Section 6.05 IV.3. Utilisation des modèles et la
gestion durable
des forêts
Le débat actuel sur la gestion durable des ressources
forestières a beaucoup influencé l'exploration des modèles
pour simuler des options d'aménagement et des choix politiques pouvant
influencer la dynamique spatiale et temporelle des formations
végétales. Le rôle actuel et futur des ressources
forestières est devenu par conséquent, une question importante
pour sa biodiversité, son importance économique,
énergétique et son effet sur le climat. La conservation durable
des ressources forestières est très difficile à
définir du fait de la nécessité de croiser plusieurs
indicateurs parfois pas simples à quantifier. La durabilité
suppose que la productivité et l'intégrité de la
forêt soient bien conservées. Ce concept de durabilité est
conditionné dans ce cas par deux échelles d'analyse qui
interagissent : le temps (quelle période considérer ?) et
l'espace (quelle taille de forêt prendre en compte ?), (Monserud,
2003).
Avant les années 1990, la plupart des pays ont
géré leurs ressources forestières sur la base d'un
maintien de la production (biomasse totale), en mettant en second plan la
productivité (renouvellement) de la forêt. Le choix du
développement forestier durable dépend en général
de ce qu'on cherche à maintenir durablement et le plus souvent, ce choix
est orienté vers des besoins utilitaires. Ainsi, le concept de
durabilité pris dans son sens socio-économique ne peut se
concevoir sans que l'environnement (les ressources naturelles) qui en est la
base ne soit durable. Cette conception permet de prendre en compte d'autres
fonctions de la forêt pour intégrer l'état des formations,
leur intégrité, et leurs relations fonctionnelles avec les autres
éléments biophysiques du milieu, tout en jouant son rôle
économique, écologique, social et culturel pour les
générations présentes et futures. Cette définition
multidimensionnelle est très utile mais ne mène pas à une
possibilité de quantification surtout pour les petites
échelles.
Le passage de la production optimale à la production
durable a été stipulé par le rapport Brundtland sur le
développement durable en 1987 (Commission Mondiale pour l'Environnement
et le Développement) et consolidé lors du Sommet de Rio en 1992
avec l'adoption des Principes de la Forêt. Depuis, plusieurs initiatives
ont été prises comme les accords de Montréal, Kyoto,
Conventions sur la Biodiversité, sur la Désertification, etc. Un
accent particulier a été mis sur les critères et les
indicateurs pour évaluer la durabilité de la gestion
forestière à différentes échelles. Il faut
toutefois noter que, les indications de durabilité forestière
sont souvent appréciées à un niveau national alors que la
gestion de la ressource se fait au niveau de la formation, donc à une
échelle locale. Ce décalage entre
l'échelle de conception des politiques et les
échelles de prise de décision pratiques n'a pas permis une
gestion adéquate des formations forestières. Un exemple souvent
évoqué au Sénégal est la distribution des quotas
d'exploitation qui échoit souvent à des citoyens externes aux
terroirs d'exploitation (Ribot, 1998; 2002). C'est à cette
dernière échelle d'ailleurs que la plupart des modèles
forestiers ont été développés. Ainsi, le recours
aux modèles permet d'anticiper des processus et d'appuyer la prise de
décision par rapport aux prévisions les plus vraisemblables.
Ces éléments ont beaucoup influencé le
choix du modèle utilisé dans ce travail. Nous n'avons pu obtenir
que les modèles CENTURY, CASS, PNET, DNDC et SARRA-H. Les deux derniers
ont été exclus parce que ce sont des modèles de croissance
des essences agricoles. On a alors procéder à des tests des
différents autres modèles. Le modèle CENTRURY
(dernière version) simule à la fois le carbone et les flux
biogéochimiques. Les données d'entrée sont très
nombreuses et le plus souvent des valeurs par défaut sont
utilisées sans qu'on ait un contrôle sur la signification de ces
valeurs pour les écosystèmes de savane. Le modèle PNET
développé par l'Université de New Hampshire (USA), ne
dispose pas d'écosystèmes tropicaux et donc pas de formations de
savanes. De surcroit, les essais d'ajustement des types de forêts
développés dans le modèle ne permettent pas de rendre
compte de ce qui se passe dans les savanes. Seul le modèle CASS-1.2
(Carbone Accounting Software), Roxburgh (2004),
développé par le CRC (Australie) prend en compte les savanes et
les processus de perturbation comme les feux, les coupes, les transformations
d'utilisation des terres les écosystèmes tropicaux. Ce
modèle a été utilisé par conséquent pour
simuler selon les cas, quelques scénarios de modification sur les
savanes permettant de caractériser le devenir du carbone.
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