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La dynamique de convergence en méditerranée. Un système d'évaluation basé sur l'analyse multicritère

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par Yasmine GUESSOUM
Université de la méditerranée Aix- Marseille II - Doctorat d'économie 2006
  

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2. Les sources d'instabiité : Quels facteurs nuisent aux politiques économiques ?

Si le choix leur est donné, les individus tout comme les entreprises ayant de l'aversion pour le risque ont tendance à opter pour des stratégies permettant de réaliser des gains dans les plus prompts délais. Les effets que provoquent leurs décisions sur le long terme et sur d'autres secteurs d'activité n'entrent pas en ligne de compte. Dans le domaine de la finance par exemple, cette attitude est qualifiée de myopie ou d'aveuglement au désastre. Plus généralement, il s'agit d'externalités négatives.

A l'inverse, l'investissement qui est une privation de consommation imminente peut engendrer, dans bien des cas, des bénéfices sociaux a posteriori. L'investissement dans le domaine de l'éducation, la formation ou la culture illustre les effets positifs ultérieurs de l'accumulation de capital humain sur les individus et la société.

Il est à noter que ces externalités positives ne profitent pas toujours à la génération qui en est à l'origine et ne se manifestent que quelques cycles plus tard. Le risque de voir apparaître des comportements problématiques guidés par une logique opportuniste est omniprésent (attitude répandue dans les gouvernements des PVD). Par conséquent, les perspectives de gain immédiat fondées sur une vision de court terme restent globalement en opposition avec les stratégies d'accumulation de long terme propre à la logique de développement.

<< ...l'absence de confiance dans ses propres gouvernements est extrêmement coûteuse pour l'ensemble de la communauté car elle entraîne une série de comportements opportunistes et les mécanismes d'aspiration sociale par le haut ne fonctionnent plus ... Les gouvernements doivent savoir faire preuve d'une crédibilité et d'une stratégie sur le long terme permettant à la population de croire en un avenir meilleur...» (Tahri-Joutei [2004], p. 286).

Prendre conscience de la nécessité d'un investissement commun assurant la pérennité du développement, suppose l'existence d'institutions fortes et fiables, garantes d'un avenir meilleur. L'idée est d'instaurer un climat de confiance et de protéger la société des déviations opportunistes en proposant des projets prometteurs avec des effets positifs et durables. Dans une telle perspective, la crédibilité des services publics est d'autant plus déterminante que les incidences liées au comportement opportuniste présentent de nombreux risques (cf. annexe 1).

a. Rendre compte du rôle prépondérant des institutions

Les termes << organisation » et << institution » sont souvent confondus. Il est donc utile de rappeler la nuance entre ces deux dimensions. Alors que les organisations représentent les structures (entreprises, marchés, structures de l'Etat), les institutions constituent les règles du jeu (support à la prise de décision). Les composantes du cadre institutionnel sont non seulement les règles formelles, mais aussi leurs caractéristiques d'application (système juridique, arrangements institutionnels).

Plus précisément, les institutions politiques se chargent de définir en amont les structures de l'Etat et le cheminement du processus politique, ainsi que la création des institutions économiques. En aval, elles veillent a l'exécution des politiques économiques et a leur encadrement administratif. Quant aux institutions économiques, elles veillent a la coordination des processus de production, des mécanismes de distribution et des relations sur les marchés (Borner et al. [2004]).

Concrètement, les institutions veillent au bon fonctionnement des marchés, au respect des droits de propriété et a la régulation des conflits pouvant survenir en raison de la rareté des biens et des ressources. Par conséquent, dans une économie privée de droits de propriété, les échanges se produisent dans un climat d'insécurité suivant la loi du plus fort. Dans ce sens, le rôle de l'Etat et l'étendue de son pouvoir sont les déterminants cruciaux de la qualité institutionnelle. De même, les coûts de transaction inhérents a la conclusion des contrats et arrangements confirment l'importance du système juridique dans la réduction des externalités. Il en ressort que la liberté économique est forcément liée a la liberté politique : un objectif de croissance a long terme nécessite la mise en place d'un Etat de droit et la protection des libertés civiles et politiques (North [1993]).

Les effets externes positifs inhérents a la liberté politique sont discutables. En effet, elle peut favoriser les intérêts des groupes de pression et ralentir le déroulement d'un processus législatif, ou encore être en défaveur d'une politique économique. Le meilleur exemple est probablement celui du referendum européen de 2005 où le « non », notamment dans certains pays fondateurs comme la France, a conduit au rejet du projet constitutionnel. Dans une démocratie le choix d'un régime de croissance est partagé entre les exigences individualistes des consommateurs qui prennent le pas sur l'investissement a long terme et les pressions autoritaristes des dirigeants qui s'approprient les excédents budgétaires. Trop de liberté peut donc nuire a la croissance et mener a des politiques sous-optimales (Bardhan [1993]).

Sur le plan empirique, le recoupement entre dix-sept études portant sur le lien entre croissance et démocratie n'a pas été concluant. En effet, trois types de corrélations ont été relevées : positive, négative et non significative (Brunetti [1997]). Concernant la nature du régime politique favorable a la croissance, une étude partant d'une variable proxi du cadre institutionnel (faute de disponibilité des données) a permis d'observer que la démocratie était moins propice a la croissance dans les PVD, alors qu'elle l'était davantage dans les pays avancés (Durham [1999]). En contrepartie, une autre étude a permis d'observer un effet positif de la démocratisation dans les PVD (Miner, [1998]).

Au final, le système politique n'influe pas directement sur la croissance car il ne fait qu'orienter la manière dont les institutions sont construites et préservées. Cet effet va dans le sens du système politique et touche a la qualité institutionnelle, puis il se répercute sur la croissance économique. Il est a noter que la démocratie amplifie les responsabilités du gouvernement a l'égard des citoyens et renforce leur engagement a l'égard des politiques choisies.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams