IV. Etude économétrique : croissance et
rentabilité du marché des
Mutuelles de santé dans certains pays africains
:
À la lumière d'une revue de la
littérature des estimations économétriques de
modèles d'offre et de la demande au point (II. 1. b/), et de la base de
données dont on dispose, on se propose de faire la régression de
deux modèles d'offre et de demande. Les données ont
été collectées et compilées par la concertation
(Source : Inventaire permanent - Afrique - 2006 - Concertation). Les
données sont récoltées principalement pendant 2006 et
2007, et concernent des mutuelles dans les pays suivants : Burundi, Cameroun,
Gabon, France, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Rwanda,
Bénin, Togo, Congo la République Démocratique, Côte
d'Ivoire, Mali et la Mauritanie (une seule mutuelle : Mutuelle communautaire de
santé de Darnaim). On va tenter d'expliquer les facteurs
déterminants pour la communauté pour accepter ou refuser
l'adhésion à une Mutuelle, ainsi que les facteurs
nécessaires pour parler du développement de ces mutuelles. On va
estimer les modèles d'offre et de demande pour 2006 et 2007
séparément afin de pouvoir mettre en lumière certaines
différences entre les deux modèles. Les régressions
économétriques seront faites sous le logiciel STATA/SE®
10.0. Concernant ce logiciel paru en janvier 1985, il existe plusieurs
versions. Stata pour désigner Statistics/Data Analysis et SE pour
Special Edition (une version large, maximum 5000 variables). Les autres
versions sont :
* SS (Small Stata) : maximum 99 variables et 12000
observations. * IC (InterCooled Stata) : une version standard.
* MP (Multiprocessor Stata) : une version large comme SE,
plus de 32767 Observations.
1. Spécification de modèles
économétriques de la demande et de l'offre :
· Modèle de la demande :
Les variables d'intérêt qui vont entrer en
jeu pour définir le pouvoir explicatif du modèle seront les
suivantes et ce pour les deux années de l'inventaire 2006 et 2007
:
- Bendroit : Le Nombre de bénéficiaires
en cours de droit pour 2006 ou 2007 : la variable expliquée
(dépendante) : en cours de droit veut dire que les adhérents
représentent une demande intéressée pour les services de
la mutuelle.
- Txcot : le montant de la cotisation payé par
l'adhérent à la mutuelle.
- Insfem : le nombre de bénéficiaires
inscrits à une mutuelle de sexe féminin.
-Inshom : le nombre de bénéficiaires
inscrits à une mutuelle de sexe masculin.
A ce niveau, on aurait pu calculer un ratio : % des
hommes inscrits ou % des femmes inscrits dans la mutuelle et ce pour normaliser
les données se rapportant au genre et donc éliminer l'effet
taille, mais dans plusieurs cas la valeur des inscrits est égale
à zéro, et donc on ne peut pas diviser sur
zéro.
- Wlinf : le fait que l'assuré travaille dans le
secteur informel ou non. Cette information sera utilisée comme un proxy
sur le revenu de l'assuré.
- Cotann : la fréquence du paiement de la
cotisation en une seule fois par an.
- Convprest : Existence ou non d'une convention entre la
mutuelle et les prestataires de soins de santé.
- Tranloc : la prise en charge ou le remboursement des
frais du transport local par la mutuelle aux assurés. Cette variable
peut renseigner sur l'accessibilité géographique aux soins de
santé. Mais en raison du manque de données, on va juger de la
pertinence de l'inclusion ou non de cette variable dans notre
modèle.
- Tierpay : le mode de prise en charge par la mutuelle en
tant que tiers payant. Pour voir l'importance de ce mode par rapport aux
autres.
- IMF : l'existence d'une institution de microfinance
qui délivre aussi les services de l'assurance maladie en plus des
autres services financiers : prêts, épargne et assurance.
En
fonction de la disponibilité des données,
on va juger la possibilité d'inclusion ou non de cette variable dans
notre modèle.
Le modèle demande retenu dans la régression
est :
Bendroit = Txcot + Insfem + Inshom + Wlinf + Cotann +
Convprest + Tierpay + ji
· modèle de l'offre :
De la même façon, les variables
d'intérêt qui vont entrer en jeu pour définir le pouvoir
explicatif du modèle seront les suivantes et ce pour les deux
années de l'inventaire 2006 et 2007 :
- Txrecouv : le taux de recouvrement moyen : est la
variable expliquée (dépendante), c'est aussi le % du total des
dépenses engagées par la mutuelle et couvertes par les recettes
de son activité d'assurance. Cette variable est un bon indicateur de la
viabilité financière.
- Depmal : le montant total des dépenses de la
mutuelle en prestations maladie pour l'exercice décrit.
- Logges : la mutuelle utilise ou non un logiciel de
gestion et/ou de suivi de son activité. - Rur : l'appartenance ou non
des adhérents au milieu rural.
- Cotatt : total des cotisations attendues pendant
l'exercice décrit.
- Cotperc : total des cotisations perçues pendant
l'exercice décrit.
À remarquer qu'à l'aide des deux
variables cotisations attendues et cotisations perçues, on peut calculer
l'indicateur : Paiement des échéances = Montant cotisations
perçues / Montant des cotisations attendues pendant le même
exercice. On peut donc intégrer l'indicateur Paiement des
échéances («Payech») dans notre modèle. Dans le
cas où les cotisations attendues sont nulles, il n'y aura pas
naturellement de cotisations perçues, et donc Payech prend la valeur
zéro.
- Appfed : la mutuelle appartient ou non à une
fédération de mutuelles. Et en fonction de la
disponibilité des données, on va juger la possibilité
d'inclusion ou non de cette variable dans notre modèle.
