b. Déroulement du rating par Electre III
Notre objectif, dans ce qui suit, est de
départager le contenu respectif des trois catégories issues du
benchmarking. Le procédé de distillation d'Electre III permet de
classer les actions d'une même catégorie et de réduire le
nombre d'ex æquo. Il n'est plus question d'utiliser des profils
de référence mais plutôt de comparer les actions entre
elles. Pour ce faire, nous avons introduit des seuils d'indifférence et
de préférence mais pas de veto, comme pour le tri. La
différence est que l'exécution des algorithmes de classement
suppose l'existence d'un seul seuil de préférence faible et d'un
seul seuil de préférence forte, au niveau de chaque
critère (il n'y a plus de profils).
Afin de déterminer ces paramètres de
façon méthodique, nous avons eu recours à la formulation
mathématique. La démarche utilisée diffère de celle
que nous avons employée dans Electre Tri, et ce pour les mêmes
raisons évoquées ci-dessus. Concrètement, nous avons
calculé au niveau de chaque critère, les écarts entre les
performances de deux actions. Le choix des performances en question
dépend du volet traité et du type de seuil concerné
:
22 Par opposition aux pays du Maghreb, il s'agit des pays
du Moyen-Orient.
- Sur le volet politique, il s'agit de l'écart
entre le 25ème et le 45ème centile pour le
seuil d'indifférence, puis entre le 55ème et le
85ème centile pour le seuil de
préférence.
- Sur le volet économique, il s'agit de
l'écart entre le 30ème et le 50ème
centile pour le seuil d'indifférence, puis entre le
60ème et le 90ème centile pour le seuil de
préférence.
- Volet social, il s'agit de l'écart entre le
20ème et le 40ème centile pour le
seuil d'indifférence, puis entre le 50ème et le
80ème centile pour le seuil de
préférence.
Après avoir exécuté les
algorithmes d'Electre III, nous avons obtenu un classement plus
détaillé des PM. Nous avons ensuite évalué les
distances qui séparent chaque pays de ces voisins (cf. annexe
12). En somme, nous avons départagé les PM
considérés comme ex æquo par les procédures
de tri (cf. encadré 30, tableau 1)
Sur le volet politique en début de
période, le Liban et le Maroc restent ex æquo pour des
raisons d'incomparabilité. L'Algérie et la Turquie occupent la
même place car elles réalisent des performances quasi-similaires
sur les critères << risque pays et liberté de la presse
>> et << participation des femmes à la vie politique
>>. En fin de période, ce sont le Liban et la Syrie d'un
côté, l'Algérie et la Tunisie de l'autre, qui se retrouvent
en position d'ex æquo en raison
d'incomparabilité.
Sur le volet économique en début de
période, le Liban et le Maroc occupent encore la même position
pour les mêmes raisons évoquées précédemment.
En fin de période, l'Egypte et la Jordanie d'une part, Malte et la
Tunisie d'autre part, se retrouvent en position d'ex æquo car
incomparables.
Sur le dernier volet en début de
période, Chypre et Malte se classent à la même place car
ils réalisent des performances assez proches sur la
quasi-totalité des critères sociaux. Même constat pour
l'Egypte et la Syrie. En fin de période, Chypre et Israël sont en
première position, grâce à leurs performances
quasi-similaires sur la totalité des critères sociaux. L'Egypte
et la Tunisie sont ex æquo en raison
d'incomparabilité.
La plupart des PM ont modifié leur rang dans le
rating final, allant parfois jusqu'à un changement de catégorie
(cf. encadré 30, tableau 2). C'est le cas de Chypre qui passe
de la classe 1 à la classe 2 sur les volets politique et
économique, puis de la classe 2 à la classe 1 sur le volet
social. En ce qui concerne la nature du changement de position entre 1990 et
2000, les résultats montrent que les PM, dans leur ensemble, ont
progressé. Cette amélioration, particulièrement visible
sur le volet social, est accompagnée d'un nombre considérable de
changements de catégorie dans le bon sens.
Concrètement, nous avons relevé une
progression moyenne de 13% sur le critère << développement
humain et qualité de vie >>, de 32% sur le critère <<
engagements dans le domaine de la santé >>, de 4% sur le
critère << engagements dans le domaine de l'éducation
>> et de 12% sur le critère << situation du marché du
travail et des employés >>.
Les résultats sont encourageants pour ce qui
relève de l'indice de développement humain, traduisant une
amélioration de l'espérance de vie, du niveau d'éducation
et de la qualité de la vie. Néanmoins, le taux de chômage
augmente en moyenne de 30% et atteint des niveaux très
élevés dans les pays du Maghreb (17% en 1990 et 23% en
2000).
