2. Exploitation des procédures Electre : Algorithmes
de tri et de classement
Le modèle de préférences
d'Electre Tri permet de comparer les éléments de
l'échantillon initial à des standards
prédéterminés bh, en vue de les
affecter à des classes hiérarchisées
Ch. Concrètement, cette procédure commence
par la définition des catégories Ch de
façon ordonnée, telle que h
?{1...l}. Ainsi C1 contient
les actions les plus satisfaisantes (en tête de liste) et
Cl contient les actions les moins satisfaisantes (en fin de
liste). Chaque profil de référence bh
constitue à la fois une borne inférieure de la catégorie
Ch et une borne supérieure de la catégorie
Ch+1. Il y a donc moins de profils que de
catégories puisque b0 et bl
n'existent pas. Parallèlement, le modèle de
préférences d'Electre III permet de classer les actions qui se
trouvent à l'intérieur des catégories
Ch. Les éléments sont directement
comparés entre eux et la notion de profil n'entre pas en ligne de
compte.
C1
C2
Ch
Cl-1
Cl
b1
b2
bh-1
bh
bl-2
bl-1
a. Les affectations pessimiste et optimiste d'Electre
Tri
La logique d'affectation d'Electre Tri permet
d'attribuer chaque élément ai à une
catégorie Ch en utilisant comme
référence les profils bh-1 et
bh. La construction du surclassement s'appuie sur une
séquence de systèmes relationnels de préférences
permettant de comparer, deux à deux, chaque action et chaque profil.
Concrètement, on compare le degré de surclassement
ó(ai , bh)
à un niveau de coupe ë?[0 ; 1]
préalablement fixé : ai S bh ?
ó(ai , bh) =
ë. Le surclassement d'une action ai sur un profil
bh est d'autant plus crédible que
ó(ai , bh)
dépasse ë et est d'autant plus solide que
ë est grand (tend vers 1).
En fonction du degré de tolérance que
l'on veut attribuer au modèle, l'exploitation du surclassement passe par
deux procédures. Le tri est plus strict si la procédure
utilisée est conjonctive, auquel cas l'affectation est pessimiste. En
revanche, le tri est moins strict s'il s'appuie sur une logique disjonctive,
auquel cas l'affectation est optimiste.
Dans l'affectation pessimiste, l'idée est de
tester l'affirmation ai S bh
(h?{1...l}). Le remplissage des
catégories suivant la logique conjonctive commence par le haut. La
comparaison commence par le meilleur profil en descendant vers le moins
satisfaisant. Tant que l'assertion précédente n'est pas
vérifiée, l'opération est itérée pour le
profil en dessous (h+1) et ainsi de suite. Il suffit que ai S
bh soit vérifiée pour que ai soit
affectée à Gh (cf. encadré
41).
Encadré 41 : Zones de préférence
et d'incomparabilité de l'affectation pessimiste
ó (a , b)
|
|
|
|
|
|
a S b
|
|
ë
|
|
|
|
|
|
non(a S b)
|
|
ó (b , a)
|
|
|
|
ó (a , b)
non(b S a)
b S a
ó (b , a)
a>- b
a R b
aI b
ó (a , b )
a S b
ë
non(a S b)
ó (b , a)
En parallèle, l'affectation optimiste consiste
à tester l'affirmation bh >- ai
(h?{l...1}), avec (bh
>- ai) ? (bh S ai) et
non(ai S bh). Le remplissage des catégories suivant
la logique disjonctive commence par le bas. La comparaison commence par le
dernier profil en remontant vers le meilleur. Tant que l'assertion
précédente n'est pas vérifiée, l'opération
est itérée pour le profil au dessus (h-1) et ainsi de
suite, jusqu'à ce que bh >- ai se réalise.
Dans ce cas, le rang h du profil en cours d'examen est retenu et
ai est affectée à Gh. Ainsi, la
comparaison d'une action ai à un profil bh
peut prendre l'une des quatre formes suivantes :
Encadré 42 : Préférence,
indifférence et incomparabilité dans l'affectation optimiste
ó (a , b)
ë
ó (a , b)
ë
|
(ai S bh) et non(bh
S ai) ? (ai > bh)
(bh S ai) et non(ai S bh)
? (bh >- ai) (ai S
bh) et (bh S ai) ? (ai
I bh)
non(ai S bh) et non(bh
S ai) ? (ai R bh)
|
Les zones de preference, d'indifference et
d'incomparabilite sont delimitees par un jeu comparatif entre les degres de
surclassement en faveur de l'action et ceux en faveur du profil tout en tenant
compte du niveau de coupe (cf. encadre 42).
Par ailleurs, chaque procedure doit satisfaire aux six
exigences suivantes (Roy et Bouyssou [1993], p. 355) :
- Chaque action ai doit appartenir à une
seule categorie et ne peut être affectee à aucune autre,
conformement à la condition d'unicite.
- L'affectation d'une action ai à une
categorie Ch est independante, au sens oil elle n'est pas
influencee et n'a d'influence sur l'affectation d'aucune autre action,
conformement à la condition d'independance
- Toute categorie Ch est
delimitee par le haut et par le bas respectivement par les profils
bh-1 et bh. A supposer que
cj soit un critère croissant, ceci signifie que :
-
gj(bh)
= gj(bh-1), alors :
(ai ? Ch) = (bh
1 >- ai) et (ai >- bh). C'est
la condition de conformite aux profils limites.
- Toute action qui en surclasse une autre appartient
à une meilleure categorie : ai S ak ?
ai?Ch et
ak?Ch`
(h = h`), conformement à la condition
de monotonicite.
- La condition d'homogeneite implique que toute
action ai appartenant à une categorie Ch ne
peut être surclassee par le profil d'une categorie inferieure
Ch` et ne peut surclasser le profil d'une categorie superieure
Ch`` (h`
= h = h``) mais il peut y
avoir de l'incomparabilite :
(ai?Ch)
= [(bh`-1>
ai) et (bh` R ai)] et [(ai
> bh``) et (bh``-1 R
ai)].
-
Ch*
bh
bh-2
bh-2
Ch-1
bh-1
Ch
bh
Ch+1
bh+1
bh+1
140
Ch+1
La condition de stabilite suppose que la suppression
d'un poste de reference bh n'affecte que les categories
qu'il delimite (Ch+1 au plafond et
Ch au plancher). Les actions qui s'y trouvent sont reunies
au sein d'une même categorie Ch* (fusion entre
Ch+1 et Ch), les autres
categories ne subissent aucun changement. Par consequent, une modification
partielle n'affecte pas la stabilite globale du modèle.
|