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Ressources fourragères et représentations des éleveurs, évolution des pratiques pastorales en contexte d'aire protégée. Cas du terroir de Kotchari à  la périphérie de la Réserve de biosphère du W au Burkina Faso

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par Issa Sawadogo
Museum national d'histoire naturelle de Paris (ED 227) - Docteur du museum national d'histoire naturelle spécialité physiologie et biologie des organismes  2011
  

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1.3. Questionnement scientifique et hypothèses de recherche

Le terroir de Kotchari comme la plupart des terroirs riverains du parc W voit son effectif en bétail s'accroître considérablement en saison sèche du fait de la venue massive des transhumants (Toutain et al. 2001 ; Paris, 2002 ; Sawadogo, 2004). Par ailleurs, depuis l'arrivée de la culture cotonnière en 1996/97, la tendance dans tous les terroirs de la zone est à l'occupation des espaces jadis considérés comme incultes et exploitées par le bétail local et transhumant.

Question 1 : Dans ces conditions, quel est le niveau de saturation de l'espace et quelle place est offerte à l'élevage notamment pastoral dans le terroir et ses environs ?

Hypothèse 1: L'afflux de nombreux troupeaux transhumants qu'on observe chaque année sur le terroir de Kotchari et ses environs ne s'explique pas, comme il est souvent dit,

par la disponibilité en ressources pastorales dans les espaces légalement accessibles (périphérie du Parc). L'intérêt pastoral du terroir de Kotchari est plutôt lié à l'opportunité qu'il peut offrir d'accéder illégalement aux ressources du Parc du W

L'élevage pastoral est « un modèle constant parmi les bergers peuls de la zone savane» (Stenning, 1959). Selon Boutrais (1997), les pasteurs, face aux changements globaux qui s'opèrent depuis maintenant quelques décennies, mettent en place des stratégies d'adaptation. Ainsi par exemple, Convers (Com. pers, 2006) a relevé qu'en réponse à la surveillance accrue des aires protégées dans la région du parc W qui résulte de la mise en place du programme ECOPAS, les éleveurs transhumants ont adopté trois types de trajectoires: (i) la capitulation avec changement d'activité, (ii) l'adaptation par la mise en place de stratégies nouvelles tendant à exclure la pâture illégale dans les aires protégées et (iii) la résistance. On peut penser que ce type de réaction est aussi celui des autres catégories d'éleveurs identifiées dans la région du terroir de Kotchari.

Question 2 : Quelles sont les décisions que prennent les éleveurs face aux changements globaux et comment les mettent-ils en oeuvre dans la région de Kotchari ?

Hypothèse 2: Les systèmes d'élevage sédentaires ou mobiles subissent des mutations perceptibles au travers des pratiques des éleveurs qui se modifient pour s'adapter aux nouvelles conditions locales.

Question 3 : Sur quelle évaluation et représentations du milieu s'appuient les stratégies quotidiennes et saisonnières des éleveurs à l'échelle locale?

Hypothèse 3.1 : Dans une localité donnée, les éleveurs évaluent et classent les pâturages sur des critères écologiques (qualité pastorale du moment), mais aussi en termes de risques de conflits, de risques sanitaires, etc. L'évaluation et donc la classification d'un milieu donné change en fonction des périodes de l'année.

Hypothèse 3.2 : Dans une localité donnée, le choix des itinéraires par les animaux et/ou leurs bergers repose sur cette évaluation/classification locale qui croise une classification des milieux végétaux et une échelle de risque. Il se fait en fonction de la distribution spatiotemporelle et de la valeur pastorale des ressources végétales ainsi que du niveau d'exposition aux différents risques évoqués.

Au Burkina comme dans tous les pays de cette partie de l'Afrique, l'élevage pastoral reste tributaire des ressources naturelles pour la satisfaction de ses besoins alimentaires. Ces ressources naturelles, à cause de la forte variabilité climatique saisonnière et interannuelle, sont inégalement réparties dans l'espace et le temps. Pour assurer la survie de leurs animaux, les éleveurs adoptent des stratégies d'exploitation opportuniste des ressources fourragères là où elles se trouvent, ce qui requiert une grande mobilité dans l'espace. En effet, à certaines périodes de l'année ou lors d'années à conditions climatiques difficiles, les ressources se trouvent confinées dans certaines régions ou certains espaces particuliers (bas-fonds notamment). Ces «poches de ressources » assurent un rôle déterminant dans la survie du bétail aux moments cruciaux de l'année. L'accès à ces milieux, parfois qualifiés de « ressources clefs » (Hatfield & Davies, 2006) ou de « ressources stratégiques » ou encore de « filets de sécurité » (Pratt & Gwynne, 1977.) est, en effet, indispensable au fonctionnement des

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systèmes pastoraux qui, autrement, s'effondreraient. Ces auteurs classent les bas-fonds, les plaines d'inondations ou marécages et les réserves sylvopastorales dans la catégorie de ressources clefs. Dans le contexte actuel de forte pression foncière, ces ressources sont cependant menacées de disparition ou rendues inaccessibles pour les animaux dans de nombreuses contrées du pays, ce qui pousse les éleveurs à la transhumance, soucieux qu'ils sont du bien être de leurs troupeaux (Toutain et al. 2001 ; Paris, 2002 ; Kagoné, 2004). Cette pression foncière sur ces milieux particuliers, s'est accrue ces dernières années avec la multiplication de projets de « petite irrigation villageoise ». Grâce aux aménagements rendus possibles par les subventions, ces projets, permettent aux populations d'occuper les abords des points d'eau naturels ou non et d'y pratiquer une culture de saison sèche (ou de contre saison). Ce type d'utilisation des milieux clés pour l'élevage ne semble pas, pour le moment, toucher la région de Kotchari, il faudrait cependant en préciser la raison : simple retard, caractéristiques du milieu naturel ou causes culturelles ou sociales ?

Question 4 : Le terroir de Kotchari recèle-t-il de ressources considérées comme essentielles par les éleveurs?

Hypothèse 4. Dans le terroir de Kotchari et ses environs, il existe des espaces comme les bas-fonds, considérés comme étant des ressources clés pour l'élevage pastoral.

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