II-1-4 : Les variables intermédiaires
De ce qui précède, on a va constater que les
facteurs socio-économiques et culturels agissent sur la malnutrition des
enfants via les comportements des mères (appelés variables
intermédiaires). Entre autres comportements, on peut citer : le mode
d?allaitement, la durée de l?allaitement au sein, l?kge de l?enfant au
sevrage et à l?introduction des aliments de complément, les
pratiques des soins préventifs et curatifs, l?~ge de la mqre à
l?accouchement et l?intervalle inter génésique.
II-1-4-a- Le mode et la durée de
l'allaitement
Les habitudes alimentaires constituent l?un des facteurs
déterminants de l?état nutritionnel des enfants, qui affecte,
à son tour, la morbidité et la mortalité des enfants
(Diallo, 1999). Le lait maternel est le premier élément
d?alimentation et constitue à bien des égards un aliment
irremplaçable pour le nouveau né. Toutefois, dans bien des
ethnies, l?enfant est nourri au lait de vache pendant les trois premiers jours
de vie. En effet, le ?premier lait?? (colostrum) est
considéré comme sale, impur (sans doute à cause de sa
couleur jaunâtre). On attend donc la montée de lait du
troisième jour pour mettre l?enfant au sein. L?enfant est ensuite nourri
au sein jusqu?à environ 22-23 mois (Diallo, 1999). Les mères
donnent parfois du lait de vache ou de chgvre en complément lorsqu?elles
n?ont pas assez de lait. Le lait maternel a des propriétés
particulières puisqu?il est stérile et parce qu?il transmet les
anticorps de la mqre et tous les
éléments nutritifs nécessaires à
l?enfant pendant les premiers mois d?existence (Diallo, 1999). Il permet
également d?éviter les déficiences nutritionnelles et de
limiter la prévalence de la diarrhée et d?autres maladies. Par
ailleurs, l?allaitement maternel, par son intensité et par sa
fréquence, influe sur l?état de santé des enfants. En
effet, l?allaitement prolonge l?infécondité post-partum, qui
à son tour affecte l?intervalle inter-génésique qui influe
à son tour sur l?état nutritionnel des enfants via le niveau de
fécondité.
Le lait maternel est le seul aliment réellement
adapté aux besoins du nouveau-né et du nourrisson pendant les
premiers mois de la vie. Il apporte sous une forme appropriée, des
glucides, des protéines, des lipides, des minéraux et la plupart
des vitamines nécessaires au développement du
bébé.
De la naissance jusqu' à l'âge de 6 mois, le lait
maternel suffit largement pour nourrir l'enfant. Le lait maternel ne
nécessite aucune préparation et il est sain.
La composition du lait maternel évolue avec le temps,
en fonction de l'évolution des besoins de l?enfant. A partir de 6 mois,
le lait maternel ne suffit plus à couvrir les besoins de l?enfant.
Contrairement à l?allaitement au sein, l?allaitement au
biberon n?est pas à la portée de toutes les couches sociales. Le
biberon n?est pas recommandé par l?OMS2 (1994) parce que des
conditions d?hygicne inadéquates au cours de son utilisation
font courir à l?enfant un risque de contamination par des
agents pathogènes. De plus, les préparations artificielles pour
bébé (qui nécessitent souvent de l?eau) et les autres
laits n?ont pas la même valeur nutritionnelle que le lait maternel pour
les enfants de moins de 6 mois. Pour ces raisons, l?alimentation au biberon
accroît les risques de maladies infectieuses et de malnutrition chez les
enfants.
L?Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande
que, de la naissance jusqu?à l?lge de 6 mois environ, tous les enfants
soient exclusivement allaités au sein. Cette recommandation est loin
d?être suivie par les femmes guinéennes car les résultats
de l?EDS1999 rév~lent que l?introduction des liquides tels que
l?eau, l?eau sucrée, les jus, ainsi que celle de préparations
artificielles pour bébé et d?aliments solides intervient
tôt. Il en ressort en effet seulement 12% des enfants de moins 6 mois
sont exclusivement allaités au sein et 31% des enfants de moins de 6
mois reçoivent déjà des liquides et aliments solides de
complément
2 Organisation Mondiale de la Santé,
47è Assemblée Mondiale de la Santé (AMS 47.5),
9 mai 1994.
autres que l?eau. Cette pratique a un effet négatif sur
l?état nutritionnel des enfants, cela pour des raisons suivantes :
· les liquides et les aliments solides ont une valeur
nutritionnelle inférieure à celle du lait maternel ;
· la consommation de liquides et d?aliments solides se fait
au détriment de l?allaitement au sein, ce qui réduit la
quantité de lait produit par la mère.
· donner aux enfants des liquides et des aliments
solides peut les exposer davantage aux agents pathogènes et, donc,
augmenter leur risque de contracter des maladies diarrhéiques.
L?augmentation rapide de la prévalence de la
diarrhée durant l?enfance refl~te l?augmentation du risque de
contamination par les agents pathog~nes, associés à
l?introduction prématurée d?eau, d?autres liquides et aliments
solides dans l?alimentation des enfants (Chérif, 1980). De plus,
à partir d?un certain ~ge où les enfants commencent à se
déplacer seuls, ils ont tendance à porter à leur bouche
tout ce qu?ils trouvent, aggravant ainsi le risque de contamination (Barry,
1981).
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