5.3.3. Les acteurs et leurs pratiques d'élevage
5.3.3.1. Résultats généraux
La figure V-3 et le tableau V-7 synthétisent les
résultats généraux issus de l'analyse des données
issues des enquêtes.
Les éleveurs enquêtés sont essentiellement
des autochtones de Kotchari (150 éleveurs, soit 75%). Seulement 18 (soit
9%) ne sont pas des nationaux, les autres viennent des différentes
communes de la province (19 éleveurs, soit 9,5%) ou des provinces de la
Komondjari ou du Yagha (13 éleveurs, soit 6,5%), situées plus au
Nord-ouest de la Tapoa.
L'effectif du cheptel sur lequel a porté
l'enquête est de 14 631 têtes ; il comprend 109 73 bovins (soit
75%), 2 634 ovins (soit 18%) et 1 097 caprins (soit 7%) (figure V-3). Par
ailleurs, parmi les éleveurs enquêtés, seulement quinze
(soit 7,5%), tous Gourmantchés, ne possèdent pas l'espèce
bovine dans leurs troupeaux. Toujours au sujet des bovins, on peut noter que
49,5% des troupeaux ont un effectif de plus de 50 têtes et que 27% ont au
moins 100 têtes. En outre, huit troupeaux de plus de 200 bovins ont
été enregistrés qui appartiennent tous à des
éleveurs transhumants d'ethnie peule. En ce qui concerne les ovins, 50
éleveurs (soit 25%) n'en disposent pas, parmi lesquels on
dénombre sept Gourmantchés (soit 3,5%) et 43 Peuls (soit 21,5%).
Les caprins sont les moins représentés dans les troupeaux pris en
compte. En effet, 110 éleveurs (soit 55%) dont 102 Peuls (51%) et
seulement trois Gourmantchés (4%) n'en disposent pas au sein de leurs
élevages.
Figure V-3. Proportions des espèces dans l'effectif de
bétail enquêté (source : cette thèse, données
d'enquête).
Les troupeaux à effectifs majoritairement (48%) bovins
(TaiTr) de moins de 45 têtes sont surtout plurispécifiques (80%)
le plus souvent ils ne comportent que des bovins et ovins (35,5%) ou les trois
espèces bovines, ovines et caprines (33,5%). On note toutefois une bonne
représentation des troupeaux monospécifiques bovins (18%).
Dans les troupeaux, il est courant d'avoir plusieurs races
bovines (2 races et plus) (68%) avec notamment une combinaison de
Barbaji et de Gurmaji (33%) ou bien de Gurmaji et de
Jaliji (20%). Les troupeaux à plus de deux races (15%) ou
composés seulement de Gurmaji (11%) sont moins nombreux, mais
sont toutefois plus représentés que ceux qui n'ont que des
Barbaji (6%) ou que des Jaliji (7,5%).
Tableau V-7. Données générales sur
l'échantillon enquêté.
Variables
|
Modalités
|
Intervalles ou contenu des classes
correspondantes
|
Effectif d'éleveurs
|
Fréquence par modalité (%)
|
Variables actives
|
|
|
|
|
TaiTr
Effectif bovin du troupeau
|
1
2
3
4
5
|
[0 45]
[46 90]
[91 135]
[136 180]
Plus de 180 têtes de bovins
|
97
39 37
14 13
|
48,50 19,50 18,50 7,00 6,50
|
NEsp
Nombre et types d'espèces animales dans le troupeau
|
1
2
3
4
5
|
Bovins + Ovins + Caprins Bovins + Ovins
Bovins + Caprins
Bovins
Pas de bovins
|
67 71
11 36
15
|
33,50 35,50 5,50 18,00 7,50
|
NRaB
Nombre et types de races bovines du troupeau
|
1
2
3
4
5
6
|
Barbadji
Gurmaji
Jaliji
Barbadji + Gurmaji
Gurmaji + Jaliji
Autres (plus de 2 races bovines)
|
12 22 15 66
40 30
|
6,00 11,00 7,50 33,00 20,00 15,00
|
130
|
7
|
Chapitre V. Les systèmes d'élevage
à Kotchari
Aucun (Pas de bovins dans le
troupeau) 15 7,50
|
OrTr
|
1
|
Achat + Emprunt
|
49
|
24,50
|
Mode de constitution ou origine du troupeau
|
2
3
|
Héritage + Don Achat + Héritage
|
74 69
|
37,00 34,50
|
|
4
|
Autres (plus de 3 formes d'acquisition)
|
8
|
4,00
|
LPat
|
1
|
Terroir Kotchari
|
75
|
37,50
|
Lieu de pâturage en saison sèche
|
2
3
|
Kotchari + terroirs voisins Pays voisins: Bénin / Togo
|
59 58
|
29,50 29,00
|
|
4
|
Réserves voisines
|
8
|
4,00
|
RTra
|
1
|
Eau
|
28
|
28,00
|
Raisons de la pratique de la transhumance
|
2
3
|
Fourrages Eau+fourrage
|
5 64
|
5,00 64,00
|
|
4
|
Habitude
|
3
|
3,00
|
|
5
|
Ne transhume pas
|
100
|
----
|
NatBe
|
1
|
propriétaire ou parent
|
170
|
85,00
|
Type de berger utilisé
|
2
|
Salarié
|
13
|
6,50
|
|
3
|
Mixte (parent + salarié)
|
17
|
8,50
|
NBe
|
1
|
Un berger
|
110
|
55,00
|
Nombre de bergers utilisés
|
2
|
Deux bergers
|
45
|
22,50
|
|
3
|
Plus de deux bergers
|
45
|
22,50
|
NLot
|
1
|
Un lot
|
48
|
24,00
|
Allotement du troupeau
|
2
|
Deux lots
|
112
|
56,00
|
|
3
|
Plus de deux lots
|
40
|
20,00
|
RLot
Raisons dans l'allotissement du troupeau
|
1
|
Former lots homogènes (séparer bien portants des
fatigués,
malades, etc.)
