CONCLUSION BILAN ET PERSPECTIVES
La notion de cadre attractif est très difficile
à cerner par une définition normative, si ce n'est par le biais
de critères tels que la stabilité politique ou la bonne
gouvernance. Une revue de la littérature a permis d'identifier
l'attractivité économique à travers le cadre légal
comme facteur intrinsèque. Cependant, les règles à elles
seules restent insuffisantes puisqu'elles ne sont pas toujours clairement
spécifiées et encore moins parfaitement respectées. De ce
fait, une importance particulière a été accordée
à la stabilité du contexte, compte tenu des
phénomènes d'anticipation. L'incertitude liée à
l'inefficience du système juridique ou au manque de
crédibilité du gouvernement, peut exercer un impact
négatif en termes d'attractivité économique. Il faut donc
intégrer la qualité institutionnelle comme critère
essentiel dans l'évaluation du niveau de développement
économique en général et dans l'évaluation du
risque-pays en particulier.
Bien que l'évaluation des risques soit
fréquemment mise en avant par la littérature ayant trait aux
échanges internationaux, elle reste le lieu de divergences de points de
vue, impliquant une grande variété des définitions. Les
différentes approches du risque-pays mettent en relief l'amplitude des
déterminants entrant dans sa composition. Compte tenu du rôle
attribué au rating, de la multitude d'entités proposant
l'élaboration de notations ainsi que de la diversité des
approches du risque, il en résulte une quantité non
négligeable de sources destinées à l'évaluation des
profils-pays. Ce panel d'études engendre des résultats d'autant
plus divergents que les critères utilisés pour modéliser
le risque, les méthodologies employées pour l'évaluer et
les notes qui lui sont attribuées, sont variés.
L'étude empirique de la convergence des ratings
concernant Fitch, Moody's et S&P a clairement
montré que les systèmes de notes ne divergeaient pas sur le long
terme mais qu'ils subsistaient des écarts ponctuels entre eux. Des
comportements optimistes et pessimistes ont été
décelés, déterminant une aversion plus ou moins grande
vis-à-vis du risque-pays. Il pourrait vraisemblablement y avoir une
corrélation entre le niveau d'instabilité des pays et la vitesse
de réaction des agences de notation dans leur estimation. Rappelons que
le risque, même s'il est évalué, ne peut être
totalement contourné. Il reste généralement parmi ses
composantes une partie liée à l'incertitude : le rating est un
compte-rendu ponctuel (snapshot).
Le rating, à lui seul, ne suffit pas lorsque
l'évaluation implique la prise de décisions de grande envergure.
A partir du moment où le classement sur un axe unidimensionnel a
montré ses limites, notre intérêt s'est tourné vers
le benchmarking. Initialement pensé pour des applications d'ordre
microéconomiques, ce concept a été adapté à
l'échelle macroéconomique, notamment à travers
l'évaluation du cadre légal euro-méditerranéen.
Cette technique d'étalonnage semble convenir à la
résolution de problèmes décisionnels relevant de
l'orientation des politiques économiques. Elle est d'autant plus
efficace lorsqu'elle est associée au rating.
Les deux procédures sont donc
complémentaires sur le plan conceptuel. Il reste à savoir s'il
est possible de les associer sur le plan technique, à savoir s'il existe
des modèles représentatifs des principes de classification
(benchmarking) et de classement (rating). A cet effet, nous envisageons
d'explorer les méthodes d'analyse multicritère pour en extraire
celles qui seraient susceptibles de répondre à ces deux
approches. Dans le chapitre suivant, il s'agit non seulement de tester la
compatibilité des algorithmes, mais aussi leur
faisabilité.
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