4.2.2.3. Relevés de la strate ligneuse
L'intérêt porté à l'analyse de la
strate ligneuse (arbres, arbustes et arbrisseaux) se justifie par plusieurs
raisons. Tout d'abord, on sait que les espèces ligneuses et
herbacées réagissent différemment, en savane soudanienne,
vis-à-vis des facteurs anthropiques (Devineau et al. 2009), les
premières étant les témoins des évolutions sur le
long terme (César, 1992). Par ailleurs, Akpo (1992) montre qu'au niveau
du système d'exploitation, l'arbre améliore les conditions
d'élevage en agissant positivement sur la strate herbacée
(production, matière azotée digestible, énergie) et en
produisant des feuilles vertes pendant au moins 9 mois de l'année.
L'apport de la strate ligneuse dans l'alimentation des animaux apparait donc
inestimable et prépondérante pendant la saison sèche
chaude au cours de laquelle le fourrage herbacé est rare et de
très mauvaise qualité (Lapeyronie & Le Floc'h, 1995). Le
Houérou (1980) estime, en effet, que la consommation de fourrage ligneux
en saison sèche est indispensable pour compenser les déficits en
phosphore et carotène de la paille. Ce que confirme Rivière
(1991) qui montre qu'un troupeau exclusivement nourri en paille pendant la
saison sèche, présentait des carences assez graves en vitamine A
pouvant aller jusqu'à la cécité. Des études ont pu
montrer que certains ligneux, disponibles en Afrique, tels que Acacia
albida, Acacia seyal, Balanites aegyptiaca, Leucaena leucocephala, Pterocarpus
erinaceus, Afzelia africana, Ficus spp., etc. présentaient des
valeurs nutritives intéressantes pour les animaux et étaient
aptes à améliorer qualitativement des rations à base de
fourrages pauvres de saison sèche (Le Houérou 1980; Koné
1987; Fall 1993, KaboréZoungrana, 1995) malgré les
problèmes d'accessibilité physique et la présence de
certains facteurs limitant de nature anti métabolique et
anti-nutritionnelle comme les tanins et les autres composés secondaires
que sont les phénols, l'anthocyane et la mimosine (Skearman, 1982; Fall,
1993 ; Baumer, 1997).
La part des ligneux dans les rations est variable en fonction
de leur accessibilité physique, de l'espèce animale, de la
période de l'année et même du contexte
écoclimatique. En effet, Breman & De Ridder (1991) notent que
seulement 25 % de la production annuelle des ligneux est disponible pour les
animaux qui peuvent avoir de 85, 50 et 25 % MS (respectivement pour les
caprins, les ovins et les bovins) de leur régime constitués de ce
type de fourrage. Les travaux de Bourbouze (1982) effectués dans les
montagnes marocaines montrent qu'en janvier, les rations des caprins
étaient presque exclusivement constituées de ligneux (91 %) alors
qu'en juillet la part de ce type de fourrage n'atteignait plus que 3%. Daget
& Godron (1995) ont par ailleurs noté que chez les caprins la ration
pouvait comprendre entre 50% et 90% de fourrage ligneux alors que chez les
ovins et bovins elle tournait respectivement entre 20 et 40% et entre 5 et 10%.
Selon Von Maydell (1983), au moins 75 % des ligneux sont broutés au
Sahel et en zone nord soudanienne de manière temporaire ou
permanente.
Par ailleurs, les ligneux ont des cycles phénologiques
assez diversifiés (MuellerDombois & Ellenberg, 1974 ; Grouzis &
Sicot, 1980 ; Guérin & al. 1991 ; César, 1992 ;
Devineau, 1997 & 1999), ce qui rend disponible le matériel
végétal tout au long de l'année pour être mis
à contribution dans la ration des animaux.
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La structure de la strate ligneuse - arbres, arbustes et
sous-arbustes ou buissons (Descoings, 1975) - a été
analysée par recensement exhaustif sur les placeaux pour permettre un
calcul de densité (nombre de pieds par hectare). Le recouvrement ligneux
(R), qui exprime le quotient de l'aire de projection des couronnes ligneuses
sur le plan horizontal par l'aire totale du placeau (Descoings, 1975), a
été évalué par la méthode de l'interception
linéaire (Canfield, 1941; Mueller-Dombois & Ellenberg, 1974 ; Kaiser
1983) avec, par placeau, 3 lignes parallèles matérialisées
au sol, de 50 m de long et espacées de 20 m. La méthode a
consisté à projeter, à l'aide d'une perche verticale
longue de 5 m environ, la couronne des ligneux sur la ligne au sol. Dans les
cas où les ligneux formaient une touffe ou lorsque les couronnes se
chevauchaient ou se superposaient, le diamètre du houppier au sol a
été mesuré pour l'ensemble de la touffe (ou des couronnes
superposées) et non séparément, contrairement à
Kièma S. (2001). Cet auteur dans ses travaux conduits dans les
forêts classées du Maro et du Tuy, a en effet
considéré individuellement chaque ligneux formant les touffes et
a par moment obtenu des taux de recouvrement supérieurs à 100%
à cause du chevauchement ou de la superposition des couronnes entre
individus.
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