Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Trazié Gabriel LOROUX BI Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006 |
B : L'aide comme moyen de prédation économiqueAu plus fort de la crise, le gouvernement ivoirien pour répondre à la situation d'urgence née de la guerre, a mis en place, sur l'initiative du Ministre de la Solidarité, de Sécurité Sociale et des Handicapés, la Cellule Solidarité et Action Humanitaire. Cette Cellule avait surtout pour objectif d'apporter un appui physique, moral et psychologique aux victimes afin de les aider à sortir de la situation de choc. Cela passe par la détermination des priorités et l'acheminement de l'aide que la cellule s'est chargée de collecter auprès de la population surtout auprès des bonnes volontés. Mais à coté de cela, des âmes sensibles, pour aider victimes147(*) dans la détresse, ont convoyé148(*) des vivres presque partout dans les zones sous occupation rebelle. C'est dans ce cadre que le moyen Cavally a reçu son lot de vivres qui a été entreposé à la Mairie du chef lieu de Région (Guiglo). Mais au vue sue de tout le monde, ces vivres se sont retrouvés sur le marché de Guiglo sans que personne ne s'émeuve devant une telle situation inhumaine. Cette attitude amorale n'est pas seulement le fait des certaines autorités politiques véreuses, mais aussi des populations appelant assistance. Toutes les structures et ONG dans le moyen Cavally en souffrent véritablement. En effet, la Coopération allemande (GTZ) selon l'information qu'elle nous a donné, pour l'exécution du programme de réinsertion des ex combattants dans le Moyen Cavally a mis en place des projets (porcherie, boutique etc..) leur permettant de revenir à la vie civile. Les fonds de démarrage à leur allouer pour le lancement des activités a frôlé le bradage, n'eut été l'intervention énergique de la structure qui parfois s'est faite aidée pour la circonstance des forces de l'ordre pour les en dissuader. Pour le directeur du sous bureau de Guiglo, monsieur Zabavi, dans l'entretien qu'il nous a accordé149(*), ces personnes préfèrent plutôt brader tous ces biens qu'on leur donne pour avoir un peu de sou que de les conserver. On peut aisément affirmer que les évènements de janvier 2006 à Guiglo qui se sont soldés par le pillage de toutes les structures humanitaires résidant dans la ville, répondaient à cette volonté d'enrichissement illicite tant les stocks pillés se sont retrouvés quelque temps après sur tous les marchés de la région150(*). * 147 Youssouf Sylla « les populations affamées en appellent à l'aide humanitaire » in Fraternité Matin n°11383, p14 * 148 Alakagni Hala « 900km en 6 jours pour atteindre Bouaké, Katiola et Dabakala ; convoi humanitaire organisé par la coordination des cadres des élus du grand centre » in Fraternité Matin n°11400 du 5 novembre 2002 p6 et 7 * 149 Monsieur Zabavi, directeur du sous bureau GTZ CFR (centre de formation et de réinsertion) Guiglo nous a accordé une rencontre le 16 septembre 2007 au cours de la quelle il s'est prêté à nos questions. * 150 Dans les heures qui ont suivi le départ des troupes de l'ONUCI, tous les bâtiments onusiens de Guiglo ont été pillés. Un témoin a raconté à Amnesty International : «Les bâtiments appartenant à OCHA, au PAM ont été pillés, les gens transportaient tout ce qu'ils trouvaient : le riz, l'huile, les militaires se sont servis également. Certains par la suite ont essayé de revendre des climatiseurs. Les gens cherchaient le maximum, certains remplissaient des voitures, d'autres des taxis, des pousse-pousse et des vélos, d'autres portaient les marchandises sur la tête. Sur place, des gens vendaient le matériel, les prix variaient en fonction de la quantité disponible. Ces pillages ont amené le calme et les morts étaient vite oubliés.» Rapport d'Amnesty International sur les
évènements de 2004 et de 2006 à Abidjan, Daloa et Guiglo.
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