1.1.3. Des mutations agricoles porteuses de risques pour
les équiibres socio-économique et environnemental.
A partir des périodes sèches des années
soixante dix et quatre vingt, un certain nombre de mutations tant agricoles que
pastorales ont été observées dans l'Est du Burkina Faso.
En effet, les animaux en transhumance ne s'arrêtaient plus au nord de la
rivière Tapoa. Désormais ils descendaient plus au sud
jusqu'à une limite méridionale qui se situait au Bénin et
au Togo, au-delà des frontières nationales. Par ailleurs, le
retour en force en 1996/9712 et l'explosion de la culture du coton
était patent dans la région et notamment dans la province de la
Tapoa. Les productions annuelles y sont passées de 2600 tonnes environ
en 1996 à 36513 tonnes en fin de campagne 2004/2005, puis elles ont
amorcé une baisse. Une croissance aussi rapide a eu pour corollaire des
défrichements à grande échelle qui ont
accéléré l'avancée du front agricole. De plus, les
exploitations agricoles sont devenues pluriactives et de plus en plus
orientées vers le marché. Ceci, en réduisant les
complémentarités à l'intérieur des familles ou
entre les familles, a fragilisé le tissu social. En outre, les relations
de réciprocité séculaires, qui prévalaient encore
naguère entre les communautés d'agriculteurs et d'éleveurs
(Thébaud, 1995 ; Boutrais, 1999a) ont sensiblement perdu de leur poids.
Par ailleurs, cette fragilisation du tissu social et le rapprochement plus
accentué au marché ont provoqué le morcellement des
parcelles agricoles et la compétition pour le contrôle de
l'espace-ressource (Barrière & Barrière, 1997)13
menaçant ainsi la cohésion sociale, l'intégrité des
parcours et celle des aires protégées. En même temps que
cette évolution des pratiques de transhumance et que l'essor des
cultures de rente notamment du coton, un transfert de propriété
du cheptel s'est opéré (Paris, 2002 ; Sawadogo, 2004). Toute la
région est désormais peuplée en majorité de
communautés d'agropasteurs ou d'agroéleveurs du fait de la forte
propension des agriculteurs à pratiquer l'élevage, notamment de
petits et grands ruminants. Pour leur part, de nombreux Peuls se
sédentarisent en pratiquant l'agriculture. Enfin, les mesures sanitaires
prises depuis les premières années des indépendances ont
permis d'endiguer les simulies et les glossines (Toutain et al. 2001;
Paris, 2002; Convers, 2002 ; Thébaud, 2002), vecteurs respectifs de
l'onchocercose et de la trypanosomose ; elles ont favorisé la pratique
de l'élevage.
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