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Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire

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par Trazié Gabriel LOROUX BI
Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006
  

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LES OBSTACLES EXTERIEURS AUX ACTEURS

DU CONFLIT

Les contraintes qui ont émaillé le cours normal de la pratique humanitaire en Côte d'Ivoire depuis le déclenchement de la crise en 2002, ne tirent pas seulement leurs sources ni dans les limites de l'engagement du droit ivoirien à l'égard du DIH, ni seulement dans les actes des acteurs du conflit mais aussi dans des facteurs qui leur sont extérieurs. C'est le cas notamment des dysfonctionnements internes des organismes humanitaires (chapitre 1), mais aussi de l'influence des politiques et des médias sur la crise humanitaire (chapitre 2)

Chapitre premier: Les limites spécifiques aux organismes et agences

humanitaires

Comme toutes les organisations et structures oeuvrant dans divers domaines, les organisations humanitaires connaissent aussi des difficultés liées à leur fonctionnement interne qui du reste entachent souvent la faisabilité ou même la qualité de leurs activités (section 1). Aussi, à l'image de leurs concepteurs et de leurs animateurs, les ONG et structures humanitaires souffrent la plupart du temps de la nature de leurs rapports mutuels (section 2).

Section 1 : Le dysfonctionnement interne des organismes humanitaires

Le dysfonctionnement dont il est question ici, est relatif au non respect des principes qui guident leurs actions, c'est à dire les principes du DIH (paragraphe1).Ce dysfonctionnement trouve aussi fondement dans l'insuffisance des moyens d'action dont ils disposent (paragraphe 2)

Paragraphe 1 : Le non respect des principes du DIH par les

organismes humanitaires

Le DIH comme toutes les sciences humaines, est guidée par des principes qui balisent sa bonne application. Pour certains de ces principes comme la neutralité (A), l'indépendance, l'impartialité, le non respect est synonyme d'entraves à la pratique humanitaire (B).

A : La rupture du principe de neutralité et

d'indépendance

Les organismes ou ONG humanitaires ne tirent pas leur justification des textes relatifs aux Droits de l'Homme, mais de la nécessité d'avoir, en situation de crise, des intermédiaires neutres et suffisamment indépendants, qui puissent trouver des solutions pratiques aux problèmes humanitaires. C'est en cela que s'impose le respect scrupuleux de ces principes. Les principes de neutralité et d'indépendance sont donnés respectivement comme des principes qui guident l'action humanitaire, interdisent aux organismes humanitaires de prendre part aux hostilités, et en tout temps aux controverses d'ordre politique, racial, religieux ou idéologique. Cette neutralité implique que l'assistance militaire ne soit pas considérée comme une ingérence dans un conflit. Il en est de même pour le volet idéologique selon lequel l'humanitaire doit veiller à ne pas suivre la doctrine d'un Etat particulier et à ne pas entrer dans la sphère du politique. Il en est de même de l'indépendance qui permet de garantir que l'action humanitaire reste libre d'influences politiques, économiques, confessionnelles, militaires et idéologiques. Les humanitaires sont parfois les auxiliaires des pouvoirs publics dans des activités d'assistance en temps de paix ou en faveur de victimes de catastrophes naturelles et des conflits armés, ce qui exige d'eux de veiller à garder toute l'autonomie nécessaire157(*).

Cependant toutes ces belles théories ne valent que théoriquement. Si les opérations de maintien de la paix sont considérées dans une approche large comme des opérations humanitaires, il n'en demeure pas moins que le respect de ces principes reste le gage de la réussite de leurs différentes opérations. Considérés comme tels, les soldats de la Force Licorne sous mandat des Nations unies en Côte d'Ivoire se sont illustrés de manière à rompre ces principes. Différents actes de leur part ont contribué à saper leurs images. En 2003 et 2004, des éléments « incontrôlés » de cette force française se sont rendus coupables de pillage de deux succursales de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) (Bouaké et Man) en dérobant successivement des sommes équivalent à 57 000 euros et 337.000 euros environ 220 millions de francs CFA. Cet acte de vandalisme a eu pour conséquence de raviver les tensions déjà visible du fait de leur « prétendue » participation au conflit ivoirien. Les populations à travers des manifestations sauvages, aussi à travers certains journaux ont remis en question leur présence en Côte d'Ivoire. De tels actes de la part des soldats de maintien de paix nous invitent à nous interroger sur le bien fondé de ces opérations et aussi sur les conséquences directes qui s'analysent en une paralysie de l'action humanitaire. Cela appelle à réviser ces opérations ou leur donner peut être un autre contenu pour ce qui est des Etats sous développés comme la Côte d'Ivoire.

Au-delà de l'opération de maintien de la paix, La capacité des associations humanitaires à faire des choix indépendants des contraintes politiques (intervenir ou non, se retirer d'une zone, être libre de s'exprimer...) dépend souvent de leur indépendance et de leur santé financière vis à vis des bailleurs institutionnels (Etats, organisation internationales...), mais aussi parfois vis à vis des donateurs privés. En fonction de ce constat, les associations font des choix de politique financière. Comme certaines ONG, Médecin Sans Frontière (MSF) est l'une des ONG d'urgence qui ait fait le choix de financements totalement privés afin d'être totalement indépendante du pouvoir politique158(*). Cela ne lui a été d'aucune utilité dans la mesure ou ses démêlés avec certains démembrements administratifs lui ont valu des expulsions, c'est le cas notamment à Man159(*).

L'instrumentalisation politique de l'humanitaire reste un des véritables dilemmes aujourd'hui sur les terrains humanitaires. Les associations humanitaires connaissent ce risque et acceptent de le prendre, considérant le plus souvent qu'il vaut bien les vies sauvées par l'intervention que d'observer strictement ces principes. Ce choix difficile entre sauver la victime et accepter un léger compromis politique ou rester ferme sur son indépendance et prendre le risque de ne pouvoir atteindre la victime, donne l'impression que la neutralité et l'indépendance comme piliers de l'action humanitaire tendent à disparaître. Ce qui met en doute leur impartialité.

* 157 Au cours de l'entretien que nous a accordé Monsieur Filipe TOME (Directeur du sous bureau CICR de Guiglo) le 10 septembre 2007, il a insisté sur une image qui selon lui est capitale pour toute structure qui se veut humanitaire. « Au CICR nous préparons les tables de négociations sans réserver de siège pour nous même », c'est dire tout simplement tout humanitaire doit se garder de prendre une position politique au risque de compromettre son action humanitaire

* 158 Voir le système de son financement de l'ONG sur son site www.paris.msf.org .

* 159 MSF, pendant la crise, a permis de remettre sur les rails certains hôpitaux des zones rebelles. C'est dans ce cadre qu'elle était à l'hôpital général de Man, mais le fait de prendre des position politiques contre le conseil général, lui valu une expulsion de la ville. Mais on comprend aisément sa position quand on se réfère aux circonstances qui présidé à sa création, qui constituent un acte de contestation contre le respect de neutralité par le CICR pendant la guerre de Biafra.

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