· Conséquences du renforcement de la
commission
Les conséquences du rééquilibrage des
pouvoirs au profit de la commission peuvent être de trois ordres :
d'abord, un tel rééquilibrage cristalliserait le passage de
l'inter étatisme au supra étatisme ; ensuite, il permettrait
la gestion commune des souverainetés et enfin, il aura le mérite
de rendre plus efficace les actions collectives des Etats
- Le passage de l'inter étatisme au supra
étatisme
Rappelons d'abord que la conférence et le conseil
exécutif sont des organes représentatifs des Etats-membres alors
que la commission est composée des agents internationaux
désignés par l'organisation sans être représentatifs
des Etats dont ils sont ressortissants.
En renforçant la commission, on renforcera un organe
supra étatique au détriment des organes inter étatiques.
Ceci débouchera à une consolidation de l'unité des
Etats-membres.
- La gestion commune des
souverainetés
Loin de consister en une confiscation des
souverainetés, le renforcement de la commission sera le reflet d'une
adhésion des Etats africains à la gestion commune d'une partie de
leurs souverainetés.
Donc, ce qui est perçu par certains comme une
confiscation de la souveraineté n'en serait pas une. La confiscation a
pour conséquence une cession qui dépouille le propriétaire
de départ de sa propriété. Pourtant ici, en acceptant
d'agir collectivement dans des domaines précis tels que la
défense et la santé par exemple, les Etats africains ne
cèdent pas leurs souverainetés à une entité qui
leur serait distincte strictu sensu. L'union Africaine n'est rien d'autre
qu'une collectivité des Etats africains. En réalité, la
souveraineté confisquée ne serait qu'un mythe car il s'agit d'un
assemblage plutôt que d'une confiscation.
- Efficacité des actions
communautaires
Les organes inter étatiques ont du mal à mener
efficacement des actions, collectives puisqu'ils sont écartelés
entre les volontés des Etats souverains et les objectifs de
l'organisation.
C'est ainsi par exemple que l'Union Africaine ne peut prendre
aucune mesure objective à l'heure actuelle à l'encontre des
Etats-membres sans se heurter à des réticences de certains
d'entre eux. Si elle n'a pas pris des mesures à l'encontre du
régime de Mugabe qui, après le premier tour des élections
présidentielles de 2008, en violation des principes
élémentaires de démocratie, se lançait dans une
campagne de répression contre les membres de l'opposition,
c'était en partie en raison des divergences de points de vue entre les
Chefs d'Etats africains autour de la question.
En effet, si feu Mwanawasa de la Zambie et Wade du
Sénégal s'insurgeaient contre Mugabe, Bongo le Gabonais et le
Sud Africain Mbeki ne l'avaient pas encore lâché du tout. La
conséquence : malgré le droit de l'Union d'intervenir dans
un Etat-membre sur décision de la conférence dans certaines
circonstances graves à savoir : les crimes contre l'humanité
(article 4.h), l'Union n'a pas pu tenter de mettre en oeuvre ce droit de peur
qu'elle ne se heurte aux vetos de facto de certains Etats-membres tel
que l'Afrique du Sud dont l'influence n'est pas négligeable dans la
région.
Le 5 mai 2008, Jean Ping, le Président de la
Commission ne s'est prononcé qu'en faveur de l'organisation du second
tour des élections sans condamner le régime de Mugabe ni se
prononcer sur des mesures à adopter ultérieurement afin de
renforcer la crédibilité desdites élections.
Si la commission, organe supra étatique disposait des
prérogatives plus vastes, l'intervention de l'Union dans la crise
zimbabwéenne ne serait-elle pas plus efficace et exemplaire ?
La réalité a été telle qu'elle
s'est contentée d'assister passivement aux enlèvements, aux
tortures et aux procès irréguliers dont firent l'objet les
partisans de Morgan Tsvangiray jusqu'à ce que ce dernier décide
enfin de jeter l'éponge et de renoncer au second tour du 27 juin
2008.
Ce désistement a conduit à l'élection de
Mugabe et un peu plus tard à un partage de pouvoir d'après les
critères d'une ``jurisprudence'' à la Kenyane d'après
laquelle, face à un président sortant, un candidat de
l'opposition ne peut espérer au plus qu'à la primature.
Le dosage du volontarisme au sein de l'Union et le
renforcement de la commission consistant à lui octroyer certains
pouvoirs d'initiative et la direction des programmes dans certains domaines
clés rendra plus efficaces les actions communautaires en les
affranchissant légèrement de l'emprise totale des Etats membres.
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