|
39
|
26,53
|
|
2
|
Gérer les risques
|
48
|
32,65
|
|
|
Alléger les charges sur les
|
|
|
|
3
|
parcours
|
33
|
22,45
|
|
4
|
Faciliter la tâche des bergers
|
27
|
18,37
|
|
5
|
Ne pratique pas
|
53
|
----
|
|
1
|
Pâturage naturel
|
43
|
21,50
|
PAlt
|
2
|
Complément par fourrage naturel
|
15
|
7,50
|
Pratiques d'alimentation du troupeau
|
3
|
Complément par fourrage cultivé
|
62
|
31,00
|
|
4
|
Complément par concentré acheté
|
25
|
12,50
|
|
|
Complément cultivé, collecté et
|
|
|
|
5
|
acheté (fourrage et concentré)
|
55
|
27,50
|
Variables supplémentaires
|
|
|
|
|
Eth
|
1
|
Gourmantché
|
50
|
25,00
|
Ethnie de l'éleveur
|
2
|
Peul
|
150
|
75,00
|
|
1
|
Kotchari
|
150
|
75,00
|
OrEl
|
|
|
|
|
|
2
|
Dans la Tapoa
|
19
|
9,50
|
Lieu de résidence habituelle
|
3
|
Burkina Faso hors Tapoa
|
13
|
6,50
|
ou origine de l'éleveur
|
4
|
Non burkinabè
|
18
|
9,00
|
131
Les troupeaux enquêtés ont été
constitués par plusieurs voies notamment par héritage
associé soit au don (37%) ou alors à l'achat (34,50%). L'achat
auquel s'associe l'emprunt est aussi une forme bien représentée
(24,5%). Signalons que l'héritage est la forme dominante d'acquisition
chez les Peuls, alors que l'achat est la voie dominante chez les
Gourmantchés.
En saison sèche c'est dans l'espace du terroir
villageois que pâturent les troupeaux. Au total 67% d'éleveurs
adoptent cette pratique, 37,5% exploitent exclusivement les pâturages du
terroir et 29,5% mettent aussi à contribution les pâturages des
terroirs voisins. Une proportion importante d'éleveurs (29%)
déclare aller en transhumance, notamment au Bénin, alors que
seuls huit éleveurs (soit 4%) reconnaissent exploiter le parc W en plus
des pâturages du terroir.
Les motifs généralement évoqués
par les éleveurs qui transhument pour justifier leurs
déplacements parfois lointains sont la recherche combinée de
l'eau et du fourrage (64% des éleveurs) ou seulement de l'eau (28%).
Seulement 5% des éleveurs avancent la question fourragère comme
argument exclusif de déplacement alors que 3% d'entre eux inscrivent le
fait qu'ils pratiquent la mobilité par simple héritage familiale,
bien qu'ils n'ignorent pas par ailleurs, les avantages que la pratique procure
aux animaux.
La garde des animaux est d'ordinaire assurée par 1
berger (soit 55%), parfois 2 bergers (soit 22,5%) ou davantage (22,5%). Il
existe un lien étroit entre la taille du troupeau et le nombre de
bergers. En effet, les troupeaux suivis par au moins deux bergers sont
généralement de grande taille. Les bergers sont
généralement de proches parents (85%) (l'éleveur
lui-même, ses fils ou ses neveux), ou des proches aidés de bergers
salariés (8,5%). Il est plus rare (6,5% de cas) que le troupeau soit
gardé exclusivement par des bergers salariés.
L'allotement (division du troupeau en lots plus ou moins
homogènes) est une pratique bien ancrée dans les habitudes, elle
touche 76% des éleveurs. La préférence est de former deux
lots (56%) plutôt que trois ou plus (20%). Parmi les éleveurs qui
ont adopté la pratique d'allotement, les motivations sont
généralement le souci de gérer les divers risques
(dégâts de champs ou perte d'animaux, mortalités dues aux
longues marches pour les animaux malades ou épuisés par
l'âge par exemple) (32,65%). Mais il s'agit également de
constituer des lots homogènes (malades/bien portants ; adultes/petits ;
mâles/femelles) (26,53%), d'alléger les charges sur les parcours
(22,45%) ou encore d'alléger la tâche des bergers (19,05%).
En ce qui concerne les pratiques d'alimentation, la
complémentation (apport de compléments alimentaires
achetés, cultivés ou collectés et conditionnés) est
de rigueur. Elle est mise en oeuvre par 78,50% des éleveurs
enquêtés. Ainsi, seulement 21,50% d'entre les éleveurs
disent continuer de se contenter des fourrages directement
prélevés par les animaux sur les pâturages. Dans le groupe
d'éleveurs engagés dans la pratique de complémentation, la
majorité (40%) d'entre eux soit achète seulement du
concentré (12,50%), soit utilise diverses sources de compléments
(fourrage collecté, cultivé et achat de fourrage et de
concentré) (27,50%). Un grand nombre cependant (31%) de ces
éleveurs, généralement de grands agriculteurs, utilise
uniquement le fourrage issu des parcelles cultivées tandis que seulement
7,50% complémentent leurs animaux avec du fourrage naturel
collecté et mis en stock.
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