Les contraintes de l'action humanitaire dans les situations de conflits armés: cas de la Côte d'Ivoire( Télécharger le fichier original )par Trazié Gabriel LOROUX BI Université de Cocody- Abidjan - Diplôme d'études supérieures spécialisées en droits de l'homme 2006 |
B : Des enquêtes inachevéesL'aboutissement des enquêtes en Côte d'Ivoire relève de l'extraordinaire tant les enquêtes achevées sont rarissimes. Cette qualité tristement reconnue à l'Etat ivoirien au travers de ses différentes structures d'enquêtes l'enfonce encore d'avantage dans le rang des pays les plus corrompus au monde70(*). Du Charnier de Yopougon à l'affaire des déchets toxiques en passant par le charnier de Bouaké et le charnier de Monoko zohi , l'attaque de l'avion du premier ministre SORO à Bouaké, aucune enquête n'a encore véritablement abouti pour situer les vraies responsabilités. Ces situations d'enquêtes inachevées sont légion en Côte d'Ivoire. Ce n'est pas surprenant dans la mesure ou le système judiciaire, véritable et ultime rempart aux abus et infractions n'est pas crédible. Il va de soi que les structures chargées des enquêtes en collaboration avec lui sont rangées au même banc des accusés. La politisation des enquêtes a abouti à ce que nous connaissons aujourd'hui c'est-à-dire l'impunité parce que les coupables ne sont pas nommément désignés. Toutes les recommandations qui ont été faites son restées lettre morte, mieux certains rapports sont parfois contestés à tort ou à raison, au motif qu'ils ne satisferaient pas aux exigences d'un rapport crédible et objectif (impartialité, véracité des faits et sources de l'analyse des faits). Toutes les voix se sont levées au plan national comme international, mais rien n'a été fait. L'affaire charnier de Yopougon en a été l'exemple type, chaque parti politique en a fait une récupération politique soit pour se faire entendre et se faire adopter, soit faire clouer son adversaire politique au pilori au point qu'aujourd'hui personne ne sait ce qui s'est réellement passé. Les enquêtes internationales n'ont pas véritablement situé les responsabilités au point d'indexer tel soldat ou son supérieur ou même les chefs politiques de la rébellion. On aurait pu prétexter du processus de paix engagé pour lequel le Conseil de sécurité des Nations unies sursoit aux sanctions. Mais l'on ne peut pas tirer argument de ce fait puisque les responsabilités ne sont pas établies. Le coup théâtral a été celui de l'affaire des déchets toxiques qui ont empoisonné impunément les ivoiriens. Chacune des structures crées pour éviter une telle catastrophe, a tiré à boulet rouge sur l'autre tout en tirant bien entendu le drap sur elle. Des enquêtes de part et d'autre ont été diligentées sans véritable succès. Les politiques ont pris le relais pour démettre et réinstaller les mêmes autorités accusées parce que chacun des politiques voulait affirmer son autorité, sa préséance sur l'autre. Finalement l'Etat s'est contenté d'une maigre indemnisation de la part de Trafigura, société affréteur du bateau. Toutes ces manigances confortent les autorités dans leur corruption tant l'impunité leur est garantie comme trophée pendant que la population se meurt sans véritable assistance humanitaire, parce que tout simplement les structures chargées de la coordination font défaut. * 70 Selon le rapport 2006 de Transparency International, la Côte d'Ivoire serait le neuvième pays le plus corrompu au monde ex aequo avec 5 autres pays d'Asie et d'Afrique, et le sixième pays le plus corrompu en Afrique derrière la Guinée, le Soudan, la RDC, le Tchad et la Guinée Equatoriale |
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