II-1-3 : Les facteurs culturels
Il existe un grand nombre de croyances et coutumes qui
exacerbent les carences nutritionnelles des enfants liées à une
insécurité alimentaire chronique et/ou saisonnière (Baker
& al, 1996). Pendant l?allaitement par exemple un enfant connaît des
demandes nutritionnelles plus grandes mais un grand nombre d?enfants ne les
compensent pas en mangeant davantage, en mangeant des aliments d?une meilleure
qualité nutritionnelle. Le fait de ne pas améliorer le
régime alimentaire pourrait être dû à un manque de
connaissances sur la vulnérabilité nutritionnelle et les besoins
nutritionnels accrus par les mères (Baker & al, 1996). Ces
préoccupations ainsi que les tabous alimentaires souvent pendant
l?allaitement privent les enfants de nutriments et d?aliments
nécessaires, du reste favorables à leur croissance.
II-1-3-a : La religion
La religion a une influence sur les comportements des
individus en matière de d?alimentation. Toutefois, il est difficile, en
Afrique noire, de dissocier le christianisme de la colonisation et du mode de
vie occidental. La plupart des missionnaires chrétiens venus
évangéliser les africains avaient, entre autres objectifs, celui
de remplacer les cultures locales par la culture occidentale, convaincus
que tout ce qu?ils pouvaient apprendre aupr~s des
africains était mauvais voire démoniaque (Akoto,
1990 ; Ntsame, 1999). Pour ce faire, et dans le cadre des pratiques
d?alimentation des enfants, ces missionnaires ont, durant la période
coloniale, crée, par le canal des foyers sociaux, des écoles
ménagères oil les élèves apprenaient les pratiques
occidentales en mati~re d?alimentation.
On distingue trois grands groupes de religion en
Guinée: l?Islam, le Christianisme et la religion traditionnelle. Dans ce
pays, l?Islam est pratiqué simultanément avec les valeurs
culturelles tr~s proches des us et coutumes ancestrales. Cette religion n?a
donc pas affecté les habitudes alimentaires des musulmans depuis les
temps anciens jusqu?à nos jours, et les tabous alimentaires sont encore
vivaces chez ses pratiquants. Ce-ci a un impact négatif sur
l?état nutritionnel des enfants et sur celui des filles en particulier;
car il s?est avéré que dans certains pays musulmans tels que le
Bangladesh, l?Egypte, la Turquie, la Tunisie, la Syrie, les individus ont une
préférence pour le sexe masculin pour des raisons culturelles qui
existent dans la plupart des pays musulmans (Gbenyon & Locoh, 1989).
Considéré comme dépositaire et héritier de la
famille, le garçon s?y voit ainsi investi de pouvoirs et valeurs
conséquents que lui confèrent la famille et la
société. Il en est donc le membre par excellence à
perpétuer les us, les coutumes et les valeurs traditionnelles
ancestrales.
Le christianisme prône l?adoption de nouveaux
comportements vis-à-vis de l?enfant, la perception de celui-ci, les
pratiques alimentaires à lui soumettre et l?attitude face au syst~me de
soins de santé infantile, tout cela selon le mode de vie occidental.
Quant à la religion traditionnelle, elle véhicule les valeurs
traditionnelles ancestrales (Ngo Nsoa, 2001).
Les chrétiennes ont ainsi tendance à pratiquer
une bonne alimentation des enfants, ce qui a des effets positifs sur
la scolarisation de ces derniers. Des études on montré
l?impact positif de la religion chrétienne des mqres sur l?état
nutritionnel de leurs enfants (Akoto, 1990 ; Ntsame, 1999). En Guinée,
l?état nutritionnel des enfants des chrétiens est meilleur que
les enfants issus des parents musulmans (EDS-Guinée, 1999). Cet avantage
des chrétiens sur les musulmans, proviendrait de leur niveau
d?instruction élevé (Noumbissi, 1996). L?instruction permet aux
femmes de s?adapter au monde moderne, de rompre avec certaines pratiques
traditionnelles néfastes à la nutrition des enfants, et
d?être sensibilisées au probl~me d?hygi~ne alimentaire (Akoto,
1993). Par ailleurs, gr~ce à l?instruction, les chrétiennes,
auraient plus tendance à ne pas faire de discrimination entre les
enfants considérés comme des dons de Dieu. Elles accorderaient
les mêmes soins aux enfants des deux sexes contrairement aux femmes
musulmanes qui ont tendance à favoriser les garçons par rapport
aux filles (Akoto, 1993).
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