2. Un système de représentation du
contexte économique actuel
Alors qu'à ses débuts, le processus de
Barcelone avait pour principal objectif de faire converger les PM vers une zone
de libre-échange, sur la base de critères
élémentaires de transition économique (passage d'une
structure centralisée à l'ouverture de marché), il semble
à présent tenir compte des nouveaux enjeux géopolitiques
et des changements du contexte économique. Le rôle des
institutions, le soutien social, la réglementation ou encore les
orientations politiques sont autant d'éléments à
intégrer. L'idée serait finalement d'élaborer une mesure
simple quant à l'efficience des facteurs susceptibles d'exercer une
influence sur le niveau de développement des économies, et dont
les causes ainsi que les conséquences pourraient être
analysées dans un cadre commun.
Dans ce sens, les préoccupations croissantes
des agents économiques et des organismes internationaux à
l'égard des phénomènes d'instabilité ont
suscité le recours à des sources d'informations capables de
prévenir les risques. Ceci a notamment donné lieu à une
série d'études cherchant non seulement à théoriser
le concept de risque-pays mais aussi à s'en prémunir. Dans ce
domaine, de nombreuses structures spécialisées comme les agences
de rating ont été à l'origine de systèmes de
notation mondialement utilisés pour informer les agents, les entreprises
et les gouvernements de la qualité de l'environnement dans lequel ils
évoluent. Cependant, il s'est avéré que les
méthodes de calcul de ces agences étaient opaques (black
boxes), et qu'il n'était pas évident qu'elles suivent un
modèle d'évaluation précis et défini en toute
transparence.
Par ailleurs, nos analyses ont clairement
montré que les pays n'étaient pas tous égaux
vis-à-vis des ratings. Les niveaux de risque de l'UE et des Etats-Unis,
par exemple, ont été très faibles depuis des
décennies, ce qui a permis d'entretenir une certaine stabilité et
de maintenir leurs notes au plus haut niveau (AAA). L'inverse a
été observé dans les pays en développement et
émergents, où les ratings des agences ont souvent
été à l'origine de phénomènes de
spéculation conduisant à des crises économiques (cercle
vicieux). Lorsqu'il s'agit d'enjeux de taille impliquant des investissements de
grande envergure dans le cadre de programmes d'aide au développement, de
transition ou de réforme, la priorité doit être
accordée à l'acquisition d'une expertise macroéconomique
dans une perspective de croissance durable.
Prenant appui sur les processus de benchmarking
appliqués au niveau microéconomique (dimension <<
entreprises »), nous avons extrapolé un outil d'évaluation
utilisable à l'échelle macroéconomique (dimension <<
pays »). Au final, l'idée a été d'identifier les
exemples de bonnes pratiques en termes de politique économique
exercées dans d'autres pays (profils de référence), en vue
de détecter les défaillances structurelles sur la base d'une
démarche comparative avec les standards internationaux. Il s'agit d'un
apprentissage interactif, où se mêlent sphères publique et
privée, au service de programmes de réforme destinés
à réaliser conjointement un projet économique, social ou
politique en faveur d'un cadre attractif.
Concrètement, l'outil que nous avons mis en
place est un premier essai en termes de modélisation alliant rating et
benchmarking. Il permet d'aller au-delà du simple classement et
intègre une dimension supplémentaire, à savoir
l'apprentissage. Il consiste en la comparaison régulière des
performances d'un échantillon de pays avec les meilleures
références dans le sens de l'amélioration et du suivi des
progrès. Sur le plan technique, la conceptualisation de l'instrument de
mesure s'est inspirée de l'analyse multicritère. C'est à
ce niveau que se situent notre apport ainsi que l'originalité de la
démarche. En effet, le domaine de l'aide à la décision,
qui a l'avantage de proposer un éventail varié de méthodes
(Electre I, II, III, IV, Tri), chacune adaptée à un type
particulier de problématique (choix, classement, tri, description), n'a
jusqu'à présent fait l'objet que d'application locales, le plus
souvent à l'échelle microéconomique. Compte tenu des
nombreux points forts de l'analyse multicritère, notamment celui de
pouvoir faire du « sur mesure » en termes d'évaluation, nous
avons développé un outil multidimensionnel d'aide à la
décision, compatible avec le traitement de problématiques de
grande envergure telles que l'évaluation de la situation des
PM.
L'aspect novateur a été d'accorder les
méthodes sélectionnées avec les concepts de benchmarking
et de rating qui correspondent respectivement aux notions de classification et
de classement. Pour ce faire, les algorithmes de surclassement d'Electre III et
Tri se sont avérés très satisfaisants. En effet,
s'agissant de processus d'évaluation interactifs, les ratings tout
autant que les benchmarkings proposés tolèrent l'introduction de
critères croissants ou décroissants, quantitatifs ou qualitatifs.
Un système de pondérations permet d'en accentuer le poids ou d'en
neutraliser l'influence. Une stratification des échelles de mesure a de
même été envisagée grâce à des seuils
de préférence et d'indifférence. Ainsi, le mode de
fonctionnement de chaque méthode a été
décomposé, analysé et testé. Au final, nous avons
obtenu un logiciel transparent, interactif et modifiable à tout moment.
Le coût d'utilisation en termes de temps a été
minimisé puisque l'outil d'évaluation est destiné à
recevoir un nombre considérable de critères et d'actions (pays,
politiques, décisions...). Il est de plus compatible avec le format
standard des bases de données mondiales (tableaux Excel).
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