- Partorg : Partenariats avec d'autres organisations
(hors prestataires de soins) : cette variable sera utilisée pour
apporter plus de pouvoir explicatif au modèle au cas où la
variable «Appfed» sera supprimée faute de données
disponibles. Autrement la variable «Appfed» sera remplacée par
la variable «Partorg».
Ainsi le modèle offre est : Txrecouv = Depmal +
Logges + Rur + Payech + Partorg + ~ Remarque : On ne doit pas
oublier le terme d'erreur (jt) à ajouter aux variables
explicatives des deux modèles (offre et demande).
· Choix de la méthode d'estimation
:
Suite à plusieurs régressions de
modèles économétriques : modèles avec variables
explicatives retardées, modèles de panel à effets fixes et
à effets aléatoires, moindres carrés ordinaires (MCO),
l'estimateur MCO sur des séries transformées en écart
à la moyenne individuelle des variables (explicatives et
expliquées) : l'estimateur WITHIN (théorème de
Frish-Waugh-Lovel). On ne va pas retenir les modèles d'offre et de
demande avec variables explicatives retardées. Concernant le
modèle de la demande (R2 = 0.1994 et Prob > F = 0.0000,
modèle n'est pas bien spécifié) et le modèle de
l'offre aussi (R2 = 0.0818 et Prob > F = 0.0000, malgré le
nombre important de variables explicatives, le modèle n'est pas bien
spécifié). On a jugé pertinent de garder les
modèles de panel à effets fixes avec MCO, pour l'estimation de
l'offre et de la demande des services de mutuelles de notre échantillon.
Les données de panel permettent de tenir compte de
l'hétérogénéité des observations,
d'exploiter plus d'observations et de saisir les effets spécifiques
à court terme et à long terme de l'échantillon. Pour tenir
compte de l'hétérogénéité, la plupart des
économètres ont recourt à des modèles d'estimation
avec effets fixes et avec effets aléatoires qui posent
l'hypothèse d'éxogénéité stricte des
variables explicatives par rapport aux résidus ou encore cov (Xit,
JLit) = 0. Les autres hypothèses nécessaires
pour une analyse MCO valide sont des termes d'erreur homoscédastiques et
non autocorrélés. On ne va pas trop s'attarder sur les
détails théoriques des modèles statiques de panel à
effets fixes et à effets aléatoires. En revanche, du fait de la
transformation en écart à la moyenne individuelle, n'importe
quelle variable explicative qui serait constante dans le temps pour chaque
individu est éliminée : à titre d'exemple pour le
modèle de la demande, les variables suivantes (Wlinf, Cotann et
Convprest) ont été omises dans la régression de toutes les
variables (explicatives et expliquée) après leur transformation
en écart à la moyenne individuelle. On a remarqué qu'il
n'y a pas une différence importante entre la méthode de panel
avec effets fixes et la régression MCO et l'estimateur WITHIN pour le
modèle de la demande (R2 = 0.6245, mauvaise
spécification du modèle à cause des variables omises :
test de Ramsey-Reset Prob >F = 0.7407 > au seuil de 10%), et donc on a
gardé le modèle de panel à effets fixes avec MCO pour
estimer l'offre et la demande des services de mutuelles de
santé.
- Le modèle d'estimation avec effets
fixes : ou modèle de la covariance : les variables expliquées de
l'offre et de la demande peuvent s'écrire ainsi :
Bendroit(it) = (f30 +
öi) + f (Xit, f31) +
JLit = f30i + f (Xit, f31) +
JLit (1)
Txrecouv(it) = (f30 +
öi) + f (Xit, f31) +
JLit = f30i + f (Xit, f31) +
JLit (2)
Ott i et t représentent respectivement la mutuelle
de santé et l'année d'observation de la variable expliquée
et des variables explicatives (2006 et 2007).
Si : spécifie des effets individuels
inobservables et constants dans le temps, non aléatoires qui modifient
simplement la valeur de la constante (30 dans
l'équation précédente selon la valeur de i.
L'élément fixe peut être corrélé avec les
variables explicatives.
g : le terme d'erreur ou résidu.
X : vecteur des variables explicatives.
(3 : (P0, (1) : le
vecteur des paramètres à estimer.
- Le modèle d'estimation avec effets
aléatoires : ou modèle à erreurs composées : lors
de l'estimation à partir du modèle à effets fixes, on
avait décomposé la constante en effets spécifiques
individuels inobservables. Dans le cadre du modèle à effets
aléatoires, on fait l'hypothèse que ces effets individuels sont
une variable aléatoire nulle en moyenne. On effectue alors une
décomposition du résidu entre git et
wit. L'hypothèse d'homogénéité
totale est donc rejetée. Les équations
s'écrivent:
Bendroit(it) = (30 + f (Xi,
(31) + wit + git
(3)
Txrecouv(it) = (30 + f (Xi,
(31) + wit + git
(4)
Ainsi, l'élément aléatoire est
représenté par wit qui n'est plus un effet
constant et n'est pas corrélé avec les variables explicatives. Le
modèle suppose que git et wit sont
véritablement aléatoires. Les hypothèses de base dans ce
modèle supposent que git et wit sont
centrés, c.à.d. d'espérance nulle, homoscédastiques
et d'écart-type égal à ow et
qu. Ils sont indépendants et non corrélés
l'un avec l'autre. Lorsque la variance de w et u est
différente pour chaque observation et lorsqu'il y a une
corrélation non nulle entre les deux termes, on peut estimer ce
modèle par la méthode des moindres carrés
généralisés (MCG).
Si les caractères individuels inobservables
(wit) ne sont pas corrélés avec les variables
explicatives, quels que soit la période ou les mutuelles,
c'est-à-dire si Cov (Xit, wit) = 0, la méthode
des effets aléatoires est plus efficiente que la méthode à
effets fixes.
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