b. Réformes dans les pays fortement dotés
en ressources naturelles
L'Algérie et la Syrie, dont l'activité
économique dépend exclusivement des revenus des hydrocarbures,
ont rencontré davantage de difficultés à effectuer leur
transition que les autres PM. Leur système économique
protectionniste a toujours été dominé par un Etat oeuvrant
à la nationalisation des ressources naturelles. L'appropriation d'un tel
facteur stratégique a octroyé aux autorités de ces pays le
pouvoir de contrôler le marché interne et d'exercer une pression
politique sur la scène internationale. Seulement, la rigidité du
système a fini par générer des
déséquilibres, notamment sur le marché du travail qui n'a
pas été en mesure de créer suffisamment
d'emplois.
L'Algérie et la Syrie ont réussi
à privilégier la stabilité macroéconomique, en
grande partie, grâce aux rentes pétrolières
distribuées sous forme de subventions à la production ou de prix
préférentiels à la consommation. Ces économies ont
donc été confrontées à des phases d'essor et de
récession causées par la distorsion des prix des hydrocarbures.
Les réformes se sont orientées sur la gestion des surplus
pétroliers dans le but de constituer des réserves de long terme
pour les générations futures et de se doter d'un filet social
pour les pertes d'emploi au cours de la transition. Pour ce faire, des
règles fiscales ont été mises en place pour éviter
le gaspillage des dépenses publiques des recettes exceptionnelles issues
du secteur énergétique (mécanismes explicites
d'épargne ou amortissement des fonds temporaires).
Il est à noter que les perspectives
d'épuisement des ressources ont motivé les mesures visant
à promouvoir la diversification de la production hors hydrocarbures.
Dans ce sens, la réforme de l'investissement domestique et
étranger revêt une importance particulière pour les
activités exportatrices. La réforme institutionnelle permet,
quant à elle, d'améliorer le climat des affaires et de disposer
d'un cadre attractif à l'entrée des capitaux. En Algérie,
par exemple, l'Etat a mis en place une fiscalité favorable aux IDE hors
hydrocarbures, stimulant l'essor de nombreux autres secteurs comme l'industrie
pharmaceutique.
Le plus difficile est de mettre fin à l'atitude
administrative qui encourage le statu quo, en vertu des avantages qu'offre le
système de rente pétrolière. Les entreprises publiques
constituent un obstacle important au processus de réforme, d'autant
qu'elles emploient un large segment de la population active. Il est donc
essentiel d'aborder la question des entreprises publiques et des pertes
d'emploi potentielles avec prudence. Il s'agit d'instaurer des contraintes
budgétaires plus strictes et de réduire progressivement la taille
des entreprises peu rentables. En ce qui concerne la
déréglementation des services publics, celle-ci doit
privilégier la concurrence dans les secteurs des transports, des
télécommunications et des finances.
Dans le domaine des transports, par exemple, rappelons
que les coûts du fret en Algérie et en Syrie sont deux fois plus
élevés que la moyenne des PM. Au niveau des
télécommunications, la période d'attente pour une ligne
fixe est de dix ans en Syrie et de six ans en Algérie. L'arrivée
des téléphones cellulaires a certes minimisé le
problème d'accès, mais ce n'est tout de même pas une
solution substituable. Sur le plan des mécanismes de financement,
l'activité des banques étrangères est limitée et
les banques publiques restent prédominantes (à hauteur de 95% des
actifs).
Le bilan des réformes élaboré
ci-dessus devrait contribuer à la réalisation d'un survey
des critères d'évaluation des PM. Il devrait
également orienter notre choix lors de la sélection des
indicateurs à intégrer dans notre étude de cas. Au
préalable, nous allons exposer le mode de fonctionnement de l'outil de
mesure utilisé au cours de notre application empirique.
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