(d) III.4.2.4. Productivité des parcelles
permanentes
Croissance des espèces
Il est établi que les espèces de savane sont en
général de croissance relativement lente (Vries et al.,
1980; Breman et Dewit, 1983; Cook et Iverson, 1989; Kessler et Breman, 1991).
Les espèces de savane sont soumises à des conditions climatiques
caractérisées par une longue saison sèche et une grande
fréquence des feux de brousse. Les réponses d'adaptation à
toutes ces contraintes ralentissent la croissance des arbres. Ainsi il faut
plusieurs années à un arbre pour atteindre un gros
diamètre. C'est pour cette raison d'ailleurs que dans la plupart des
programmes de reboisement pendant les années de sécheresse, des
espèces exotiques qui se développent plus rapidement ont
été préférées aux espèces locales.
L'argumentaire est discutable, mais nous laissons ce débat à
d'autres cadres de recherche.
La vitesse de croissance des individus peut être
mesurée à travers un suivi de la croissance du diamètre
des arbres. Il faut toutefois noter que la base de données
traitée a été filtrée, et certaines données
incohérentes comme les enregistrements caractérisés par
une régression très significative de la taille du tronc ont
été retirés. Ces problèmes peuvent être
liés entre autres à des erreurs de mesure ou de transcription. Il
faut signaler que la marge de croissance entre deux périodes de mesures
est souvent égale ou légèrement supérieure à
la marge d'erreur de mesure. La croissance volumétrique s'exprime
parfois en moins d'un cm entre deux mesures ; ce qui fait qu'une erreur de
quelques mm peut entraîner une sous-estimation ou surestimation de la
taille réelle du tronc. Pour les gros sujets à croissance rapide,
le problème s'est posé avec moins d'acuité. En
reconstituant ce qui a pu l'être, les espèces qui
présentent les taux de croissance moyenne les plus significatives
constituent une liste de 24 espèces sur les 57. La croissance annuelle
exprime ici l'augmentation totale du DBH entre deux mesures et le
résultat est divisé par le nombre d'année entre deux
missions de collecte.
Il faut noter que les espèces Detarium
senegalense et Bombax costatum (espèces d'affinité
guinéenne) sont les plus productives de la série. Elles sont
suivies de près par Anogeissus leiocarpus, Lannea microcarpa,
Pterocarpus erinaceus, et Terminalia macroptera (affinité
soudanienne, figure 46).
Figure 46. Croissance moyenne annuelle des
espèces les plus abondantes dans les 3 parcelles de suivi de la
végétation.
La croissance moyenne annuelle ne rend pas compte de sa forte
variabilité temporelle. Cette variation de la croissance des arbres dans
le temps est fortement liée en partie à la quantité et la
distribution des précipitations. Entre une période sèche
et une période humide, le taux de croissance volumétrique peut
passer du simple au double. Ainsi les précipitations favorables depuis
2003 ont entraîné une bonne croissance des arbres des 3 parcelles
de suivi de la végétation. Aussi, entre 1993 et 1997 les bonnes
précipitations enregistrées expliquent une croissance assez
significative dans l'ensemble (figure 47 et 48).
Figure 47. Comparaison de la vitesse de
croissance des diamètres pour les trois périodes de suivi.
Figure 48. Evolution de la pluviométrie
à la station de Tambacounda
Il faut toutefois noter que la production totale de biomasse
des parcelles permanentes est le résultat du bilan entre les gains et
les pertes de biomasse. Au moment où on enregistre des recrus
d'individus, on note aussi des disparitions d'individus du fait des coupes, des
feux de
SR
CD CD
CD
CD
CD CD
· · · · · ·
co
CD CD
CAD` 1`)
0
0 0
O
\ 0 0
0 .ter
brousse ou la mortalité naturelle. Aux comptes, la
croissance de biomasse dépendra de la dynamique des pertes en rapport
avec les gains. Sur les parcelles de suivi 1 et 2 (figure 49 et 50),
l'accumulation de biomasse suit la même logique que la vitesse de
croissance des individus et la vigueur de la régénération
naturelle. La forte réduction pendant la période 2007-2003 reste
liée en grande partie à la baisse des précipitations. Par
contre, la forte croissance de la biomasse au sein de la parcelle 3 est une
conjonction de l'augmentation des précipitations et d'une importante
augmentation de la régénération naturelle affranchie
(figure 51,).
La placette 2 est moins productive que les autres parce
qu'elle a moins d'individus et peu de sujets de gros diamètres. La
parcelle 3 a plus de biomasse que la parcelle 1 même si cette
dernière a plus d'individus. La différence se situe au niveau du
nombre de sujets de gros diamètre.
Figure 49. Dynamique de la biomasse totale pour
la parcelle 1
Figure 50. Dynamique de la biomasse totale pour
la parcelle 2
Figure 51. Dynamique de la biomasse totale pour
la parcelle 3
L'analyse de la dynamique des effectifs des classes de
diamètre donne une information
2003-205
additionnelle importante à considérer. La
dynamique des effectifs dans les classes de diamètre est liée
à plusieurs facteurs naturels et humains. De façon
générale, la classe 5-10 a connu une réduction des
effectifs entre 1993 et 2003, et avec le retour des pluies, et probablement la
réduction de certaines formes de pressions comme l'exploitation et les
feux de brousse, la régénération naturelle a soutenu une
augmentation significative des effectifs
Qq uqe y
dans cette classe de diamètre. Pour les effectifs de la
classe 10-15 cm les variations ont été faibles. Une certaine
augmentation des effectifs a pu être notée dans les parcelles 1 et
3 au
niveau de la classe 15-20. Ce qui peut être noté
dans l'ensemble c'est la densification des individus de gros diamètre au
niveau des parcelles de suivi de la végétation.
Figure 52. Dynamique des classes de
diamètres de la parcelle 1.
Figure 53. Dynamique des classes de
diamètres de la parcelle 2.
,
Figure 54. Dynamique des classes de
diamètres de la parcelle 3.
2003 P1
L'analyse de la biomasse par espèce et la contribution
relative de chacune dans les stocks totaux de biomasse permet de mieux
caractériser le potentiel en biomasse de ces formations
végétales.
[5-10]
|