Photo V-1: Race Barbaji 5.3.2.2. La race Gurmaji(ou
Guiabo)
Cette race tire son nom de « Gurmaabe » qui
signifie en langue peule, les Peuls qui vivent en territoire gourmantché
(ou Peul du pays gourmantché). Selon les éleveurs, la race
Gurmaji serait originaire du pays gourmantché
précisément de la zone de Kantchari. Mais, alors que
Kaboré (2010) la considère comme résultant du
métissage entre de multiples races fréquentant la zone
(Keteji, Pulli, Kiwali, Jaliji, Gudali), les travaux de Santoir (1999)
indiquent plutôt qu'en réalité elle a été
introduite par les premiers immigrants peuls, c'est-àdire les
Gurmaabe.
Grande de conformation, la Gurmaji a une bosse
très développée et bien dressée chez le mâle.
La queue est également bien développée et a tendance
à frôler le sol. Le cornage, lui aussi bien
développé, est fait de longues cornes larges et peu robustes. Le
pelage est variable. L'âge au premier vêlage varierait entre trois
et quatre ans et l'intervalle de mise bas serait de deux ans environ dans les
conditions actuelles. Avec la Barbaji, cette race est la plus
représentée dans les effectifs ce qui s'explique par sa
très bonne adaptation aux conditions locales. Elle combine en effet la
trypanotolérance observée chez les Barbaji avec les
performances productives (viande et lait) des zébus sahéliens,
mais les informations sur son adaptation à la marche sont
contradictoires. En effet, alors que la population la considère comme
bonne "marcheuse", (Kaboré, 2010) avance le contraire, ce qui lui fait
dire d'ailleurs que cette race est signe de
sédentarité61.
Cliché Guiré R.
Photo V-2: Race Gurmaji 5.3.2.3. La race Kiwali
Cette race est originaire du Nigeria, plus
précisément du pays haoussa, où résiderait une
communauté d'éleveurs d'ethnie « Kiwabe ».
Elle a été introduite dans le terroir il y a environs 50 ans par
des migrants peuls et ne se rencontrerait que dans quelques troupeaux des
descendants de ceux-ci.
De très grande taille, cette race doit surtout sa
particularité à son cornage fait de longues et robustes cornes
tournées vers l'arrière et à sa longue queue. La bosse
n'est pas développée. De nos jours, la race pure est pratiquement
inexistante et l'on rencontre surtout des métis présentant des
traits intermédiaires soit entre la Kiwali et la Barbaji,
soit entre la Kiwali et la Gurmaji.
Dans les conditions actuelles, l'âge au premier
vêlage serait de quatre ans et l'intervalle de mise bas de deux ans.
Très exigeante en alimentation, la Kiwali se distingue surtout
par sa capacité à parcourir de longues distances. Sa faible
rusticité alimentaire la rend cependant
61 Dans la suite du document nous retenons le point de
vue de la population compte tenu de la démarche adoptée.
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vulnérable au manque de ressources et aux maladies.
Elle serait une bonne laitière selon les éleveurs et
présente une très bonne rentabilité économique au
regard de sa grande conformation.
Cliché Guiré R.
Photo V-3: Race Kiwali 5.3.2.4. La race
Boboroji(Mbororoojiou Borheji
Cette race, très esthétique, de robe
généralement rouge, est originaire du pays Woodabe (ou
Bororo), un groupe de Peuls pasteurs rencontré entre l'Est du
Niger, le Nord-est du Nigeria, le Sud-ouest du Tchad (Bovin, 1999), et du fait
d'une migration ancienne, dans le Nord Cameroun et en Centrafrique (Lhoste,
1969). Elle a été introduite dans le terroir de Kotchari via le
Niger. Elle est de grande taille et se caractérise par son pelage
généralement roux, son fourreau pendant, son cornage
développé. La bosse est assez développée et
tombante. La hauteur au garrot oscille entre 75-120 cm pour un poids variant
entre 250-300 kg (femelle) et 350-500 kg (mâle). L'âge au premier
vêlage et l'intervalle de mise bas se situeraient respectivement à
42 mois et à 11 mois alors que la production laitière est faible
: 1- 1,6 l/jour pendant 180-200 jours. Le rendement carcasse est de 40%- 50%.
Réputée pour ses capacités à parcourir de longues
distances au pâturage, elle est cependant exigeante et sélective
en alimentation (Amadou, 1999 ; Boutrais, 1996 & 2002) et très
sensible aux trypanosomoses (Boutrais, 2002). Elle résiste à la
soif, mais est très sensible à la faim selon les éleveurs.
Ceci pourrait expliquer sa faible représentation dans les troupeaux.
Boutrais (1996) note par ailleurs que le Boboroji (Red
Bororo) a un comportement sélectif au pâturage alors que la
White Fulani (Akuuji) qui lui est proche (ce sont toutes deux
des pseudo-Zébus) et qui est plus rustique a une pâture
plutôt rasante cependant dommageable pour l'équilibre des
pâturages. Pour les éleveurs de Kotchari, même si cette race
est économiquement rentable, la difficulté de son élevage
réside dans sa faible prolificité et son caractère sauvage
qui fait d'elle une race à la contention difficile. Cela n'est pourtant
pas toujours négativement perçu dans certaines communautés
pastorales car l'attitude « guerrière » (na'i
kono)62 des vaches Boboroji (Boutrais, 2002) est
propice à des activités pastorales en contexte
d'insécurité (vol, prédation, etc.).
62 Signifie vaches guerrières (Boutrais, 2002).
Cliché Convers (2002)
Photo V-4: Race Boboroji
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