Section 16.05 VII.5. Les outils utilisés pour
le choix des scénarios d'adaptation
L'opinion des experts est un outil
très utilisé pour opérer des choix de scénarios et
les analyses des relations entre ces scénarios et les
éléments du système affecté, tout en permettant de
poser des hypothèses pour anticiper le déroulement des
événements.
Les modèles : en plus des
modèles climatiques, dits Modèles de Circulation Globale, on a
plusieurs autres modèles de type biophysique, bioclimatique,
socio-économique et environnemental en utilisant les résultats
des modèles climatiques. Le modèle FORET est un exemple
permettant de suivre la dynamique des forêts en fonction de la
modification de différentes variables climatiques.
Les outils pour estimer le coût : ce
sont des outils monétaires pour analyser l'impact économique des
changements climatiques et les formes d'adaptation possibles. Les coOts
associés à des secteurs non marchands comme la
biodiversité sont cependant difficiles à appréhender.
L'analyse par contingence est une nouvelle approche pour mettre en exergue la
valeur des impacts à travers le `consentement à payer' pour un
service écosystémique.
Les SIG sont utilisés pour structurer
et intégrer des informations spatiales de type physique ou humain et
opérer des projections en utilisant les outils d'analyse
géostatistiques. Ils permettent de visualiser, de superposer et
d'examiner les stratégies d'adaptation.
Les bases de données capitalisent les
informations historiques sur différents aspects liés aux
changements climatiques, écologiques, économiques, sociaux, etc.
Ces bases peuvent indiquer des tendances qu'on peut utiliser pour anticiper
l'avenir.
En se fondant sur les études antérieures, il est
possible de considérer les informations contenues dans la
littérature et qui constituent des éléments de
vulnérabilité et d'adaptation en un endroit donné. Nous
partons du constat que les populations locales se sont toujours adaptées
à différents facteurs de stress et une méta-analyse de la
littérature grise permet de retracer les facteurs de stress et leur
évolution ainsi que les choix d'adaptation adoptés localement.
Dans les développements qui suivent nous appliquons cet exercice
à la zone du Saloum Oriental, de Kaffrine à Koungheul.
Section 16.06 VII.6. Méta-analyse de la
vulnérabilité et l'adaptation dans le Saloum Oriental
Le Saloum Oriental est caractérisé par une
profonde dégradation des ressources forestières en zone de
terroir (voir chapitre 6, carte d'occupation des sols). Ces modifications
rapides sont liées à des facteurs humains et naturels internes ou
exogènes. Cette zone est située au cur du Bassin
Arachidier16 qui est un espace de production
agricole dominé par la culture de l'arachide, en combinaison avec des
cultures vivrières.
L'utilisation des données historiques est une approche
bien appropriée pour analyser les tendances et l'ampleur des changements
ainsi que les interactions complexes entre l'homme et son environnement. L'un
des éléments les plus étudiés pour expliquer les
changements de l'environnement reste la dynamique des précipitations
annuelles qui affectent directement la production végétale, les
ressources forestières, pédologiques et pastorales, ainsi que les
modes de vie des populations locales. La variabilité climatique n'est
cependant pas le seul facteur de stress auquel les populations doivent trouver
des réponses. Il existe des facteurs économiques et politiques
qui influent sur les choix locaux d'utilisations de l'espace et des ressources
naturelles (Mortimore et Adams, 2001). Dans cette analyse de données et
d'informations acquises depuis les années 1950, nous avons essayé
de comprendre les facteurs principaux de la dynamique de l'environnement et
comment des réponses
16 Nom donnée à la zone où prédomine
la culture de l'arachide au Sénégal.
structurelles et autonomes ont aidé à absorber
nombre d'impacts liés à la dégradation de
l'environnement.
(a) VII.6.1. Le facteur climatique
La pluviométrie est un des premiers facteurs
évoqué par les populations comme cause de la dégradation
des ressources naturelles. En effet, la forte dépendance des populations
aux ressources naturelles les rend très vulnérables à une
diminution des pluies qui entraîne une réduction rapide des
services des écosystèmes. Au Sénégal, plusieurs
études ont montré une tendance générale de
réduction des précipitations même si on note un
léger mieux pendant les 10 dernières années. On a
enregistré par le passé une succession de séquences
sèches et humides sur les enregistrements pluviométriques du
Sahel (anomalies négatives), (L'Hôte et al., 2002) :
- 1910-1916 : période sèche de 7 ans
- 1950-1967 : période humide de 18 ans
- 1970-1993 : période sèche de 23 ans
Les bonnes pluviométries de 1994, 1999, 2003, 2005 et
2008, laissent penser à un retour d'une séquence humide du Sahel.
Cependant les modèles retenus par IPCC dans son quatrième rapport
d'évaluation projettent des climats plutôt arides pour le Sahel en
rapport avec les changements climatiques (IPCC, 2008).
L'analyse des écarts à la moyenne
pluviométrique sur deux stations de la zone d'étude de cas montre
une forte récession pluviométrique avec des signes de retour
d'une séquence humide depuis au moins 2003 (figures 97 et 98).
Figure 97. Ecart à la moyenne de la
pluviométrie mensuelle à Kaffrine (1931-2005)
Figure 98. Ecart à la moyenne de la
pluviométrie mensuelle à Koungheul (1950-2005)
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La longue sécheresse qui a commencé dans les
années 1970 a eu d'énormes impacts sur les ressources
forestières. Ces impacts sont de deux ordres. D'une part, on note une
forte diminution de la productivité végétale avec
notamment une forte mortalité des individus et une faible
régénération naturelle. D'autre part, les populations
compensent les déficits de production liés à la faible
pluviométrie par une pression additionnelle sur les ressources
forestière. Jusque là utilisées pour satisfaire des
besoins de base, les forêts deviennent une source de revenus et aiguise
ainsi les appétits mercantiles qui entraînent une
dégradation
Années
.
rapide. Aussi, est-il important de noter que la
réduction de la productivité agricole a poussé la plupart
des agriculteurs à étendre l'espace agricole en défrichant
plus de forêts (agriculture itinérante).
Le climat est par conséquent un facteur de dynamique
important dans les changements environnementaux. Il interagit avec d'autres
facteurs comme le facteur politique.
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