4.2.2.2. Évaluation de la phytomasse
herbacée
La valeur d'un pâturage prend en compte la
quantité d'herbe offerte (production primaire) et sa qualité
comprenant sa valeur bromatologique (valeur fourragère) ou son
degré de palatabilité défini par observation du
comportement alimentaire des animaux ou par déclaration des
éleveurs (indice de qualité) et sa teneur en
macroéléments et oligoéléments (Boudet, 1978 ;
Zoungrana, 1991).
On appelle phytomasse ou biomasse végétale, le
poids par unité de surface, exprimé en matière
sèche, du total de la matière vivante et morte des
végétaux (Duvigneaud, 1974 ; Daget
48 Kièma (2007) explique clairement cette
notion déjà évoquée par Sawadogo (1986) et dont les
auteurs sont Daget & Poissonet (1971). Il simplifie l'expression en
considérant comme « espèce productrice » dans un
groupement végétal, toute espèce dont la contribution
spécifique dépasse 5%.
49 La précision d'échantillonnage est
variable d'un pâturage à un autre en fonction du degré
d'hétérogénéité de la strate
herbacée. C'est pourquoi, pour se rapprocher le plus possible du nombre
de points nécessaires sur le pâturage étudié, on
recommande de recourir à la détermination de l'intervalle de
confiance (IC) au risque d'erreur á à partir de la
fréquence de l'espèce dominante (Grouzis, 1982 ; Boudet, 1984).
IC = p #177; t v?p*q/N avec p = fréquence de l'espèce
dominante ; q = (1-p) ; N = nombre total de contacts ; t= t de Student pour le
risque á.
& Godron, 1995). Il faut y distinguer la biomasse
proprement dite équivalente aux parties vivantes, et la
nécromasse constituée des parties mortes (Duvigneaud, 1974). En
général, pour plusieurs raisons (faible participation du fourrage
ligneux à la ration des animaux pendant une bonne partie de
l'année, estimation difficile de sa production primaire, etc.), la
biomasse évaluée porte uniquement sur la strate herbacée.
La production tant quantitative que qualitative de cette biomasse
herbacée est influencée en zone soudanienne par nombre de
facteurs comme la pluviosité (Fournier, 1991 ; Kabore-Zoungrana, 1995),
le sol (Breman & De Ridder, 1991), le rayonnement solaire (Cocheme &
Franquin, 1968) et les propriétés des végétaux
eux-mêmes (Breman, 1975 ; Boudet, 1975 & 1978). La nature
hétérogène des pâturages en termes de composition
floristique et de contribution spécifique et la variabilité
climatique fait que la biomasse produite varie au cours de l'année.
Ainsi, en saison sèche, la quantité de biomasse herbacée
diminue considérablement et sa qualité se déprécie
avec la perte de certains constituants cellulaires (matière
azotée notamment) et le développement des tissus de soutien tels
que la lignine (Kabore-Zoungrana, 1995 ; Kagoné, 2000).
La biomasse végétale peut être
estimée de plusieurs manières avec des résultats forts
différents (fauchages successifs à des intervalles
réguliers durant la période active de végétation ou
fauchage en un seul temps à la fin de la période active
correspondant à la période de fructification). Toutefois, la
biomasse mesurée à la fin de la période active,
correspondant au maximum de production, est une bonne expression de la
productivité des pâturages de la savane car elle donne des
indications sur son potentiel de productivité (Boudet, 1978). Nous avons
retenu cette approche et seule la partie épigée de l'herbe a
été récoltée intégralement au stade de
maturation des semences à l'intérieur de 30 placettes
carrées de 1 m2 (1m x 1m) (Grouzis 1988 ; Boudet, 1978 &
1991 ; Fournier, 1991), ce qui permet d'atteindre un taux de précision
d'environ 20 % (Levang, 1978). Les placettes ont été
disposées tous les 5 m sur 5 lignes parallèles espacées de
10 m. Les prélèvements par fauchage à 2 cm du sol ont
été effectués début octobre, période
où la phytomasse est maximale.
La précision (P) des mesures a été
déterminée selon la formule de Daget et Poissonet (1971) :
tó
P ( % ) = ×100
xN
Avec
t, coefficient de Student (P = 0,5)
ó, écart-type
x, poids moyen par placette d'1 mètre
carré N, nombre de placettes par placeau
73
Notons que, même si elle est destructrice, longue et
souvent fastidieuse, la méthode de récolte intégrale a
l'avantage d'être simple, particulièrement fiable (Fournier, 1991
& 1994) et économique. Par ailleurs, un éventuel effet de
bordure lié à la forme des placettes peut être
minimisé en utilisant des placettes circulaires.
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