Article XV. CHAPITRE VII : Article XVI. Adaptation
aux changements
environnementaux
Après avoir discuté les concepts clés que
sont l'impact, la vulnérabilité et l'adaptation, ce chapitre
fait le point sur les paramètres importants des changements
environnementaux quiinfluent sur la vie des populations. Avec la
dynamique des ressources forestières comme
entrée, nous avons essayé de démontrer
que le climat est un facteur de vulnérabilité au même titre
que les facteurs économiques, démographiques et politiques. La
combinaison de ces différents éléments est
nécessaire pour mieux saisir les stratégies et options
d'adaptation dans les zones de savane étudiées. Les
résultats obtenus montrent que les formes d'adaptation portent sur des
stratégies au champ (fertilisation, technique de culture,
diversification, etc.) ou des réponses en dehors du champ (migration,
commerce, dynamique organisationnelle, formation, etc.). Ces résultats
devraient conduire à une documentation plus poussée sur la
question de l'adaptation, de ses enjeux et de ses avantages pour les
populations vulnérables par rapport aux bénéfices
générés par les projets se séquestration du
carbone.
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Section 16.01 VII.1. La vulnérabilité
à la variabilité et au changement climatique
Les chapitres précédents montrent une
dégradation des écosystèmes et une réduction
significative de la biomasse, donc des stocks de carbone des zones de terroir
et dans une moindre mesure des Forêts Classées
étudiées. Ils ont aussi montré que même si les
savanes présentent un important potentiel de carbone, les conditions
actuelles du marché ne permettent pas au secteur forestier de
résoudre les questions de développement durable des populations
locales dont la survie dépend essentiellement d'une agriculture
productive. Le MDP dans le domaine de la foresterie laisse encore de nombreuses
questions sans véritables réponses. Il s'agit notamment des
avantages directs que peuvent tirer les populations locales très
pauvres. Ce constat s'explique entre autres par le fait que ce sont les Etats
qui se sont engagés et non les populations, détentrices de la
décision finale au quotidien. De cette situation découle
également d'autres interrogations particulièrement sur le
foncier, la répartition des revenus des transactions du crédit du
carbone et le degré d'engagement des populations concernées.
Il faut toutefois noter que les procédures pour
accéder à l'argent du carbone sont très complexes et
longues, et s'opposent à l'urgence de la survie des populations locales.
Ces questions de base font qu'il est important d'orienter la recherche sur
l'adaptabilité des populations aux changements climatiques. L'adaptation
est un ensemble de réponses directes ou non aux impacts observées
ou implicites des changements climatiques qui permettent la résilience
des communautés de base très vulnérables. Dans cette
partie de la recherche, nous explorons les facteurs structurants de la
vulnérabilité des populations locales et les options d'adaptation
mises en ~uvre, par exemple lors des périodes de stress liées aux
sécheresses récurrentes des années 1970-1992 et à
la dégradation de l'environnement. Pour procéder à cette
analyse, nous considérons toujours le cas du Saloum Oriental,
caractérisé par une profonde dégradation des ressources
naturelles, forestières en particulier.
L'étude de la vulnérabilité et de
l'adaptation nécessite un cadrage conceptuel, non seulement pour
comprendre les termes mais aussi pour mieux évaluer les approches et
méthodes développées afin d'analyser en profondeur les
composantes essentielles de la question et des stratégies actuelles en
matière de changement climatique.
Un bon éclairage a été fait dans de
nombreux documents et présentations scientifiques. Nous en tentons
ici une synthèse tirée pour l'essentiel des travaux de
Adejuwon et al. (2001); Burton et al. (2001); Olmos
(2001); Huq et Reid (2002); Adger et al. (2003); Huq et al.
(2003);
Janssen et Ostrom (2006); Winograd (2006). A cet égard,
la littérature montre une pluralité de significations selon les
institutions et les disciplines. Nous mettrons l'accent sur la
compréhension faite des termes vulnérabilité et adaptation
des populations rurales d'Afrique semi aride face aux changements
climatiques.
Le terme vulnérabilité a été
beaucoup utilisé dans le domaine des risques et des catastrophes
naturels, où il signifie: « le degré selon lequel une
unité exposée est soumise à une perturbation ou à
une contrainte, et traduit du coup la capacité (ou
l'impossibilité) de l'unité à risque d'en faire face, ou
de s'adapter de manière fondamentale (en devenant un nouveau
système ou en disparaissant) » (Kasperson et al.,
2000). Dans le cas des catastrophes le terme est utilisé dans le
sens de «degré de perte résultant d'un
phénomène néfaste » (glossaire UNOCHA
-Coordination des affaires humanitaires des Nations Unies).
Sur le plan socio-économique, la littérature sur la
pauvreté et le développement mettent l'accent sur les conditions
sociales, économiques et politiques actuelles (Winograd, 2006).
IPCC recommande une définition de la
vulnérabilité presque exclusivement reliée aux changements
climatiques (Adejuwon et al., 2001; IPCC, 2001; 2003):
«degré selon lequel un système est susceptible, ou se
révèle incapable, de faire face aux effets néfastes des
changements climatiques, notamment à la variabilité du climat et
aux conditions climatiques extrêmes. La vulnérabilité est
fonction de la nature, de l'importance et du taux de variation climatique
auxquels un système se trouve exposé; de sa sensibilité,
et de sa capacité d'adaptation».
