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La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

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par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

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b. Evaluer les risques qui nuisent au développement

Les risques liés à l'inefficience de la politique économique ont des répercussions sur différents plans. En premier lieu, le risque sur le capital humain se manifeste par l'exode rural et déstabilise le tissu social. En second lieu, le risque sur le capital physique touche l'investissement qui devient inefficient et d'autant plus vulnérable que les montants engagés sont élevés. En troisième lieu, le risque porte sur le domaine de l'innovation et concerne surtout les petites structures qui, de peur d'être peu rentables, n'engagent pas de fonds dans la R&D.

Le secteur public est lui aussi exposé au risque. Le détournement des règles formelles à des fins personnelles est omniprésent. Le rôle des institutions est de privilégier la transparence et d'instaurer un climat de confiance pour éviter les comportements frileux vis-à-vis des projets susceptibles de favoriser le bien-être collectif. Il faut donc oeuvrer à la réduction des risques liés à l'inefficience du système politique, notamment lorsqu'un changement de gouvernement est accompagné de programmes inattendus ou en totale incohérence avec ceux du gouvernement sortant.

L'instabilité politique, qui est l'une des principales composantes du risque-pays, doit faire l'objet d'évaluations pertinentes pour l'appréhender. Cet indicateur, dont les enjeux géopolitiques relèvent de la souveraineté nationale, est une synthèse de paramètres relatifs à l'instabilité (coups d'Etat, révolutions, guerres). Tous engendrent un climat d'insécurité qui entrave les perspectives d'investissement sur le moyen voire le long terme. Il s'agit d'un critère en défaveur de la croissance qui joue contre l'attractivité économique (Sala-i-Martin [2002]).

Actuellement, l'évaluation du risque-pays est très sollicitée, aussi bien par les opérateurs sur les marchés internationaux que par les décideurs sur la scène politique. Les anticipations liées à ce facteur sont un déterminant crucial de l'investissement (direct et de portefeuille) et peuvent également déstabiliser les marchés financiers (comportements spéculatifs). Précisons enfin que l'estimation du risque-pays, autrement dit le rating, affecte directement la dynamique de croissance, puisqu'elle est liée aux conséquences du processus d'accumulation des connaissances qui repose sur l'investissement en capital physique et humain.

Sur le terrain, diverses analyses attestent de l'existence d'un effet positif de la stabilité politique sur le développement. Au cas par cas, certaines études mettent en évidence les révolutions et les crimes politiques mais de tels critères ne sont pas significatifs (Barro [1991]). D'autres introduisent l'effet des coups d'Etat sur la croissance ou encore l'influence d'une mesure composite de l'instabilité politique sur l'investissement, qui s'avère être négative (Alesina et al. [1996]). Au final, tout porte à croire que l'instabilité politique, en tant qu'indicateur représentatif d'un cadre institutionnel inefficient, doit être associée à d'autres facteurs bien plus nuisibles à la croissance (des droits de propriété mal définis, par exemple).

Les activités relevant du domaine public, de par leur impact sur la société et l'économie (positif ou négatif), permettent de définir certains critères du système de représentation. La gestion du budget de l'Etat pour couvrir les dépenses publiques en matière d'infrastructures, d'éducation et de santé constitue d'ordinaire un bon indicateur du cadre institutionnel. D'un côté, l'Etat fournit des biens et des services donnant lieu à des externalités positives, et de l'autre, il alimente ses caisses à l'aide de systèmes de prélèvement. Ceci donne lieu à des distorsions qui affectent la prospérité économique et le bien-être social des populations, particulièrement dans les PVD (inégalités). Il s'agit donc d'un critère à manipuler avec beaucoup de prudence dans la mesure où la politique budgétaire exerce une influence non négligeable sur le niveau de croissance économique et contribue à son évaluation.

La nature de cette évolution (progression ou régression) dépend du type d'externalité qu'engendre le budget (positive ou négative), qui lui-même dépend de la source de financement et du projet financé. Sur le plan théorique, pour compenser les effets indésirables engendrés par les dépenses publiques, il suffit que le taux de rendement des projets financés dépasse la charge fiscale supplémentaire qui en est issue. Ceci est réalisable pour les dépenses d'investissement au sens large (capital physique et humain), ou encore les dépenses de santé.

Sur le plan empirique, une étude réalisée sur un échantillon de 98 pays a montré que les dépenses en matière d'éducation engendrent des externalités positives sur la croissance (corrélation positive entre le taux de croissance du PIB par tête et le taux de scolarisation). En outre, il s'est avéré que la croissance était corrélée négativement avec la part de la consommation du gouvernement dans le PIB, et positivement liée à la stabilité politique (Barro [1991]).

Pour ce qui est des sources de financement, il faut savoir que l'impôt direct interfère forcément dans les décisions économiques et engendre des pertes en termes de bienêtre. Il aspire parfois à des objectifs de rente, ce qui présente un risque de détournement de l'activité économique vers des emplois non productifs. On est donc en présence de deux externalités négatives du budget sur la croissance. D'un point de vue empirique, des études ont montré que dans certains pays, comme c'est le cas aux Etats-Unis, le recours à l'impôt direct permet de financer le solde négatif d'une politique budgétaire volontairement déficitaire (Easterly et Rebelo [1993]).

Les droits de douane, qui sont un autre moyen de prélèvement, influent négativement sur l'efficience de la politique économique. En dépit de cela, ils sont fréquemment utilisés au sein des PVD car faciles à fixer, à collecter et à contrôler. Il en est de même pour les taxes sur la production, notamment lorsqu'il s'agit d'industries manufacturières ou extractives qui comptent un nombre restreint de producteurs. Sur le plan empirique, les résultats n'ont pas été significatifs en ce qui concerne les externalités négatives des taxes car, à la base, un excédent budgétaire ne peut pas nuire à l'activité économique. C'est finalement l'efficience des projets auxquels le budget est affecté qui est décisive.

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci