5.3.3.2. Les types d'élevages dans le terroir
et leurs caractéristiques
La typologie des élevages dans le terroir a
été établie pour elle-même à titre
descriptif, mais surtout afin de fournir une base d'échantillonnage pour
le suivi ultérieur des pratiques et stratégies des
éleveurs au pâturage. Rappelons que la population du terroir de
Kotchari est constituée majoritairement de Gourmantchés à
côté desquels on note une forte présence de Peuls
sédentaires. Par ailleurs, ce terroir est une destination de Peuls
transhumants qui y constituent presque la moitié des effectifs pendant
la saison de transhumance. Tous ces groupes pratiquent l'élevage de nos
jours. Le système d'élevage pastoral, notamment sa forme
extensive sur parcours villageois, est le système le plus courant. C'est
la forme d'élevage pratiquée traditionnellement et qui reste
prédominante chez les Peuls comme chez les Gourmantchés. Comme le
terroir est, adossé au parc W et à la réserve partielle de
faune de la Kourtiagou (ou Concession de chasse de la Kourtiagou), la question
de la conservation y est très sensible ; il est donc nécessaire
de s'interroger sur la manière dont les systèmes d'élevage
s'accommodent des restrictions d'usage associées aux réserves et
comment les gestionnaires de ces dernières gèrent les
éventuelles incursions des troupeaux. De ce point de vue, nous sommes
parti de l'hypothèse que les différents groupes n'ont pas les
mêmes pratiques et notamment pas les mêmes rapports à
l'espace et à ses ressources. Il était en conséquence
nécessaire de définir ces groupes.
5.3.3.2.1. Le tri et la catégorisation des
variables en vue de la typologie
Le test de corrélation entre variables, en vue de
déceler une redondance éventuelle, a montré que la
variable "taille du troupeau bovin" (TaiTr) était associée
à la variable "nombre de bergers" (NBe) (R2 = 0,66) et
à la variable "principale motivation dans l'allotement" (RLot)
(R2 = 0,52) ; la variable "ethnie de l'éleveur" (Eth) est,
quant à elle, corrélée aux variables "mode de constitution
du troupeau" (OrTr) (R2 = 0,76) et "nombre de lots dans le troupeau"
(NLot) (R2 = 0,56) qui est, par ailleurs, associée à
RLot (R2 = 0,55). Les variables OrTr, NBe, RLot et NLot, qui sont
moins importantes que TaiTr et Eth, n'ont donc pas été prises en
compte dans la typologie. Le nombre de lots et de bergers sont en effet
fonctions de la taille du troupeau comme l'a aussi observé Kagoné
(2000). De même, l'origine du troupeau est de nature socioculturelle, il
est généralement mis en place par héritage chez les
éleveurs peuls (Bonfiglioli, 1988) ; ce qui l'est moins chez les
Gourmantchés.
Deux groupes de variables parmi celles retenues ont ensuite
été formés : des variables actives (sept) et des variables
supplémentaires (deux). Nous avons considéré comme actives
les variables qui sont plus révélatrices d'évolution ou de
changement dans les pratiques, et comme supplémentaires, celles qui
permettent de saisir la structure de la distribution en fonction des
caractéristiques qui nous intéressent (Pollak, 2009). Ces
variables, qui vont permettre d'éclairer la situation
étudiée, sont aussi dites explicatives ou illustratives (Cibois,
2007). Elles sont projetées dans le nuage de points mais ne participent
pas à sa construction.
5.3.3.2.2. Les axes factoriels, les variables et les
modalités associées
Les pourcentages d'inertie des différents facteurs issus
de l'analyse factorielle des correspondances multiples (AFCM) (figure V-4)
réalisée avec neuf variables (sept actives et
133
deux supplémentaires) (tableau V-7 ci-dessus) montrent
que l'essentiel (78,01%) de l'information est fourni par le plan F1-F2. F1
explique 63,88% de l'information et F2 en explique 14,13%. La forme
particulière, en parabole, sous laquelle se présente le nuage de
modalités est courante et désignée dans la
littérature sous le terme d'effet Guttman (Cibois, 2007). D'un point de
vue statistique, l'effet Guttman met en évidence l'existence de
corrélations entre variables. Dans le cas de notre jeu de données
il montre que les catégories d'éleveurs ne sont pas
discrètes, mais qu'il y a au contraire une continuité entre elles
avec des intermédiaires : il existe clairement des liens multiples entre
les réponses des éleveurs. On peut réduire l'effet Guttman
en jouant sur un meilleur équilibrage du nombre de modalités trop
différent entre les variables et sur un regroupement éventuel
pour que celles-ci n'aient pas un poids trop différents (Cibois, 2007).
Dans ce sens, les variables "effectif bovin du troupeau" (TaiTr) et "nombre et
types d'espèces animales dans le troupeau" (NEsp) comprenant
initialement neuf et sept modalités respectivement ont été
revues pour ne former que cinq modalités chacune. Il n'a cependant pas
été possible d'en faire autant pour la variable "nombre et types
de races bovines du troupeau (NRaB)" qui comprend sept modalités dont le
regroupement faisait perdre beaucoup d'informations. L'effet Guttman bien que
réduit à l'issue de cette opération, a néanmoins
persisté, mais le nuage tel qu'il se présente permet de bien
expliquer nos données.
La forte valeur enregistrée pour le facteur F1 dans
l'histogramme des valeurs propres (environ 0,29) (figure V-5) confirme, comme
montré plus haut, que ce facteur résume l'essentiel de
l'information ; en effet, le seuil empirique de forte liaison pour cet
indicateur est estimé à 0,1 (Cibois, 2007). Un tel cas traduit un
phénomène pratiquement unidimensionnel (Pollak, 2009),
l'interprétation du nuage peut donc reposer uniquement sur cet axe F1
comme nous l'avons fait.
Pour définir les différents pôles de l'axe
F1 par les variables qui leurs sont associées, nous avons
recherché celles qui contribuent le plus à ces axes. Ensuite,
parmi ces variables les modalités qui sont corrélées aux
axes ont été identifiées.
Ainsi, les variables les plus importantes (plus contributives)
pour cet axe sont la variable "effectif bovin du troupeau" (TaiTr) et la
variable "raisons de la pratique de la transhumance" (RTra) ; elles contribuent
toutes les deux à hauteur de19,40% dans la construction de F1.
En observant ensuite l'association ou la corrélation
entre les modalités des deux variables plus fortes contributrices et F1
(tableau V-8), on voit bien que les modalités RTra-5 (troupeau ne
transhumant pas) et TaiTr-1 (effectif bovin du troupeau inférieur
à 45 têtes de bovins) sont celles qui expliquent mieux l'axe
notamment son pôle négatif. Elles sont en effet, à la fois
fortes contributrices et bien corrélées à ce pôle.
Ces deux modalités sont par ailleurs proches sur le plan factoriel, ce
qui indique qu'elles sont associées entre elles et que des individus
exprimant l'un des deux caractères sont fortement susceptibles
d'exprimer l'autre.
134
Chapitre V. Les systèmes d'élevage
à Kotchari
Figure V-4. Graphique des variables de l'analyse factorielle des
correspondances multiples
Légende :
Les points et étiquettes en noir représentent les
variables actives ;
Les points et étiquettes en rouge représentent les
variables supplémentaires. TaiTr, effectif bovin du troupeau;
RLot, raison de l'allotement ;
RTra, raison de la transhumance ;
PAlt, pratiques alimentaires ;
NEsp, nombre et types d'espèces du troupeau ;
NRaB, nombre de races bovines du troupeau ;
LPat, Lieu de pâturage en saison sèche;
Eth, ethnie de l'éleveur ;
OrEl, origine de l'éleveur
135
Figure V-5. Histogramme des valeurs propres Tableau V-8.
Modalités expliquant le plan factoriel F1-F2
|
|
Modalités
|
F1
|
|
F2
|
|
Contribution
|
Cosinus carré
|
Contribution
|
Cosinus carré
|
RTra-5
|
0,10
|
0,82
|
0,00
|
0,01
|
TaiTr-1
|
0,09
|
0,75
|
0,00
|
0,02
|
LPat-3
|
0,08
|
0,47
|
0,00
|
0,00
|
PAlt-1
|
0,08
|
0,44
|
0,05
|
0,16
|
NEsp-4
|
0,07
|
0,34
|
0,03
|
0,11
|
PAlt-3
|
0,06
|
0,38
|
0,02
|
0,08
|
RTra-3
|
0,06
|
0,38
|
0,00
|
0,00
|
LPat-1
|
0,03
|
0,23
|
0,08
|
0,34
|
Légende :
Modalités en gras, modalités à la fois
fortes contributrices et bien corrélées à F1
Pour le reste des modalités, modalités non
corrélées alors qu'elles contribuent bien à l'un ou
à l'autre des axes ou aux deux axes à la fois.
RTra, raison de la transhumance ;
TaiTr, effectif bovin du troupeau;
LPat, Lieu de pâturage en saison sèche; PAlt,
pratiques alimentaires ;
NEsp, nombre et types d'espèces du troupeau ;
Par ailleurs, si on considère ces modalités une
à une et, en s'appuyant sur le fait que deux modalités s'opposent
lorsque l'angle formé entre elles, à partir de l'origine de
l'axe, est supérieur à 90° (l'opposition parfaite est
à 180°), et s'attirent lorsque cet angle est inférieur
à 90 ° (lien parfait à 0°) (Cibois, 2007), on peut
faire plusieurs déductions.
- La modalité Taitr-1 (plus petit
effectif bovin dans le troupeau) qui est liée au pôle
négatif du facteur F1, s'oppose aux modalités TaiTr-2, TaiTr-3,
TaiTr-4 et TaiTr-5. Cette
opposition est très nette avec les plus grands effectifs
bovins dans le troupeau (TaiTr-4 à TaiTr-5).
- La modalité RTra-5 (troupeau ne
transhumant pas), elle aussi négativement corrélée
à F1, s'oppose nettement (RTra-4) à très nettement
(RTra-3, RTra-2, RTra-1) aux modalités qui décrivent des
troupeaux en transhumance qui, elles, sont associées au
côté positif de l'axe.
A la lumière de ces constats, on peut déduire
que le facteur F1 exprime la taille et le degré de mobilité des
troupeaux. L'extrémité de son pôle négatif exprime
des troupeaux peu mobiles (RTra-5; ne transhument pas) et aux petits effectifs
bovins (TaiTr-1 ; nombre de bovins inférieur à 50 têtes)
tandis que celle du pôle positif est significative de troupeaux aux
grands effectifs bovins (TaiTr-4 à TaiTr-5 ; nombre de bovins
supérieur à 135 têtes) pratiquant la transhumance. Entre
les deux pôles, la situation est assez diverse, elle exprime des cas
intermédiaires entre les deux cas extrêmes.
5.3.3.2.3. Les catégories
d'éleveurs
Le comportement des modalités, leur caractère
ordonné le long de l'axe F1, qui est nettement
prépondérant indique que ce facteur F1 semble bien structurer
l'information en opposant les groupes d'éleveurs les plus
différents. L'axe F2, comme indiqué plus haut, semble par contre
peu informatif et ne permet pas d'expliquer notablement l'organisation des
variables et, en conséquence le comportement des éleveurs.
En conclusion, l'axe F1 distingue un premier groupe
d'éleveurs (pôle négatif de l'axe) ayant les
caractéristiques suivantes:
- éleveurs qui ne transhument pas (RTra-5),
- éleveur à troupeaux à effectif bovin de
petite taille (TaiTr-1 : 0 à 45 têtes)
Le groupe le plus opposé à ce premier groupe
(extrémité positive de l'axe) regroupe les éleveurs qui
:
- ont des troupeaux à effectif bovin de grande taille
généralement supérieure à 135 têtes (TaiTr-4
et TaiTr-5),
- pratiquent la transhumance pour diverses raisons notamment la
recherche de l'eau et du fourrage à la fois (RTra-3) ou seulement de
l'eau (RTra-1).
Les autres éleveurs se retrouvent dans une situation
relativement diversifiée plutôt intermédiaire par rapport
à ces deux groupes, ils se regroupent autour de l'origine du plan
factoriel. Dans cet ensemble d'éleveurs dont la taille du troupeau va de
46 à 135 têtes (TaiTr2 à TaiTr-3), la transhumance est
pratiquée et motivée surtout par la recherche de l'eau et du
fourrage (RTra-3 ; Rtra-1) mais aussi, pour quelques éleveurs, par
héritage culturel (RTra-4).
Par ailleurs, le positionnement dans le nuage de points des
modalités des variables supplémentaires Eth et OrEl (figure V-4)
est assez significatif et permet de donner une identité à ces
groupes d'éleveurs (figure V-6). Ainsi donc, les éleveurs du
groupe lié à la partie négative extrême de l'axe F1
sont des éleveurs résidents (OrEl-1), ils peuvent être
d'ethnie gourmantché (Eth-1) ou peule (Eth-2) ; ceux du groupe
lié à l'autre extrémité de F1 (pôle positif)
sont des non résidents venant d'horizons divers (autres zones du Burkina
: OrEl-
137
2 et OrEl-3; Niger : OrEl-4) de l'ethnie peule (Eth-2). Le groupe
intermédiaire comprend des Peuls (Eth-2) résidents (OrEl-1).
L'analyse hiérarchique (figure V-7) après une
classification k-means des éleveurs à partir de leurs
coordonnées sur les facteurs F1 et F2 (résultats de l'AFCM),
confirme ces comportements et le recodage a permis d'affecter chacun des
éleveurs dans les classes ainsi constituées : la catégorie
C1 qui comprend 98 éleveurs résidents d'ethnie gourmantché
(50 éleveurs) et peule (48 éleveurs), la catégorie qui
comprend des peuls essentiellement résidents pratiquant la transhumance
(51 éleveurs) et la catégorie C3 constituée de 51
éleveurs peuls essentiellement allochtones et transhumants (48
éleveurs).
Sous-catégorie C1-1 - Gourmantché
;
- Pas de bovins
Sous-catégorie C1-2
- Peul et Gourmantché ;
- Présence de bovins aux effectifs inférieurs
à 46 têtes
Catégorie 1 (C1)
- Éleveurs résidents et sédentaires -
Effectif bovin inférieur à 46 têtes - Non transhumants
Catégorie 2 ()
- Éleveurs peul résidents
- Effectif bovin entre 46 et 135 têtes - Transhumants
Catégorie 3 (C3)
- Éleveurs peul allochtones - Effectif bovin > 135
têtes - Transhumants
Figure V-6. Graphique de projection des éleveurs (analyse
factorielle des correspondances multiples) montrant leur répartition en
classes.
Figure V-7. Dendrogramme des groupes d'éleveurs
5.3.3.2.4. Caractéristiques des catégories
d'éleveurs
Les différents groupes d'éleveurs ainsi
constitués, nous avons fait appel aux autres modalités pour mieux
les caractériser, en tenant toujours compte des corrélations qui
existent entres les nouvelles modalités et celles qui ont permis de
séparer les groupes.
Le groupe C1 : constitué de 98 éleveurs
résidents non transhumants d'ethnie gourmantché (50
éleveurs) et peule (48 éleveurs), est un groupe dans lequel la
transhumance n'est pas pratiquée (figure V-6). Les troupeaux, quand ils
comprennent des bovins, ceux-ci sont à effectif faible (au plus 45
têtes). Ils sont majoritairement plurispécifiques (48% sont
formés à la fois de bovins, ovins et caprins) et comprennent
presque autant de bovins (19 têtes en moyenne) que d'ovins (17
têtes en moyenne) avec un effectif caprin moyen (dix têtes) le plus
élevé par rapport aux deux autres catégories
d'éleveurs (tableau V-9). Le sex-ratio (0,54) dans l'effectif bovin
indique qu'il y a plus de vaches que de taureaux (un peu plus de 1 taureau pour
2 vaches). Par ailleurs, ces éleveurs exploitent en saison sèche
le terroir de Kotchari ainsi que les terroirs avoisinant et le
complément fourrager distribué aux animaux en cette saison sont
issus des résidus de culture (tiges de sorgho, diverses fanes notamment
d'arachide et de niébé). Il faut noter que ce groupe
d'éleveurs, plus que les deux autres groupes suivants, a comme
activité principale l'agriculture mais l'apport de l'élevage dans
l'économie des ménages peut être considérable
surtout dans les ménages peuls.
L'analyse du comportement de ce groupe montre qu'il est assez
diversifié, ce qui autorise à le séparer en deux
sous-groupes. Pour ce faire, nous avons repris l'ACH en fixant cette fois la
troncature (nombre attendu de classes) à quatre, ce qui a permis de
reclasser les éleveurs du groupe dans deux sous-groupes. On a ainsi, la
sous-catégorie C1-1 qui comprend seulement quinze éleveurs tous
d'ethnie gourmantché et dont le troupeau ne comprend que des ovins et
des caprins exclusivement complémentés en saison sèche par
du fourrage cultivé. Cette souscatégorie d'éleveurs dont
les troupeaux sont conduits par de jeunes bergers familiaux (un berger par
troupeau) n'exploite que les pâturages du terroir de Kotchari en saison
sèche.
La sous-catégorie C1-2, quant à elle, regroupe le
reste des éleveurs de ce groupe (83 éleveurs dont 48 Peuls et
35 Gourmantchés) chez lesquels l'espèce bovine est
rencontrée dans les
139
troupeaux ; qui sont, par ailleurs, complémentés
à la fois en fourrage cultivé surtout mais aussi naturel
collecté et mis en stock. En saison sèche, les troupeaux de ce
groupe peuvent exploiter à la fois les pâturages du terroir de
Kotchari ainsi que ceux voisins.
Le groupe : catégorie d'éleveurs peuls
(51 éleveurs) résidents et transhumants dont l'effectif bovin du
troupeau oscille entre 45 et 135 têtes avec une moyenne de 88 têtes
(tableau V-9). Ici, l'effectif ovin (moyenne : 20 têtes) est
statistiquement le même que celui de la catégorie
d'éleveurs précédente (C1) et nettement plus
élevé que dans les troupeaux du groupe suivant (C3). En
général, les troupeaux comprennent soit l'espèce bovine
associée aux ovins (51%) ou les trois espèces (bovines, ovines et
caprines) (35%). L'espèce bovine comprend plusieurs races notamment les
associations des trois races courantes (Barbaji + Gurmaji et
Gurmaji + Jaliji) ou de ces deux races associées à
d'autres races moins importantes. Le sex-ratio (0,36), montre que ces troupeaux
se composent d'à peu près 1 mâle pour 3 femelles. C'est un
élevage à tendance « naisseur » dans lequel les vaches
semblent nettement privilégiées. Ici, l'allotement
majoritairement à deux lots (68%) se pratique avec comme motivations
premières l'allègement des charges sur les parcours (45%) et la
gestion des risques éventuels (43%). Ces éleveurs qui
transhument, sont, en saison sèche présents sur les
pâturages des pays voisins (53%) mais certains (16%) reconnaissent
fréquenter les aires protégées voisines. Enfin, pour
complémenter leurs animaux en saison sèche, ces éleveurs
font appel à diverses sources alimentaires (mise en stock de fourrage
naturel et cultivé, achat de concentré). Les bergers sont
essentiellement de la famille des propriétaires mais quelques troupeaux
(4%) associent à ces bergers des salariés. Au sein de ce groupe
les bergers peuvent être solitaires (39%), ou en binôme (33%) ou
même plus (27%) pour les plus grands effectifs.
Le groupe C3 : ensemble de 51 éleveurs peuls
transhumants allochtones (non résidents, ils viennent des terroirs et
départements voisins, des provinces plus ou moins voisines notamment le
Yagha et du Niger et seuls trois d'entre eux sont résidents de
Kotchari). Se consacrant presque exclusivement à l'élevage
(l'activité agricole est marginale), les effectifs bovins de leurs
troupeaux sont assez importants allant de 135 à plus de 200 têtes.
L'essentiel du bétail ici est donc constitué de l'espèce
bovine (effectif moyen : 135 têtes) avec une quasi absence de caprins
(effectif moyen : 0 têtes) (tableau V-9). Le sex-ratio (0,48) (moins de
un mâle pour deux femelles) statistiquement identique à celui
observé dans C1, permet de dire que les troupeaux de cette
catégorie ont également une tendance « naisseur » mais
moindre que précédemment (). Les races bovines du troupeau sont
la Gurmaji (Éleveurs du Burkina) (41%) ou la Jaliji
(éleveurs du Niger surtout) (29%) avec une forte combinaison des deux
(24%). Ces éleveurs qui sont généralement de passage pour
les pays voisins (Bénin et Togo), transhument à la rencontre de
l'eau, du fourrage ou des deux à la fois. La complémentation,
quand elle existe, est basée sur l'achat de concentré, la grande
taille des troupeaux ne permettant pas d'acheter suffisamment du fourrage
complémentaire. Notons qu'à cause justement de cette grande
taille, les troupeaux sont toujours subdivisés en deux lots (57%) ou en
trois lots (43%).
Tableau V-9. Caractéristiques des élevages dans le
terroir de Kotchari (Données d'enquête)
Effectifs moyens des espèces de
ruminants
Groupes d'éleveurs dans le
terroir
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Sex-ratio (mâles/femelles)
|
C1 (n = 98)
|
19,12
|
#177; 16,69a
|
17,39
|
#177; 10,75b
|
9,68
|
#177; 9,77c
|
0,54
|
#177; 0,21b
|
(n = 51)
|
87,84
|
#177; 36,77b
|
19,90
|
#177; 11,90b
|
4,20
|
#177; 5,31b
|
0,36
|
#177; 0,12a
|
C3 (n = 51)
|
174,71
|
#177; 46,34c
|
10,18
|
#177; 13,78a
|
0,12
|
#177; 0,84a
|
0,48
|
#177; 0,11b
|
Les valeurs situées sur la même colonne et portant
des lettres distinctes sont significativement différentes au seuil
á = 0,05 à p = 0,001 ; n, nombre d'éleveurs de la
catégorie.
|