4.2.3. Enquêtes sur la qualité des
espèces fourragères : la valeur pastorale
La valeur pastorale constitue avec la capacité de
charge, deux indicateurs qui permettent d'appréhender globalement la
valeur des pâturages (Zoungrana, 1991). La valeur pastorale est une
méthode d'évaluation de la qualité fourragère des
parcours (Daget & Poissonet, 1971 ; Daget & Godron, 1995 ;
César, 2005), elle dépend à la fois de la contribution
spécifique des espèces (CSi) et de leur indice de qualité
spécifique (ISi). Cette dernière correspond soit aux valeurs
bromatologiques des espèces végétales des milieux
analysés ou alors aux notes attribuées par des éleveurs
(bergers, propriétaires de troupeaux, personnes ressources)
enquêtés (encadré IV1).
Encadré IV-1. L'indice de qualité
spécifique, une valeur relative
L'indice de qualité spécifique, est subjectif et
inconstant car il dépend à la fois de
l'appétibilité, de la valeur alimentaire, de
l'accessibilité de l'espèce végétale et de
l'espèce animale. Il est obtenu selon les caractéristiques
bromatologiques des espèces ou selon la classification des bergers
(Zoungrana, 1991 ; Kièma S., 2007) par détermination de classes
d'appétence. Le rapprochement qui est fait entre l'indice de
qualité et la composition chimique est cependant, souvent
inopérant. En effet, l'appétibilité bien qu'étant
un paramètre important, est une notion relative car les animaux
choisissent différemment selon le disponible fourrage et/ou les
espèces qui sont à leur disposition dans le pâturage
(Boudet, 1978 ; Zoungrana, 1991).
Par ailleurs, les animaux peuvent être amenés
à consommer des espèces de moindre appétence ou
ordinairement délaissées si le pâturage manque des
espèces les plus appréciées ou est de qualité
pauvre. Ceci est confirmé par Le Houerou (1980) à partir
d'observations faites sur les ligneux. Il note en effet, que des espèces
comme Boscia senegalensis et Calotropis procera, qui sont de
bonne valeur chimique, sont peu ou nullement consommées,
alors que des espèces comme Combretum acculeatum,
Grewia tenax, Stereospermum kunthianum ou Oxytenanthera
abyssinica sont recherchées malgré une valeur nutritive
moins bonne ou médiocre.
Nous avons en conséquence adopté la
classification des bergers qui, en plus, a été utilisée
avec succès par beaucoup d'auteurs comme César & Coulibaly
(1993), Daget & Godron (1995), Akpo & Grouzis (2000) et Kièma S.
(2007). L'indice obtenu de cette manière est fiable mais seulement dans
le cadre d'une étude visant à comparer divers pâturages
d'un même territoire comme dans notre cas.
Le nombre de classes utilisées dans le cas de la
classification des bergers dépend de la capacité des
interlocuteurs à bien classer les espèces. Ainsi, Akpo (2000),
Dahlberg (2000), Akpo et al. (2002), Kièma S. (2007),
Rakotoarimanana & Grouzis (2006), travaillant dans des contextes
différents, ont considéré quatre classes alors que Le
Houérou (1980) et César & Coulibaly (1993), dans le cadre de
leurs travaux en Côte d'Ivoire, en distinguent six (0 à 5). Pour
leur part, Grouzis (1982) et Daget & Godron (1995) définissent cinq
classes allant de 0 (non appété) à 4 (très bien
appété). C'est également ce même nombre de classes
que nous avons défini à l'issue de nos entretiens exploratoires
(tableau IV-2).
Tableau IV-2. Classes de qualité fourragère des
espèces établies avec les éleveurs de Kotchari
Classe d'indice de Appréciation de la Niveau
d'appétence par les bovins
qualité spécifique qualité
fourragère
0 Nulle Habituellement non appété
1 faible Habituellement peu appété
2 Moyenne Habituellement moyennement appété
3 Bonne Habituellement bien appété
4 Très bonne Habituellement très bien
appété
La classification des espèces fourragères des
cortèges floristiques des différentes unités
paysagères dans ces différentes classes de qualité a
permis de déterminer les valeurs pastorales desdites unités.
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