La végétation du domaine soudanien du Burkina
Faso, domaine dont relève notre zone d'étude, est essentiellement
constituée de savanes considérées comme des
écosystèmes complexes et dynamiques. Il existe une abondante
littérature sur l'origine et la nature des formations savanicoles
(Schimper, 1935 ; Burtt-Davy, 1938 ; Trochain, 1940 ; Aubreville, 1957 ; Birot,
1965 ; Schnell, 1971 ; Boudet, 1978 ; Beani & Dessi, 1984 ; Fournier, 1991
; César, 1992 ; Breman & Kessler, 1995 ; Menaut et al.
1995, etc.). Un point de vue considère les savanes comme étant
des formations naturelles climaciques17 (Schimper, 1935 ; Birot,
1965 ; Petit, 1990 ; Ramade, 1994) pendant que certains spécialistes de
la question (par exemples Schnell, 1971 ; Dajoz, 1982) admettent que la nature
des climax tropicaux est forestière, les savanes étant alors des
formations secondaires résultant d'actions anthropiques (Dajoz, 1982 ;
Harchies et al. 2007). Une hypothèse toute récente
(Beerling & Osborne, 2006) veut que ces formations, constituées
d'herbes à photosynthèse de type C4 et de ligneux de type C3 et
qui sont apparues il y a environ 8 millions d'années, soient fortement
dépendantes de la manière dont le feu influence la microphysique
des nuages, le climat et l'écologie. D'après cette
hypothèse, le feu serait favorable à l'expansion des
herbacées et limiterait la densité des ligneux,
phénomène qui est amplifié par une atmosphère peu
chargée en dioxyde de carbone (CO2). Ils ajoutent que les
mécanismes qui président à ce processus peuvent être
perturbés (rehaussés ou abaissés) du fait d'une pression
continue sur les écosystèmes.
Selon Schnell (1971) les formations de savane avaient
été classées par Burtt-Davy (1938) parmi les formations
herbacées tropicales avant que la rencontre de Yangambi (Aubreville,
1957) ne les situe définitivement dans le grand groupe des formations
mixtes forestières et graminéennes et formations
graminéennes. Elles se localisent en Afrique en zone intertropicale
(zone soudanienne au Nord et zone zambézienne au Sud) (Dajoz, 1982 ;
Menaut et al. 1995).
Breman & Kessler (1995) définissent la savane
comme une formation de transition entre les formations forestières
fermées et les formations herbeuses ou tout simplement le désert.
Ces auteurs sont rejoints par Sankaran et al. (2005) qui notent que
« Les écosystèmes purement herbacés et purement
ligneux constituent les extrêmes d'un continuum « savane » qui
peut être défini comme une entité fonctionnelle liée
à l'équilibre herbes-arbres ». Trochain (1940) et
Ozenda (1982) abordent la savane sous l'angle physionomique et la
considèrent comme « un tapis graminéen ouvert, tout au
moins au niveau du sol, de hauteur variable, obligatoirement parsemé
d'arbustes clairsemés et parfois d'arbres isolés ».
Pour Beani et Dessi (1984), la savane est un écosystème à
climat tropical qui se caractérise par une herbe xérophile et par
une couverture irrégulière d'arbres et d'arbustes. Mais la
définition la plus précise de la savane à notre sens, est
celle de Boudet (1978) qui la qualifie de « type de
végétation dont le couvert herbacé majoritairement
à graminées pérennes, d'au moins 80 cm
17 De climax, notion contestée de nos jours
(Génot, 2006) et définie de diverses manières. Selon
Ramade (1984) le climax est « une association stable d'espèces qui
caractérisent qualitativement et quantitativement l'ultime phase de
développement d'une biocénose dans une succession » alors
que Fischesser et Dupuis-Tate (1996), dans le guide illustré de
l'écologie, le considère comme un « groupement vers lequel
tend la végétation d'un lieu dans des conditions naturelles
constantes, en l'absence d'intervention de l'homme. Sa structure dépend
étroitement des facteurs climatiques et de la nature du sol ».
de hauteur, comprend deux strates (inférieure et
supérieure) s'organisant le plus souvent en touffes continues et
brûlant régulièrement chaque année ». En
effet, lorsque la savane est régulièrement parcourue par le feu,
sa composition floristique reste stable et chaque unité de
végétation demeure identique à elle-même dans le
temps (César, 1992) à condition, bien entendu, qu'aucun autre
facteur de perturbation n'intervienne.
Lors de son colloque de Yangambi, tenu du 29 juillet au 8
août 1956 (Aubreville, 1957), le conseil scientifique pour l'Afrique au
sud du Sahara (CSA), a défini 5 types de savanes allant des forêts
claires aux savanes herbeuses. La classification s'appuie surtout sur la
hauteur et la densité (ou le recouvrement) de la strate herbacée
(tableau II-1).
Au plan de la composition floristique surtout
herbacée, les formations de savane sont faites essentiellement de
graminées (en termes de masse végétale et de nombre
d'individus) avec une forte présence de Cypéracées et de
légumineuses (Fournier, 1991).
Tableau II-1. Classification des formations de savane africaine
lors du colloque de Yangambi en 1956 (Aubreville, 1957).
Type de Formation Hauteur Recouvrement