3. Le cas particulier d'Attijari Bank et de l'UIB

Dans le cadre de cette analyse, Attijari Bank et l'UIB constituent deux cas à part, qui méritent une analyse individuelle pour tenir compte de la particularité des opérations réalisées par ces deux banques au cours des dernières années.

1.3.1 Le cas d'Attijari Bank129

Attijari Bank (ex Banque de Sud) a fait l'objet de privatisation en 2005, après la cession de la part de l'Etat Tunisien dans son capital, qui s'élevait à 33,54%, au profit d'un consortium formé de la banque marocaine Attijariwafa et de la banque espagnole Santander.

129 : Données chiffrées et informations extraites des rapports annuels 2006, 2007, 2008, des états financiers arrêtés au 30 juin 2009 et des communiqués de presse de la banque, www.attijaribank.com.tn.

Gestion, mesure et communication sur les risques au sein des établissements de crédit au regard du contexte tunisien et des standards internationaux

Suite à ce rachat, le nouvel actionnaire a mis en place une politique de couverture des risques matérialisé par l'effort considérable engagé de provisionnement des créances douteuses.

En effet, au cours de l'exercice 2006, premier exercice comptable postérieur à la privatisation, la banque a porté son stock de provisions sur les créances classées de 35 MDT au 31 décembre 2005 à 126 MDT au 31 décembre 2006. Le montant des dotations aux provisions sur créances douteuses comptabilisé en 2006 s'est élevé à 183 MDT.

Cet effort de provisionnement s'est poursuivi en 2007 suite à la constatation de dotations complémentaires aux provisions sur créances douteuses de 52 MDT.

La mise en place de cette politique de rattrapage du provisionnement des créances douteuses a impacté les résultats de la banque au cours des exercices 2006 et 2007, qui se sont élevés respectivement à -176 MDT et - 9MDT. Par conséquent, les capitaux propres de la banque ont été affectés par ces résultats significativement déficitaires.

Afin de permettre à la banque d'assumer le poids de cette politique de constitution de provisions, un plan de recapitalisation a été mis en place en décembre 2006 portant sur la réalisation d'une augmentation de capital de 50 MDT et la mise en place d'un emprunt obligataire convertible en actions de 80 MDT.

L'exercice 2007 s'est soldé par un résultat net de -9 MDT. Toutefois, l'exercice 2008 a marqué le retour à l'équilibre pour la banque à travers la réalisation d'un résultat bénéficiaire égal à 41 MDT.

Au cours de l'exercice 2009, le résultat bénéficiaire de l'exercice 2008 a été intégralement affecté en report à nouveau pour résorber en partie les résultats antérieurs reportés en capitaux propres.

Par ailleurs, le résultat au 30 juin 2009 s'est elevé à 22 MDT confirmant ainsi le retour à l'équilibre de la banque.

L'assemblée générale extraordinaire du 16 octobre 2009, a décidé une augmentation du capital social de 18,75 MDT, pour le porter de 150 MDT à 168,75 MDT, par l'émission de nouvelles actions à souscrire en numéraire et à libérer totalement lors de la souscription,

1.3.2. Le cas de l'Union Internationale des Banques (UIB)130

L'UIB a fait l'objet de privatisation à fin 2002, suite au rachat de 52% de son capital par le Groupe Société Générale.

Au cours de l'exercice 2007, l'UIB a pris la décision de comptabiliser l'intégralité des provisions nécessaires pour couvrir les risques sur les créances douteuses, à la date d'arrêté des comptes annuels 2007.

En effet, jusqu'à cette date, la banque comptabilisait les provisions dans la limite de son résultat disponible, ce qui a engendré un niveau important de créances douteuses, de risques et de suspens non couverts par des provisions.

La régularisation de cette situation, a induit l'UIB à la constatation de provisions au titre du risque de contrepartie pour un montant net de reprises égal à 145 MDT, complétées par des provisions au titre des risques opérationnels et des suspens comptables de 28 MDT, soit au total 173 MDT de provisions complémentaires.

Les états financiers de la banque arrêtés au 31 décembre 2007, ont fait ressortir une perte record égale à -185 MDT (après modifications comptables dont l'impact s'élève à -5 MDT).

Cette perte significative a fortement impacté les capitaux propres de la banque, et a nécessité la mise en place d'une opération d'envergure pour reconstituer ses capitaux propres.

130 : Données chiffrées extraites du compte rendu établi par Tunisie Valeurs de la réunion analystes du 29 juillet 2008, des états financiers de l'UIB arrêtés au 31 décembre 2007, au 31 décembre 2008 et au 30 juin 2009.

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Le conseil d'administration a mis en place d'une opération de recapitalisation de 170 MDT répartie comme suit :

· augmentation de capital en numéraire de 70 MDT,

· émission de certificats d'investissements réservés à la Société Générale pour 20 MDT,

· et émission d'un emprunt subordonné réservée à la Société Générale pour 80 MDT.

L'opération de constitution de provisions a permis à l'UIB de régulariser sa situation de sous provisionnement qui perdure depuis plusieurs années et la reconstitution de ses fonds propres a conforté ses ratios réglementaires (solvabilité, couverture des créances classées...), lui permettant ainsi de mettre en place une nouvelle politique en terme d'assainissement de son portefeuille de créances, de gestion et de maîtrise des risques.

