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Ressources fourragères et représentations des éleveurs, évolution des pratiques pastorales en contexte d'aire protégée. Cas du terroir de Kotchari à  la périphérie de la Réserve de biosphère du W au Burkina Faso

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par Issa Sawadogo
Museum national d'histoire naturelle de Paris (ED 227) - Docteur du museum national d'histoire naturelle spécialité physiologie et biologie des organismes  2011
  

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CHAPITRE I

6

CONTEXTE GENERAL ET PROBLEMES DE

RECHERCHE

7

1.1. Le contexte de la recherche: pastoralisme, aires protégées et essor du coton

1.1.1. La région de l'Est et l'élevage pastoral : entre perspectives et incertitudes

L'histoire de l'élevage dans le Gurma3 est intimement liée à celle de l'installation et de l'expansion des peuples pasteurs peuls dans la région qui se sont faites d'Ouest en Est (Benoit, 1998 & 1999a). Cette région que Santoir (1998) décrit comme de « vastes, riches et vides savanes » (jusqu'au début du 19ème siècle, la densité humaine y était d'environ 2-3, habitants/km2), a attisé la convoitise des Peuls qui tentaient déjà de s'y établir dès le 15ème siècle. A cette période déjà, les territoires avoisinant du Moogo, du Yagha, de Torodi et du Gueladio connaissaient des charges humaines ou pastorales élevées. Certains facteurs comme les razzias, les attaques de fauves et les risques sanitaires (avec la peste bovine, la trypanosomose et l'onchocercose) vont limiter cette affluence peule à quelques zones de forte concentration humaine (Zones de Diabo, Tibga, Comin-Yanga et autour du Gobnangou), le reste de la région situé entre la rive droite du fleuve Niger et le Borgou au Bénin, constituant ce que Benoit (1998) a appelé un « no man's land ». À ce propos, l'auteur fait remarquer que « jusqu'en 1937 on ne signalait pas une présence de bétail dans la rive droite du fleuve Niger ». Les premiers éleveurs peuls, dont les effectifs animaux sont peu importants, vont rapidement se sédentariser4 et pratiquer l'agriculture tandis que les autochtones gourmantchés, essentiellement agriculteurs, continuent d'entretenir de petits effectifs de bétail peu intégré à l'agriculture et servant essentiellement à payer la dot et la liberté (Santoir, 1998).

Le phénomène de transhumance existait alors déjà, mais il se limitait à de faibles déplacements d'animaux à l'intérieur de la zone sahélienne surtout pour chercher de l'eau. Santoir (1999) rapporte en effet, que jusqu'en janvier 1973 les transhumants sahéliens ne dépassaient guère le sud du Yagha.

À partir de la première moitié du 19ème siècle, de nombreux facteurs vont favoriser l'occupation intégrale de l'espace et une forte pression sur les ressources toujours en cours de nos jours. En effet, grâce à des recherches sur les systèmes d'élevage essentiellement orientées vers l'amélioration génétique et des conditions sanitaires, la lutte contre les grandes épizooties commence à porter ses fruits (Carrière & Toutain, 1995; Benoit, 1998). Cette situation nouvelle, ajoutée à la baisse des attitudes guerrières, esclavagistes et génocidaires de l'époque (Benoit, 1999a) va favoriser une croissance du cheptel local. Elle permet aussi un début d'affluence de transhumants des zones septentrionales qui se gardent toutefois de franchir la rivière Tapoa, bien que le parc national du W ait fait l'objet d'une exploitation pastorale dès son classement en 1954, (Kagoné, 2004, comm. pers.). Cette affluence perdurera

3 Le Gurma correspond à l'origine à un vaste territoire allant au-delà des frontières du Gourma actuel (ou Gulmu) qui comprend les Provinces de la région administrative de l'Est (Gourma, Gnagna, Kompienga, Komondjari, Tapoa) dont la superficie globale est de 46256km2 (DRED-Est, 2005).

4 On signale tout de même la présence de pasteurs aux gros effectifs dans la zone de Kantchari-Botou

jusqu'aux années 70 où, à la faveur des grandes sécheresses (1973-74 et 1983-84)5, les flux migratoires du cheptel sahélien vont accompagner l'occupation, devenue plus intensive, par le cheptel local, de l'espace méridional plus au sud désormais moins hostile. La rivière Tapoa n'est franchie par les animaux transhumants qu'à partir de 1984 (Benoit, 1998 & 1999a).

De nos jours, la région a acquis un caractère nettement agropastoral et grâce à une densité humaine longtemps restée faible et à une rigoureuse politique de conservation, elle offre un potentiel fourrager relativement intéressant en qualité et en quantité. Ceci a fait d'elle une zone de convergence des nombreux transhumants sahéliens (Nigériens et Burkinabés du Nord) qui descendent de plus en plus au sud (Boutrais, 1994 ; Benoit, 1999b). Par ailleurs, l'explosion démographique6, la diversification des activités au sein des ménages gourmantchés qui s'intéressent de plus en plus à l'élevage, le retour en force de la culture du coton dans la région en 1996, sont causes aujourd'hui d'un effectif impressionnant de bétail7 menaçant l'équilibre écologique des parcours, les actions de conservation et, à terme, la viabilité même du système pastoral. Selon Benoit (1998), la pression pastorale sur la réserve de biosphère du W est un fait majeur d'échelle internationale s'exerçant dans un contexte de saturation générale de l'espace par le bétail.

Actuellement, deux modes d'élevage se côtoient dans la région : le mode sédentaire et celui transhumant (Guibert & Prudent, 2005). Le premier est celui des résidents gourmantchés, mossi et de quelques Peuls, il est le plus important en termes d'unité bétail tropical (UBT). Le second est celui des pasteurs peuls qui séjournent de plus en plus longtemps sur place.

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