4.2.2. Analyse phytoécologique par relevés au
sol
Le but de l'analyse phytoécologique était
d'établir une typologie des pâturages du terroir de Kotchari en
validant les unités paysagères issues de l'analyse d'image mais
aussi en caractérisant leur végétation et leur valeur
pastorale. Cette analyse s'est fondée sur des relevés
phytoécologiques, chacun étant un ensemble d'observations
phytoécologiques qui concernent un milieu déterminé
(Boudet, 1978 ; CEPE, 1983), il produit le portrait d'une portion de
végétation choisie dans ce milieu (Grouzis, 1982).
Ces relevés ont été effectués sur
le terroir de Kotchari et dans la partie adjacente du Parc du W dont l'usage
par les pasteurs est avéré. L'échantillonnage a
visé à rendre compte de la diversité
végétale présente dans chacun de ces deux espaces. Un
total de 45 relevés (21 dans l'aire protégée et 24 en
dehors) ont été faits sur des placeaux de
végétation les plus homogènes possible.
Les relevés ont consisté en un inventaire
séparé des strates végétales herbacée et
ligneuse - comme le préconisent Trochain (1940), Gounot (1969) et
Zoungrana (1991) - ainsi qu'en des observations sur la nature des sols et la
topographie du milieu. La superficie des placeaux, 2500 m2 (50 m x
50 m), était conforme aux surfaces généralement
utilisées par les auteurs qui travaillent en zone soudanienne : 1200
m2 pour Hahn-Hadjali (1998), 1600 m2 pour Devineau (2005)
et 3000 m2 pour Hiernaux (1975).
Par ailleurs, pendant l'exécution des relevés,
des herbiers, représentant les espèces végétales
dont les noms scientifiques ne sont pas connus, ont été
récoltés et ont servi à des identifications
ultérieures à l'aide de flores. La conformité,
l'orthographe ainsi que l'actualité des noms ont été
vérifiés sur le site web du Conservatoire des Jardins Botaniques
de Genève.
Toutes les activités d'inventaire ont eu lieu entre 2007
et 2009, en fin septembre.
4.2.2.1. Relevés de la strate
herbacée
La composition et la structure spécifique de la strate
herbacée ont été étudiées par analyse
linéaire selon la méthode quantitative des points quadrats (Daget
& Godron, 1982 ; Daget & Poissonet, 1971) au moment du maximum de
phytomasse, c'est-à-dire quand la végétation
herbacée est au stade fin floraison-début fructification dans
cette région.
La méthode des points quadrats (ou des points
contacts), mise au point en NouvelleZélande, développée en
Australie et en France (CEPE de Montpellier) a été
appliquée aux
pâturages africains avec succès par bon nombre
d'auteurs notamment Daget & Poissonet (1971), Poissonet & César
(1972), Daget & Godron (1982), Fournier (1982, 1983), Akpo et al.
(1995), Kagoné (2000), Botoni (2003), Kièma S. (2007).
Cette méthode est beaucoup plus longue à mettre
en oeuvre que la méthode de notation d'abondance-dominance de
Braun-Blanquet. Cependant, elle est particulièrement recommandée
lorsqu'une précision des mesures est recherchée, notamment
lorsqu'on cherche à caractériser et à quantifier, comme
c'est le cas ici, l'état des milieux soumis aux actions anthropiques
(Kièma S., 2007). En effet, (i) elle est performante dans l'inventaire
des espèces situées sur les lignes de relevés, (ii) elle
permet de déterminer les « espèces productrices »48 de
biomasse et leurs fréquences, (iii) enfin, lorsque le nombre de
relevés est important, le nombre de contacts par point donne des
biovolumes pouvant s'assimiler à la phytomasse (Poissonet &
Poissonet, 1969).
Dans chaque placeau, un ruban de 20 m de long, tenu par deux
piquets fixés au sol, est placé horizontalement à la
surface du tapis herbacé ou en son sein. Les lectures sont faites d'un
bout à l'autre du ruban tous les 20 cm et il est noté la
présence-absence des espèces interceptées par la tige
métallique, chacune étant comptée une seule fois par point
de lecture (Boudet, 1978 & 1991). L'opération a été
répétée quatre fois par placeau sur des lignes de
relevés disposées parallèlement tous les 10 m, ce qui a
donné 400 points de lecture. On considère en
général que pour avoir une bonne précision
d'échantillonnage (de 5 % environ)49, le nombre de points de
lecture nécessaires doit être d'au moins de 200 (Rippstein, 1985 ;
Grouzis, 1988 ; Zoungrana, 1991 ; Sinsin, 1993 ; Sawadogo, 1996). Plus
généralement, selon Daget & Poissonet (1971), à mesure
que le nombre d'observations s'élève, l'intervalle de confiance
de la fréquence centésimale se réduit rendant la mesure
plus sûre.
La liste floristique a ensuite été
complétée en inventoriant les espèces situées en
dehors des lignes de relevé.
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