Dans ses différentes composantes, il apparaît que
la vulnérabilité est une notion plurielle qui est fonction d'un
côté du ou des risques, des dangers et de l'exposition au stress ;
de l'autre, des options et réponses d'adaptation. Les
déterminants de la vulnérabilité peuvent être
biophysiques, dans ce cas on s'intéresse aux processus
écologiques de la vulnérabilité, l'exposition et la
susceptibilité à des processus de changements environnementaux.
Ces déterminants peuvent être d'ordre socio-économique,
dans ce cas on se focalise sur les déterminants politiques,
socioéconomiques, culturels et institutionnels de la
vulnérabilité
Les systèmes ont la propriété de
réagir au stimulus pour atténuer leurs conséquences
négatives. Ce type de réponse correspond au concept
d'adaptation dont la mise en ~uvre dépend des
capacités du système lui-même à s'adapter. Le terme
adaptation est perçu comme l'ensemble des stratégies d'ajustement
d'un système pour atténuer les impacts des changements
climatiques, de tirer parti de la nouvelle situation ou de se résigner
aux conséquences. Par contre, le terme
vulnérabiité traduit la
susceptibilité du système aux impacts négatifs. Plus un
système est doté de capacités d'adaptation, moins grande
sont
ressentis les impacts des changements environnementaux. Les
capacités d'adaptation peuvent être celles mobilisées par
le système et/ou celles mises en ~uvre par les sociétés
humaines qui vivent dans ce système. On parlera alors d'adaptation
autonome (réaction normale et naturelle du système), ou
d'adaptation planifiée (réaction d'anticipation liée au
projet des hommes). A partir de ces deux situations Robledo et Forner (2005)
déduisent deux types de vulnérabilités :
- Vulnérabilité = impacts potentiels -
capacités d'adaptation du système
- Vulnérabilité = impacts - capacités
d'adaptation autonome - adaptation planifiée
L'adaptation peut être considérée alors
comme l'ajustement d'un système en réponse avec un stimulus ou
ses effets (Burton et al., 2002). Selon IPCC (2001), les
systèmes qui s'adaptent aux changements climatiques sont soit naturels
(écosystèmes forestiers) ou humains, et les formes d'adaptation
cherchent à modérer les impacts ou exploiter les
opportunités liées aux changements.
Le terme « impact » traduit de façon simple,
exprime l'ensemble des conséquences négatives (ou positives selon
la perception) liées aux changements climatiques. Du fait de la grande
variabilité de situations géographiques, environnementales et
socio-économiques, un facteur comme les changements climatiques peut
avoir des conséquences négatives sur une zone et entraîner
des effets positifs ailleurs. L'exemple peut être pris sur l'augmentation
de la pluviométrie des zones inondables qui peut causer d'énormes
revers alors que pour les sociétés dont l'agriculture
dépend de la pluie, ces hausses de pluies sont dans certaines
proportions un facteur bénéfique (Robledo et Forner,
2005). Les précipitations de 2005, 2008 et 2009 au
Sénégal and dans la sous-région constituent des exemples
récents de cette situation. L'importance de l'impact des changements
climatiques dépend de quelques facteurs que sont son ampleur
(l'importance du changement), sa probabilité d'occurrence (ainsi que la
probabilité de son intensité), son taux et sa durée
(rapidité des modifications et la durée de celles-ci), mais aussi
de la réactivité du système, de sa tolérance et de
ses capacités d'adaptation.
On parle souvent de résilience, et ce
terme traduit le résultat de l'adaptation puisqu'elle traduit la
capacité d'absorption du problème par le système. La
résilience traduit les capacités existantes qui permettent
d'absorber les crises sans effort supplémentaire, alors que l'adaptation
traduit de nouvelles options, attitudes et pratiques permettant de faire face
à des stress et à des perturbations externes qui peuvent
être d'ordre politique, social, économique ou environnemental
(Adger et Brooks, 2002; Adger et al., 2003).
En termes pratiques donc l'adaptation est une réponse
à la vulnérabilité à travers un changement de
procédures, de pratiques et d'options de développement visant
à limiter ou effacer les dommages potentiels ou à tirer
bénéfice des opportunités créées par la
variabilité et les changements climatiques (Winograd, 2006). Ces
réponses dépendent de ce qu'on appelle la (ou les)
capacité (s) d'adaptation qui exprime les moyens dont dispose une
communauté, un individu à s'adapter aux effets et aux impacts du
changement climatique (y compris la variabilité climatique).
L'adaptation dépend essentiellement des ressources économiques,
sociales, techniques et humaines d'une société. Il faut toutefois
noter que l'adaptation exprime aussi les profits, les avantages ou
opportunités qu'on peut tirer de nouvelles conditions climatiques. Dans
ce cadrage, les systèmes les plus vulnérables sont
évidemment ceux qui sont sensibles aux infimes modifications du
climat.
Cette notion d'adaptation est souvent opposée à
celle de l'atténuation qui exprime les
mécanismes ou actions visant à réduire l'exposition et la
susceptibilité à des perturbations ou des stress. Il s'agit
essentiellement des interventions humaines visant à réduire les
émissions de gaz à effet de serre en provenance de
différentes sources ou à renforcer leur absorption par des
puits.
On peut alors voir l'adaptation comme un aspect de
l'atténuation en Afrique car la promotion du développement
durable permet d'investir des stratégies visant un environnement durable
à faible émission de carbone
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