c. Qualité de vie et développement
humain
Dans la littérature actuelle, une controverse
persiste quant à la validation du lien existant entre le contexte
social, la croissance, la productivité et le bien-être. Toutefois,
de nombreuses études s'accordent à dire que la
complémentarité du capital humain et du capital social est
essentielle à la croissance. Les perspectives internationales en
matière d'investissement dans le capital humain et social
s'intéressent davantage au rôle déterminant du savoir et
des compétences sur la croissance économique et la
cohésion sociale. Ceci a incité les politiques à
promouvoir le développement humain, notamment en favorisant
l'accès à l'apprentissage. Dans ce sens, l'OCDE a organisé
une rencontre sur le thème de la contribution du capital humain et
social à la croissance économique et au bien-être.
L'objectif a été d'étudier quelques modèles de
croissance et d'examiner les cadres conceptuels relatifs au rôle des
arrangements sociaux dans le développement du capital social et humain
(Helliwell [2000]).
Dans un premier temps, le lien entre savoir et
croissance permet de démontrer que l'acquisition de compétences
par les individus et les organisations est reconnue comme un facteur
déterminant de la production. Une augmentation soutenue de
l'investissement dans le savoir peut donc accroître le taux de croissance
d'un pays. Cependant, les modèles économiques sont trop
rudimentaires pour tenir compte du rôle du savoir dans la croissance et
expliquer ce phénomène.
Dans un second temps, le rôle du capital social
dans la compréhension des résultats économiques et sociaux
permet de relancer le débat sur l'importance des « aspects sociaux
» du développement. En dépit du fait qu'il soit encore
difficile de mesurer la contribution du capital social à la croissance
économique, on remarque que la vie de la collectivité et la
qualité des institutions déterminent la capacité des
sociétés à s'ouvrir au changement. Par ailleurs, la
complémentarité entre capital social et humain dans la croissance
permet de comprendre pourquoi, au niveau conceptuel, le capital social est
corrélé à la mise en place des politiques
économiques.
Concrètement, une étude
réalisée à partir d'un échantillon de 22 pays
membres de l'OCDE a permis d'évaluer l'incidence de niveaux
d'éducation élevés sur l'environnement social et
politique, autrement dit, mesurer l'impact du capital humain sur les
résultats non commerciaux d'une économie (McMahon [2000]). Une
autre étude a tenté de mettre en évidence l'effet des
aspects sous-jacents de l'environnement social. Dans ce sens, le capital social
et la confiance constituent des sources informelles de croissance. Pour ce
faire, le capital humain a été introduit comme variable
explicative des écarts de productivité, de croissance
économique et de bien-être entre les pays de l'OCDE (Knack
[2000]).
Une dernière étude a permis de mesurer
les retombées sociales et non commerciales de l'éducation dans
des domaines tels que la santé, l'environnement et la
criminalité. A cet effet, la valeur du rendement non monétaire a
été calculée sur la base du coût de production d'un
résultat identique obtenu par d'autres moyens comme les dépenses
de santé, par exemple (Wolfe et Haveman [2000]).
Les indicateurs du développement humain
procurent une évaluation du niveau global des pays du monde, notamment
sur les objectifs du millénaire pour le développement
définis par l'ONU (septembre 2005). Les données de ces
indicateurs offrent une référence statistique permettant
d'apprécier les progrès accomplis par les pays en direction de
ces objectifs. L'indice de développement humain (IDH) estimé par
le PNUD est un indicateur inspiré d'une idée de
l'économiste Sen. Contrairement au revenu par habitant, l'IDH tient
compte de l'aspect multidimensionnel du développement et intègre
trois éléments comme mesure indirecte de la qualité de
vie.
En premier lieu, la santé et la
longévité est mesurée par l'espérance de vie
à la naissance et permet d'évaluer la satisfaction des besoins
matériels essentiels (accès à une alimentation saine, au
logement, à une bonne hygiène et aux soins médicaux). En
second lieu, le niveau d'éducation est mesuré par le taux de
scolarisation et d'alphabétisation traduisant la satisfaction des
besoins immatériels (capacité de participer aux prises de
décision sur le lieu de travail ou dans la société). En
dernier lieu, le niveau de vie est mesuré par le PIB par tête en
parité de pouvoir d'achat pour atténuer les différences de
prix à l'échelle internationale et englober les
éléments de la qualité de vie qui ne sont pas
décrits par les deux premiers indices (accès à la culture
et mobilité).
Dans le même registre, l'indice de
pauvreté humaine (IPH) est un indicateur utilisé par le PNUD pour
mesurer l'impact de la pauvreté sur la population à partir de
critères de longévité, d'instruction, de conditions de vie
et d'exclusion. Il représente le nombre de personnes vivant en dessous
d'un seuil de revenu donné. Celui-ci a été estimé
à 2 dollars par jour en 2002. D'autres niveaux de pauvreté ont
été fixés à 1,4 et 1,1 dollars par jour pour
affiner les analyses. Enfin, un niveau de revenu équivalent à 1
dollar par jour est appelé « niveau d'extrême pauvreté
».
Dans le cadre de notre application empirique, il faut
savoir que l'IDH tout autant que l'IPH n'ont pas directement
intégré l'évaluation du volet social, culturel et humain
des PM. Ils ont été utilisés comme base de
référence pour définir les critères de
l'étude.
A titre d'exemple, les engagements dans les domaines
de l'éducation et de la santé sont évalués en
termes de dépenses. La pauvreté et la qualité de vie sont
évaluées par le PIB par tête, le taux de mortalité
et l'accès aux commodités de base. Enfin, la situation
professionnelle des individus est évaluée par les
caractéristiques du marché de l'emploi (équité
salariale, chômage, qualification...). Il est à noter que le
facteur travail est inclus dans le volet social plutôt que dans la
sphère économique. En effet, nous estimons que l'accomplissement
d'un individu sur le plan professionnel se répercute directement sur son
bien-être personnel et donc sur sa qualité de vie (il trouve ainsi
sa place parmi les critères sociaux).
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