Cette opération a permis à l'UIB de régulariser sa situation vis-à-vis de l'un de ses deux Commissaires aux Comptes, qui a refusé de certifier les comptes semestriels au 30 juin 2007.

Après la perte record de l'execice 2007 de -185 MDT, l'UIB a renoué avec les bénéfices en 2008, avec un résultat faible mais positif égal à 1 MDT affecté en réserves et en report à nouveau.

Au 30 juin 2009, le résultat de la période s'est élevé à 3,5 MDT confirmant ainsi le retour à l'équilibre. Section 2 : L'amélioration de la qualité des actifs et du taux de couverture

Un certain nombre de réformes mis en place au cours des deux dernières décennies, a permis d'améliorer la qualité du portefeuille de crédits détenu par les banques tunisiennes.

Parmi ces mesures, la circulaire n°91-24 en terme d e classification des actifs et de niveau minimal de leur provisionnement, l'augmentation du niveau de la déductibilité fiscale des provisions sur créances, et les règles prudentielles de matière d'octroi et de suivi des crédits.

Ces mesures ont également été accompagnées par un renforcement des pouvoirs de surveillance de la BCT dans le cadre de la poursuite de l'assainissement des créances détenues par les banques tunisiennes et de l'amélioration de leur couverture131.

2.1. La qualité du portefeuille de crédits

2.1.1. Analyse de l'évolution de la qualité du portefeuille de crédits

La qualité du portefeuille de crédits détenu par les banques tunisiennes s'est nettement améliorée au cours des dernières années. Le schéma suivant présente l'évolution du taux des créances classées par rapport à l'ensemble des encours de crédits :

Taux des créances classées

24.0%

23.7%

 
 
 
 
 
 

20.9%

 
 
 

20.9%

 
 
 
 

19.3%

17.6%

15.5%

 
 
 
 
 
 
 

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

30%
25%

 

20%
15%
10%

 
 

Créances classées

Source : Rapports annuels de la BCT

131 : La BCT s'est fixée comme objectifs, de ramener le taux des créances douteuses à 15% en 2009 et à 12% en 2011. Le taux de couverture escompté s'élève à 70% à horizon 2009.

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En effet, le taux des créances classées, au sens de la circulaire n°91-24, passe de 24% à fin 2003 à 15,5% à fin 2008, soit une baisse de 8,5% sur cinq ans.

Cette amélioration de la qualité du portefeuille de crédits résulte directement de la poursuite du renforcement des procédures internes de maîtrise des risques, de traitement dynamique des créances non performantes, mais également suite à la radiation et à la cession d'un certain nombre de créances douteuses à des sociétés spécialisées dans le recouvrement de créances régies par la loi n°98-4 132.

Néanmoins, des efforts complémentaires sont attendus des banques tunisiennes pour respecter les objectifs de la BCT de ramener le taux des créances douteuses à 15% à fin 2009 et à 12% à fin 2011.

2.1.2. Analyse comparative de la qualité du portefeuille de crédits

L'analyse comparative de la qualité du portefeuille de crédits des banques cotées à fin 2007 et à fin 2008 est présentée dans le graphique suivant :

40%

50%

30%

20%

10%

0%

7.3% 8.3%

5.5% 6.8%

BT BH ATB UBCI BIAT BNA ATTIJARI AB STB UIB

12.6% 12.7% 13.2% 13.2%11.9%

10.8%

9.4%

Taux des créances classées 2007-2008

9.1%

17.6%

17.6%

14.7%

26.5%

23.1%

44.7%

34.0%

2007

2008

Source : étude du secteur bancaire en Tunisie - MAC SA - août 2009

Cette comparaison des taux des créances classées entre les banques, démontre la disparité entre la qualité des portefeuilles de crédit d'une banque à une autre.

L'UIB présente le risque de crédit le plus élevé avec un taux de créances classées égal à 34% à fin 2008, en nette amélioration par rapport à celui de fin 2007 qui s'élevait à 44,7%.

Dans le secteur public, la STB dispose d'un niveau élevé de créances classées égal à 23,1% à fin 2008, malgré la cession d'un niveau important de créances classées à sa filiale de recouvrement de créances. Ce niveau élevé de créances classées détenues par la STB résulte essentiellement de sa forte implication dans le financement du secteur du tourisme, considéré comme étant un secteur prioritaire par les pouvoirs publics.

La BT dispose quant à elle du meilleur portefeuille d'actifs avec un taux de créances classées égal à 6,8% à fin 2008, en légère dégradation par rapport à fin 2007 qui présentait un taux égal à 5.5%, suivie par la BH avec un taux égal à 8.3 % à fin 2008.

Excepté la BT et la BH qui présentent à fin 2008 des taux de créances classées en légère hausse par rapport à l'exercice précédent, le taux de créances classées du secteur a évolué à la baisse au cours de l'exercice 2008.

132 : Loi n°98-4 du 2 février 1998 relative aux sociét és de recouvrement des créances.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore