Section 3.05 III.4.2. Dynamique du carbone par
l'analyse de la croissance des plantes
Cette analyse est basée sur des données de
parcelles de suivi de la végétation. L'idée d'utiliser ce
dispositif en même temps que les inventaires nationaux est un aspect
important dans la caractérisation du potentiel de séquestration
du carbone des écosystèmes de savanes. Une parcelle de suivi de
la végétation est un échantillon spatial
représentatif des formations végétales d'une région
et dont le suivi dans le temps permet de comprendre les caractéristiques
de la dynamique de la végétation sur le plan quantitatif et
qualitatif. Les parcelles étudiées dans le cadre de ce travail
(parcelles de 1 ha) ont fait l'objet d'un suivi depuis 1993 par un projet de
l'Institut des Sciences de l'Environnement (ISE) de l'Université Cheikh
Anta Diop de Dakar, financé par la coopération danoise, en
collaboration avec l'Institut de Botanique et d'Ecologie de l'Université
de Aarhus. C'est avec ce projet nommé ENRECA (Enhancement of
Research Capacity, DAN N° 104. Dan. 8L/203-DANIDA) que ce suivi a
été fait dans la partie sud du pays, correspondant aux
écosystèmes qui ont fait l'objet des analyses
développées dans cette étude (figure 39).
10 Les parcelles de suivi de la végétation sont
souvent appelées `parcelles permanentes'. La controverse sur le
caractère permanent de ces parcelles nous a incité à opter
pour ce terme.
Figure 39. Localisation des parcelles de suivi
de la végétation
Ces parcelles de suivi de la végétation ligneuse
sont localisées dans la zone soudanienne sont représentatives des
formations végétales étudiées. Situées dans
des Parcs Nationaux, ces sites de suivi ne sont pas soumis à
l'exploitation de l'homme mais subissent les feux dits
précoces11 utilisés comme outil
d'aménagement.
(a) III.4.2.1. Méthode de suivi de la
végétation
Le suivi de la dynamique de la végétation
ligneuse est une approche éprouvée pour caractériser
l'accroissement des individus de différentes espèces. Il existe
plusieurs motivations dans l'implantation des parcelles de suivi de la
végétation. Dans certains cas, on les utilise pour
vérifier l'impact d'une contrainte comme les feux de brousse ou le
pâturage, la dynamique de la biodiversité dans une zone
donnée. Une autre dimension non directement écologique et
floristique vient s'adjoindre de nos jours à l'étude des
parcelles de suivi de la végétation. Il s'agit de la
quantification de la dynamique de la biomasse produite. Ces données de
productivité ont souvent été considérées
comme lacunaires dans les écosystèmes de savane. Avec la mise en
~uvre des MDP, il est donc capital de savoir non seulement le
11 Ces feux d'aménagements sont dits précoces mais
interviennent souvent quand la strate herbacée est très
sèche entraînant des feux violents et destructeurs.
potentiel de nos écosystèmes mais aussi la
vitesse d'accumulation de la phytomasse qui traduit concrètement le
carbone séquestré par la végétation ligneuse. La
base de données des 3 parcelles de suivi a été reprise et
a permis de faire des analyses de la dynamique de la biomasse.
- Les sites de suivi de la
végétation
Les sites de suivi ont été choisis en tenant
compte entre autres de la représentativité des
écosystèmes et de leur homogénéité. Des
sites de 1 ha ont été délimités sur des
unités topographiques homogènes avec une flore et une
végétation ne variant pas significativement dans la placette. La
dimension humaine a été aussi prise en compte dans l'emplacement
des sites, éloignés des zones directes d'intervention humaine et
sans contrainte foncière. Ces sites ne sont pas protégés
des feux de brousse et du pâturage, mais des coupes de bois ne devraient
pas s'y dérouler. Les endroits indiqués pour l'emplacement de ces
parcelles de suivi sont par conséquent le domaine forestier
protégé.
- Mise en place des parcelles de suivi de la
végétation
Au niveau de chaque site choisi, une parcelle de 1 ha (10000
m2) a été délimitée et
matérialisée par des repères discrets. L'implantation de
la parcelle de suivi de la végétation requiert 5 étapes
reprises par Sambou et al. (2007).
a) - La mise en place des lignes de base de la
parcelle
Elle consiste à mettre en place à l'aide d'une
boussole (orientation et mesure d'angle), et d'un ruban de 100 m (mesure de
distance) une première ligne droite de 100 m dite ligne de base 1 (L1)
et une deuxième ligne de 100 m dite ligne de base 2 (L2) perpendiculaire
à la première. Ces deux axes sont matérialisés par
des cordons visibles (figure 40).
Figure 40. Délimitation des lignes de
base de la parcelle permanente
- Délimitation des bandes de la
parcelle
Elle consiste à mettre en place des bandes de 10 m de
large perpendiculaires à la ligne de base (L1) et de 100 m de long
parallèlement à la deuxième ligne de base (L2) à
l'aide de rubans métriques et de ficelles de 100 m (figure 41).
Figure 41. Délimitation des bandes de la
parcelle de suivi
b1 b2 b10
L2
a10
a2
a1
b10
b2
b1
L1
j10
j2
j1
à la ligne de délimitation droite de la bande
(coordonnée x) et par rapport à la ligne de délimitation
séparant cette placette de la précédente
(coordonnée y). La numérotation des individus et la
détermination de leur position sont effectuées de cette
façon pour chaque placette.
Figure 43. Détermination de la position
des individus dans les placettes
Les coordonnées géographiques des coins de la
parcelle permanente sont relevées dans la projection UTM, WGS 84.
e) - La collecte de données
Les données collectées concernent les
noms scientifiques des individus ligneux
étiquetés dans les placettes, leurs coordonnées, leur
diamètre à 1,30 m de hauteur (DBH), leur hauteur
totale, leur phénologie, leur état sanitaire, la
régénération naturelle, la composition floristique et
l'abondance des herbacées, les caractéristiques
écologiques du site et l'impact des activités humaines.
La position relative de chaque individu est estimée en
distance métrique comme indiqué à la figure 43.
La mesure du diamètre des individus de moins de 50 cm
de diamètre se fait à l'aide d'un compas forestier (figure 44).
Le diamètre des individus supérieurs à 50 cm s'obtient par
la conversion de la circonférence à 1,30 m (DBH= C/3,14).
Figure 44. Mesure de DBH avec un compas
forestier
Les données ont été collectées en
1993, 1997, 2003 et 2005. Les périodes de mesures correspondent toutes
au début de la saison sèche. Pendant cette période, le
terrain est plus accessible et la strate herbacée ainsi que la
régénération naturelle des espèces ligneuses n'ont
pas encore subi les feux de brousse.
Les données de la première année de mesure
correspondent à la situation de référence de la flore et
de la végétation de la parcelle de suivi.
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