Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Trazié Gabriel LOROUX BI Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006 |
Paragraphe 2: La Cellule Solidarité et action humanitaireA la faveur de la crise que traverse la Côte d'Ivoire depuis le 19 septembre 2002, la Cellule Solidarité et Action humanitaire a vu le jour (A) dans un but de faire face aux effets de la crise (B) A : Le cadre de création de la CellulePour répondre à la situation d'urgence née de la guerre, pour mieux gérer les impacts sociaux, le gouvernement ivoirien a mis en place sur l'initiative du Ministère de la Solidarité, de la Sécurité sociale et des Handicapés, la Cellule solidarité et action humanitaire en septembre 200273(*). Cette cellule s'est vue préciser les attributions par arrêté interministériel n°001 du 25 novembre 2002. Elle était donc chargée de coordonner les actions humanitaires et d'apporter une assistance matérielle médicale et psychologique aux victimes de la guerre. L'élan de solidarité nationale et internationale qui s'est manifesté au lendemain de cette crise avec l'appui du gouvernement a permis de mobiliser d'importants dons en nature et en espèce et la prise en charge médicale,scolaire pour faire face aux conséquences désastreuses de la crise en aidant ces populations. Mais avant, il fallait les enregistrer dans les camps de déplacés. Cette opération selon la cellule Solidarité a été la plus difficile dans la mesure où aujourd'hui, elle ne saurait donner le chiffre exact des populations déplacées car les différentes structures locales n'ont pu les enregistrer véritablement74(*). Le souci majeur était de soulager les personnes en détresse. Ce qui a rendu difficile le suivi et le contrôle des activités réalisées. Cela a constitué une des faiblesses de la cellule dans la pratique de l'action humanitaire tant la précipitation était à l'ordre du jour, et qu'elle était partout à la fois. Cela nous amène à nous interroger sur le rôle véritable de cette Cellule.
B : Le rôle confus de la celluleLa Cellule Solidarité et Action Humanitaire après sa création, son organisation, ses attributions et son fonctionnement ont été déterminés par l'arrêté n°001 du 25 novembre 2002. Chargée de coordonner les actions humanitaires et d'apporter une assistance matérielle et psychologique aux victimes, ses missions se regroupent en cinq (5) composantes : la mobilisation des ressources, la logistique, la santé eau et assainissement, la protection et la prise en charge psychologique, l'évaluation et les impacts sociaux. Ces missions exigeaient de la Cellule les objectifs suivants : l'organisation de la collecte des dons, la détermination des priorités et l'acheminement de l'aide sur le terrain et enfin apporter un appui moral et psychologique aux victimes afin de les aider à sortir de la situation de choc. Au terme de ce qui vient d'être exposé, une analyse à triple niveau s'impose à nous. Elle sera axée d'abord sur la notion d'urgence qui a présidé à sa création, ce qui nous permettra ensuite de mieux cerner sa durée de vie et son existence liée à une personnalité et enfin de mieux appréhender son véritable rôle. Au nombre des éléments qui ont soutenu l'initiative du Ministre de la Solidarité, de la Sécurité Sociale et des Handicapés, figure la notion d'urgence. Quel sens le ministre entendait donner à cette notion ? Quelles sont donc les limites de l'urgence en amont mais surtout en aval dans cette crise ivoirienne ? On peut bien comprendre son « effacement » de la scène humanitaire si on estime qu'il n'y a plus d'urgence. Qu'en est-il alors des conséquences de l'urgence qui se poursuivent dans le temps ? Qu'en est-il encore de la situation d'urgence qui est permanente dans le pays et surtout à l'ouest du pays où les foyers de tensions existent encore entre autochtones et allochtones, où la situation sécuritaire est encore alarmante. Cela pourrait expliquer certainement la « décadence » de la cellule. La cellule a quasiment disparu du paysage humanitaire à la faveur d'un remaniement ministériel qui a vu le Ministre de la solidarité et de la sécurité sociale, madame OHOCHI Clotilde, se faire retirer sa charge ministérielle quand bien même elle était animée de concert avec les organisations internationales (OCHA, HCR, PAM, UNICEF, OMS, PNUD, OIM) Croix rouge, OICR, ECHO les ONG et la société civile. On est tenté de se demander si l'existence de la cellule est liée à la qualité d'un individu en tant que ministre de la solidarité, mieux si le fonctionnement de la cellule est lié à l'existence du Ministère de la Solidarité, de la Sécurité sociale et des Handicapés. Cela est plausible dans la mesure où l'existence de la Cellule a été sur son initiative personnelle, d'où une action individuelle. Cette individualisation de l'action humanitaire, a donné une empreinte particulière au rôle qu'a joué cette cellule au point qu'on ne saurait savoir si elle a évolué en tant que structure de coordination interne des affaires humanitaires en Côte d'Ivoire ou structure étatique humanitaire à part entière à l'image des ONG sur le terrain. Il est clair qu'à ce niveau l'Etat de Côte d'Ivoire a failli au point où, de façon sporadique des ONG se sont proclamées et ont tenté de jouer ce rôle. C'est le cas de l'Union des ONG de Côte d'Ivoire (UOCI) dirigée par son président homme d'affaire Tapé Mambo lucien. La création de l'UOCI a été vue comme une action singulière et politique de la part de monsieur Tapé Mambo l'initiateur. C'est ce qui explique peut être son impopularité et son échec sur le terrain. Les autres ONG ont vu en cette action une manière pour la cellule Solidarité de les contrôler puisqu'elle était soupçonnée d'être de connivence.
Deuxième partie * 73 Par décret n° 2006-003 du 25 janvier 2006 portant attribution des membres du gouvernement, par l'arrêté n° 38/MSVG/CAB du 4 juillet 2006 modifiant l'arrêté n°1/MSSSS/CAB du 25 novembre 2002, le ministère de la solidarité et des victimes de guerre a relancé l'action de cette Cellule par extension vers les personnes vulnérables et les populations sinistrées. * 74 Rapport d'étude : « l'exploitation des enfants dans le contexte de la crise militaire et politique en Côte d'Ivoire : situation particulière dans les zones d'accueil des déplacés et des réfugiés » BIT, HCR, IPEC, LUTRENA 2006 p 94-98 |
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