Encadré 30 : Rating des pays
méditerranéens
Tableau 1 : Classement des pays
méditerranéens
1er Volet 2ème Volet 3ème Volet
C1
|
Malte Chypre
|
(1)
(2)
|
|
Tunisie
|
(3)
|
|
Syrie
|
(4)
|
|
Liban
|
(5)
|
|
Maroc
|
(5)
|
|
Jordanie
|
(6)
|
|
Algérie
|
(7)
|
|
Turquie
|
(7)
|
|
Égypte
|
(8)
|
C3
|
Israël
|
(9)
|
C1
|
Malte Chypre
|
(1)
(2)
|
|
Liban
|
(3)
|
|
Syrie
|
(3)
|
|
Égypte
|
(4)
|
|
Maroc
|
(5)
|
|
Algérie
|
(6)
|
|
Tunisie
|
(6)
|
|
Turquie
|
(7)
|
|
Jordanie
|
(8)
|
C3
|
Israël
|
(9)
|
C1
|
Chypre
|
(1)
|
|
Malte
|
(2)
|
|
Israël
|
(3)
|
|
Liban
|
(4)
|
|
Maroc
|
(4)
|
|
Turquie
|
(5)
|
|
Jordanie
|
(6)
|
|
Tunisie
|
(7)
|
|
Égypte
|
(8)
|
|
Algérie
|
(9)
|
|
C3
|
Syrie
|
(10)
|
C1
|
Israël
|
(1)
|
|
Chypre
|
(2)
|
|
Égypte
|
(3)
|
|
Jordanie
|
(3)
|
|
Malte
|
(4)
|
|
Tunisie
|
(4)
|
|
Turquie
|
(5)
|
|
Maroc
|
(6)
|
|
Liban
|
(7)
|
|
Algérie
|
(8)
|
|
Syrie
|
(9)
|
|
Source : Guessoum [2003a], p. 8.
C1
|
Israël
|
(1)
|
|
Chypre
|
(2)
|
|
Malte
|
(2)
|
|
Jordanie
|
(3)
|
|
Liban
|
(4)
|
|
Turquie
|
(5)
|
|
C3
|
Tunisie
|
(6)
|
|
Égypte
|
(7)
|
|
Syrie
|
(7)
|
|
Algérie
|
(8)
|
|
Maroc
|
(9)
|
C1
|
Chypre Israël
|
(1)
(1)
|
|
Malte
|
(2)
|
|
Liban
|
(3)
|
|
Turquie
|
(4)
|
|
Jordanie
|
(5)
|
C3
|
Égypte
|
(6)
|
|
Tunisie
|
(6)
|
|
Syrie
|
(7)
|
|
Algérie
|
(8)
|
|
Maroc
|
(9)
|
|
1 9 9 0
2 0 0 0
Tableau 2 : Evolution des rangs respectifs des
pays méditerranéens
Pays
Volet
|
Algérie
|
Chypre
|
Egypte
|
Israël
|
Jordanie
|
Liban
|
Malte
|
Maroc
|
Syrie
|
Tunisie
|
Turquie
|
Politique et
de sécurité
|
~
|
~*
|
~
|
~
|
~
|
~
|
~
|
~
|
~
|
~
|
~
|
Economique et financier
|
~
|
~*
|
~*
|
~
|
~
|
~
|
~
|
~
|
~*
|
~
|
~
|
Social, culturel et humain
|
~*
|
~*
|
~*
|
~
|
~
|
~
|
~*
|
~
|
~*
|
~*
|
~
|
~ Progression ~ Régression *
Changement de catégorie
Source : Guessoum [2003a], p. 13.
En conclusion, rappelons que la présente
étude nous a permis de situer les PM par rapport aux profils mondiaux
(benchmarking par Electre Tri), d'estimer les écarts qui existent entre
eux (rating par Electre III) et d'observer leur évolution. A partir des
critères politiques et de sécurité, force est de constater
que la région reste très affectée par l'instabilité
de la situation au Moyen-Orient, mais les pays n'y sont pas exposés avec
la même intensité. Israël qui est directement concerné
se retrouve excentré dans le classement final, alors que
l'Algérie qui sort d'une décennie de terrorisme réalise
des progrès sur les indicateurs du risque-pays.
Sur le plan économique et financier, le bilan
reste peu concluant, même si les PM ont fait des efforts en
matière de privatisation et d'IDE, ainsi que sur les domaines de
l'information de la communication. La Syrie, par exemple, se fait largement
distancer à cause de ses performances insuffisantes au niveau de
l'internationalisation et de l'investissement. Sur le volet social, culturel et
humain, les PM se sont améliorés dans leur ensemble grâce
aux efforts accomplis dans le secteur sanitaire et le développement
humain. Nous avons toutefois relevé que le Maroc ne suivait pas le
même schéma, avec des carences en termes de pauvreté, de
qualité de vie, d'éducation et de chômage.
L'analyse dynamique a révélé une
possibilité de convergence en Méditerranée, due au
rapprochement des catégories (régression des pays de la
catégorie 1 et progression des pays des catégories 2 et 3).
Certains pays comme l'Algérie, l'Egypte et la Syrie enregistrent une
amélioration simultanée sur l'ensemble des volets
étudiés. Ils ne réalisent certainement pas les meilleures
performances mais évoluent progressivement vers le haut. Ceci conforte
les PM dans leur processus de transition et permet, à nouveau,
d'envisager la possibilité d'une régionalisation à
l'horizon 2010-2012.
Pour finir, soulignons que de nombreuses études
empiriques révèlent encore une grande
hétérogénéité en Méditerranée,
où Chypre, Malte et Israël occupent une position forte sur tous les
critères, alors que les autres pays tirent la zone vers le bas. Compte
tenu de ces résultats, il est impératif que les PM donnent un
nouvel élan au processus de Barcelone et confirment leur engagement
quant aux directives de convergence.
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