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La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

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par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

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2. Les stratégies de croissance : Quelles sont les variables explicatives de la croissance ?

Il existe une importante littérature sur les déterminants de la croissance économique. Sur le plan théorique, l'étude des canaux de transmission par lesquels certains facteurs affectent la croissance a permis de mieux comprendre les postulats de base proposés par les modèles néoclassiques. Une attention particulière a été accordée à des questions comme les économies d'échelle, le progrès technologique, l'importance des échanges, le rôle des institutions et les inégalités. Sur le plan empirique, des auteurs comme Salai-Martin ont tenté de mesurer le rôle des facteurs de croissance en comparant les stratégies et les performances d'un échantillon de pays.

Dans son article « I just ran four million regressions » (Sala-i-Martin [1997]), l'auteur a recensé dans la littérature près d'une soixantaine de variables supposées avoir un impact significatif sur la croissance économique. Est-ce pour autant que toute stratégie de croissance doit porter sur chacun de ces critères ? Il est évident qu'il n'existe pas de démarche unique et universelle permettant de définir une stratégie optimale de croissance et de définir les seuils à partir desquels chaque facteur est considéré comme trop élevé, trop faible, ou idéal pour le processus de développement économique.

Une étude menée en 1997 par Benhabib et Spiegel a permis de mettre en avant le lien existant entre les caractéristiques d'une économie et son niveau de croissance. Les auteurs considèrent que les taux d'accumulation des facteurs sont suffisants pour évaluer la dynamique de croissance. Toutes les autres variables telles que l'instabilité politique, la répartition du revenu et le développement des marchés financiers sont considérées comme auxiliaires. Leur impact passe par l'investissement en capital physique et humain mais n'est pas très significatif. C'est pourquoi l'identification des facteurs contraignant chaque étape du processus de développement reste un défi majeur à relever dans l'analyse de la croissance.

a. Repenser le Consensus de Washington

L'historique de la croissance mondiale révèle des transformations significatives en termes d'amélioration du niveau de vie des économies émergentes. Notre intérêt pour la croissance part de l'hypothèse implicite que la compréhension de ses mécanismes doit permettre un sursaut comparable dans les PVD.

La pensée économique relative au développement a connu un changement de tendance à la fin de la décennie 70 avec la remise en question des théories néoclassiques. Les crises qui se sont succédé durant les années 80 ont plongé les PVD dans des programmes d'ajustement structurel menés sous l'égide des grandes institutions financières internationales.

En parallèle, l'éclatement du bloc soviétique a instauré un sentiment de réticence vis-à-vis des politiques de planification centralisée, favorisant ainsi l'approche entérinée par les Etats-Unis avec le Consensus de Washington. Ce principe utilisé pour la première fois par Williamson dans son article << What Washington means by policy reform? », met en avant dix principes élémentaires : discipline budgétaire, réorientation de la dépense publique, réforme fiscale, libéralisation financière, compétitivité du taux de change, libéralisation des échanges, attraction des IDE, privatisation, réduction des barrières aux échanges et protection des droits de propriété (Williamson, [1990]).

Cette première génération de réformes entre dans le cadre des programmes d'ajustement structurel sur lesquels l'auteur porte un regard critique, notamment à l'issue de son article << What should the World Bank think about the Washington Consensus? » (Williamson [2000]). Il s'agit d'une stratégie fondée sur trois piliers : la privatisation des moyens de production au sens large, l'ouverture du pays à la concurrence internationale et la libéralisation du secteur financier. L'auteur ne remet pas en cause les fondements théoriques de cette stratégie, mais la façon dont elle a été appliquée.

En effet, l'économie de marché peut sous certaines conditions mener au développement économique et social des pays à faible croissance. La logique du libre-échange suppose que la liberté est l'acteur principal dans la sphère économique mais elle doit savoir laisser place à l'intervention de l'Etat pour pallier les défaillances structurelles. Le principe d'une justice indépendante et efficace est indispensable si l'on veut lutter contre la corruption, véritable déviance d'un marché livré à lui-même. Il s'agit aussi d'instaurer un contrôle afin de tempérer la libre concurrence et de veiller à la mise en place d'un filet de protection sociale pour modérer les méfaits du chômage. L'idée est de réformer l'architecture financière et commerciale en plaçant les problèmes de pauvreté et de développement au coeur des préoccupations internationales. C'est ce que l'on qualifie de << mondialisation à visage humain » (Stiglitz [2002]).

A présent, l'enjeu est d'assurer la transition d'un Consensus de Washington vers un << post » Consensus de Washington. Dans son article << Goodbye Washington Consensus, hello Washington confusion », Rodrik souligne que les pays qui ont accepté et adopté les directives du Consensus, notamment en Amérique Latine, n'ont pas atteint les progrès escomptés. L'écart de croissance entre ces pays et ceux des autres régions émergentes s'est creusé. Leurs performances après l'application de ces mesures ont été moins satisfaisantes que dans les années 80 et 90. En revanche, ceux qui ont mis en oeuvre d'autres politiques, en l'occurrence des recommandations fondées sur leur propre situation intérieure, ont enregistré de meilleures performances économiques.

Pour illustrer ses propos, Rodrik cite l'expérience de la Chine, de l'Inde et du Vietnam, dont les taux de croissance se sont accrus durablement et de manière significative. Il est à noter que ces pays ont opté pour des réformes de leurs politiques commerciales très différentes de celles conseillées par les institutions financières internationales (libéralisation). Ils se sont néanmoins très rapidement intégrés dans l'économie mondiale en dépit de la fragilité de leur situation économique. Dans le cas du Vietnam par exemple, il s'agissait d'un embargo, ce qui était loin des standards de la libéralisation économique (Rodrik [2006], pp. 2-3).

Ces exemples n'ont pas manqué de susciter la controverse sur le bien-fondé du Consensus de Washington et ont éveillé un scepticisme envers toutes les recommandations économiques qui ne tiennent pas compte des circonstances propres à chaque pays. Il est essentiel de définir des arrangements institutionnels en matière fiscale, bancaire ou commerciale, en vue de concevoir une stratégie de développement efficace. Chaque gouvernement doit alors établir un diagnostic pour identifier les contraintes qui freinent la croissance, choisir les secteurs prioritaires d'intervention et enfin, définir les directives permettant d'alléger ces contraintes.

L'analyse empirique contribue fortement à l'élaboration de politiques de développement adaptées aux besoins de chaque pays. Il n'est donc pas pertinent d'inciter les PVD à appliquer uniformément des stratégies de croissance arbitrairement considérées comme de « bonnes pratiques ». Il faut instaurer une liberté politique afin de donner une marge de manoeuvre décisionnelle aux gouvernements et de leur laisser la latitude de définir les stratégies les mieux adaptées à leurs profils respectifs.

Tout semble indiquer que la stratégie de croissance doit tenir compte des différences entre les modes opérationnels des pays dont les efforts se sont soldés par un succès et ceux dont les réformes ont échoué. L'adjonction de recommandations comme la gouvernance d'entreprise, la corruption, la flexibilité du marché du travail et l'indépendance des banques centrales dans le contrôle de l'inflation a conduit à une sorte de Consensus de Washington « augmenté » (Rodrik [2004]).

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon