2. Survey des critères d'évaluation :
Délimiter un cadre conceptuel
La dynamique économique mondiale a, durant la
dernière décennie, généré un nouvel
environnement où globalisation et régionalisation coexistent.
Dans un tel contexte, les pays méditerranéens ont tenté de
concilier leurs perspectives politiques, économiques et sociales avec
les exigences d'une intégration régionale. Le meilleur compromis
pour ce faire est de redéfinir les rapports entre les deux rives de la
Méditerranée en faveur d'une coopération permettant aux PM
de prendre exemple sur les PECO ayant achevé leur transition.
L'application proposée dans cette optique est une évaluation
multicritère des neuf pays méditerranéens impliqués
dans le processus de Barcelone (PM9), comparativement à des profils de
référence accessibles représentés par les
économies d'Europe de l'Est qui ont récemment
intégré l'UE (AC10).
A cet effet, les trois volets de la Déclaration
de Barcelone nous renseignent globalement sur les thématiques que nous
devons aborder lors de nos évaluations. Toutefois, ils ne nous informent
pas sur le détail des critères qui doivent être pris en
compte. Au-delà des objectifs traditionnels d'échange, tels que
le transfert de compétences Nord-Sud ou le transfert de ressources
naturelles Sud-Nord, il semble que le partenariat présente de nouvelles
opportunités. Il s'agit, avant tout, de passer outre les perspectives de
libreéchange qui ne sont, finalement, qu'une formalité en faveur
de préoccupations de fond.
La définition d'un cadre favorable aux
affaires, la transparence des systèmes politiques et la réduction
des inégalités sont autant de facteurs à intégrer
pour concorder avec les exemples de « bonnes pratiques » et se
conformer aux « normes » imposées par le système
mondial. Les bienfaits d'une transition réussie sont désormais
évidents : le principal défi est de trouver les moyens de former
et de soutenir une convergence des réformes sur les plans politique,
économique et social.
a. Stabilité politique et
sécurité
Dans les pays ayant suivi un programme appuyé
par le FMI, les dépenses militaires se sont stabilisées pendant
la seconde moitié de la décennie 90 autour de 2% du PIB.
Parallèlement, il semble que ce facteur soit moins prioritaire dans les
budgets publics des PVD que les dépenses d'éducation et de
santé. Depuis le lancement de l'initiative en faveur des pays pauvres
très endettés en 1996, plusieurs gouvernements ont fait part de
leur intention de réduire leurs dépenses militaires en vue de
renforcer le pouvoir civil et d'approfondir le processus de
démocratisation politique (Gupta et al. [2001], p.
13).
Ainsi, lorsque l'on évoque la stabilité
politique ou le risque-pays, le choix des critères d'évaluation
s'oriente spontanément vers des facteurs qui relèvent directement
de la sécurité du pays. On pense alors à
l'éventualité de conflits dont l'évaluation
concrète est souvent fondée sur l'estimation des dépenses
militaires. Or, au-delà de cet indicateur, il est nécessaire
d'introduire le niveau de liberté politique, ce qui revient à
parler de démocratie et de liberté d'expression. De même,
il est utile d'intégrer des critères relevant de la bonne
gouvernance et de la fiabilité des institutions, à savoir
l'impartialité du système juridique, les méfaits de la
corruption, la protection de la propriété et l'essor du
marché parallèle.
Dans son rapport mondial sur le développement
humain, le PNUD propose quelques indicateurs susceptibles de servir à
l'évaluation de la stabilité politique, notamment le mouvement
des réfugiés et la répartition des effectifs de
sécurité (PNUD [2005]). D'autres critères d'ordre
qualitatif, issus d'organismes spécialisés tels que Fraser
Institute ou Freedom House, sont utilisés pour estimer le
niveau de crédibilité des autorités politiques. Dans le
même registre, le baromètre mondial de liberté de la presse
publié par RSF est un indicateur synthétique permettant de
retranscrire le degré d'ouverture politique (cf. encadré
38). Il reflète le niveau de liberté des médias ainsi que
les moyens mis en oeuvre par les Etats pour respecter et faire respecter cette
liberté. Il s'agit d'un classement réalisé à partir
de cinquante critères reprenant les atteintes directes contre les
médias (censures, saisies, perquisitions, pressions...).
Encadré 38 : Indice de liberté de
la presse dans le monde (2005)
Europe Afrique du Nord et Moyen-Orient
Source : RSF [2005].
Cet indicateur intègre également le
degré d'impunité dont bénéficient les auteurs des
violations de la liberté de la presse ainsi que le cadre juridique
régissant les médias (sanction des délits de presse,
monopole de l'Etat, présence d'un organe de régulation...), et le
comportement de l'Etat face aux médias publics et à la presse
internationale. Il comprend aussi les principales atteintes à la
liberté de circulation de l'information sur Internet.
RSF publie aujourd'hui son quatrième classement
mondial de la liberté de la presse concernant 167 pays (RSF [2005]).
Celui-ci permet de relever que dans les pays d'Afrique du Nord et du
Moyen-Orient, notamment le Liban (108ème), l'Egypte
(143ème), la Syrie (145ème) et la Tunisie
(147ème), la presse privée n'existe pas et la
liberté d'expression est entravée. Les médias officiels ne
font que relayer la propagande de l'Etat et tout écart est
sévèrement réprimé (intimidation et surveillance
permanente).
Les dix premiers pays du classement 2005 sont
européens et majoritairement nordiques. Parallèlement, les PECO
qui ont récemment adhéré à l'UE se montrent
très respectueux de la liberté de la presse et des principes de
démocratie. En effet, la Slovénie (9ème),
l'Estonie (11ème), la Lettonie (16ème) et
la Lituanie (21ème), qui comptent moins de quinze ans
d'existence, se placent dans les soixante premiers du classement.
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