4 - LA PUDEUR DANS LE MONDE.
La notion de pudeur de chacun peut renvoyer à la religion
et au culturel.
La pudeur n'est pas toujours liée à la religion.
Il faut prendre en compte les phénomènes socio-culturels. Prenons
l'exemple des grecques dont la pudeur correspond à une modestie de
comportement, de retenue verbale.13
Le fait de porter un jugement sur les différentes
valeurs culturelles des patients relève de l'intolérance, du
non-respect de ce qu'ils sont. Je dois pouvoir prendre du recul, mettre mes
propres valeurs de côté afin de faire de mon soin une relation de
confiance, non conflictuelle, tout en restant authentique, moi-même.
L'empathie, c'est à dire les comprendre sans fusionner, me le
permettra.
Le soignant doit faire preuve
d'altérité14 dans les soins,
de connaissance en sociologie, en anthropologie (que nous verrons dans le
prochain chapitre) afin de ne pas choquer, ne pas heurter les valeurs du
patient. Il doit être conscient que sa vérité, ses valeurs
ne sont pas forcément mieux que d'autres.
4-1 Comment tenir compte de la singularité du
patient en vue de respecter sa pudeur.
Pour une prise en charge soucieuse de Mme G, nous devons
prendre en compte sa singularité. Pour ce faire, il est
important d'être conscient que selon ses croyances, son vécu, le
patient ressent les choses différemment. Les sciences humaines sont les
sciences qui ont pour objet de donner ce savoir sur l'homme et la
société. Elles sont instituées dans les IFSI, cependant
chacun doit approfondir ses connaissances en sciences humaines.
En effet, elles répondent aux questions relatives aux
différences culturelles spécifiques à chacune.
Aussi, la pudeur est ressentie, interprétée
différemment dans chaque civilisation. Pourtant,
« Il est important que le soignant sache
qu'aucune population ne tolère la nudité totale
et que les codes du regard diffèrent beaucoup selon les
société . »15
13 Le nouvel observateur, HS, « la mythologie
grecque », 1999, 98 pages.
14 Définition du Petit Larousse 2000,
caractère de ce qui est autre.
15 Le Nouvel Observateur, HS n°39, 1999, DUERR
(H-P), « des vêtements invisibles », 98 pages.
En Afrique, le regard direct d'un non-familier est vécu
chez la plupart comme une agression. Il faut l'éviter afin de
prévenir les émotions qui conduiraient à un conflit
(témoignage personnel).
4-2 La pudeur catholique :
Pour respecter la pudeur de Mme G, nous devons avoir à
l'esprit qu'elle est française, de religion catholique et que les codes
de la pudeur son bien définis par cette religion. Cette dernière
sublime la pudeur :
« La pudeur est l'honneur des corps, l'ornement, la
sainteté des sexes...»16
et condamne l'impudeur :
« Par ailleurs, le croyant doit rejeter l'impudeur...
détester l'impureté qui plonge dans la dégradation et qui
s'attaque au corps et à l'âme... elle est nuisible, porte un coup
mortel à la vertu, elle pervertie les consciences honnêtes...
c'est un fléau de l'avenir, une corruption, débauches
monstrueuses. » 17
Pour Adam et Eve, dans la Genèse,
« Ils découvrent le rapport entre la
nudité et la ruse...leur première réaction est de se
couvrir dès qu'ils se voient nus. »18
En Angleterre ou en Allemagne où le catholicisme est de
rigueur, le même mot signifie à la fois pudeur et honte.
D'ailleurs, Freud qui était allemand n'a pas non plus fait la
différence.
De part sa religion, Mme G pourrait être affectée
du nom respect de sa pudeur et ressentir de la honte à se
dénuder. Elle aurait pu manifester de la gêne et se couvrir si sa
pudeur avait été affectée. Elle n'a pas eu le temps de
l'être, elle a été préservée. Il me
paraît donc important, en tant que soignant, d'avoir des connaissances en
culture religieuse afin de ne pas offusquer un patient d'une autre culture.
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