B. LA SOUVERAINETE PARTAGEE FACE AUX
SOUVERAINISTES CONSERVATEURS
La souveraineté partagée, un des principes de la
multination, implique une espèce de dépossession de l'Etat post
colonial d'une portion de sa souveraineté au profit de l'Etat
multinational. Tout l'enjeu de la construction de l'Etat multinational semble
résider dans ce passage de l'inter étatisme au supra
étatisme ; lequel passage aura comme conséquence logique
l'empiètement par la multination d'un terrain réservé
traditionnellement à l'Etat post colonial.
Aussi, le premier obstacle auquel risquent de se heurter les
africains s'ils optent pour la mise en place d'un Etat multinational serait la
persistance des Etats souverains à ne pas adhérer à toute
forme de concession allant dans le sens de les dépouiller d'une partie
de leur souveraineté.
En effet, l'Etat africain post colonial n'a qu'une
souveraineté juridique. Il a du mal à se débarrasser de
cette dernière qui reste le seul refuge de son impuissance en relations
internationales. Il se contente de brandir sans gène cette pseudo
souveraineté qui camoufle assez mal sa fragilité au lieu de
s'hasarder dans toute forme de partage de souveraineté qu'il
conçoit mal.
Aussi, certains chefs d'Etats africains vont-ils
jusqu'à reprocher aujourd'hui à la Jamahirya libyenne de vouloir
dominer l'Afrique simplement puisque le projet Etats - Unis d'Afrique tient
à coeur le Guide Mouammar Kadhafi. Dans un tel contexte de
méfiance, comment réussir à mettre en place une double
représentativité ou un pluralisme juridique ?
Que faire pour pallier à cet obstacle qui, même
s'il n'affecte pas la pertinence et l'adéquation de l'Etat-multinational
en Afrique, rend tout de même sa construction délicate
aujourd'hui ?
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