Section 3.04 III.4. Estimation de la biomasse des
Forêts Classées
Les principaux résultats obtenus concernent : les
stocks de carbone par hectare pour chaque strate (tableau 15) des Forêts
Classées et la répartition de ces stocks de carbone par classe de
diamètre. L'utilisation des données de suivi de la
végétation ligneuse a permis d'affiner l'analyse sur la
productivité et la dynamique du carbone de ces
écosystèmes.
Tableau 15. Estimation de biomasse avec les
modèles Quadratique, Cubique et polynomial au niveau des Forêts
Classées étudiées.
Forêt classée de Bala
Surface Surface
Biomasse Biomasse Biomasse placettes placettes T/ ha T/ha T/ha
Quadratique Cubique Polynomial (m2) (ha) (quadratique)
(cubique) (polynomial)
|
S1
|
71827,27
|
110360,17
|
110413,56
|
19200
|
1,92
|
37,4
|
57,5
|
57,5
|
S2
|
78092,20
|
106967,62
|
107028,62
|
19200
|
1,92
|
40,7
|
55,7
|
55,7
|
S3
|
118474,06
|
157908,43
|
158005,56
|
35200
|
3,52
|
33,7
|
44,9
|
44,9
|
Forêt classée de Kantora
Surface Surface
Biomasse Biomasse Biomasse placettes placettes T/ ha T/ha T/ha
Quadratique Cubique Polynomial (m2) (ha) (quadratique)
(cubique) (polynomial)
|
FG
|
45851,45
|
51192,05
|
51233,31
|
6401
|
0,64
|
71,6
|
80,0
|
80,0
|
S1
|
212134,92
|
303608,01
|
303761,51
|
32000
|
3,2
|
66,3
|
94,9
|
94,9
|
S2
|
208840,70
|
244045,58
|
244187,69
|
32000
|
3,2
|
65,3
|
76,3
|
76,3
|
S3
|
334146,45
|
399541,13
|
399781,03
|
41600
|
4,16
|
80,3
|
96,0
|
96,1
|
Forêt classée de Mampaye
Surface Surface
Biomasse Biomasse Biomasse placettes placettes T/ ha T/ha T/ha
Quadratique Cubique Polynomial (m2) (ha) (quadratique)
(cubique) (polynomial)
|
FG
|
150978,36
|
163477,18
|
163609,58
|
16000
|
1,60
|
94,3
|
102,2
|
102,2
|
S1
|
64522,53
|
62383,17
|
62449,90
|
16000
|
1,60
|
40,3
|
38,99
|
39,03
|
S2
|
161691,75
|
165013,51
|
165170,42
|
22400
|
2,24
|
72,2
|
73,7
|
73,7
|
Forêt classée de Ouli
Surface Surface
Biomasse Biomasse Biomasse placettes placettes T/ ha T/ha T/ha
Quadratique Cubique Polynomial (m2) (ha) (quadratique)
(cubique) (polynomial)
|
S1
|
44459,99
|
61719,25
|
61749,93
|
16000
|
1,60
|
27,8
|
38,6
|
38,6
|
S2
|
44826,30
|
55454,10
|
55489,38
|
22400
|
2,24
|
20,0
|
24,7
|
24,8
|
S3
|
123459,57
|
150120,01
|
150225,65
|
35200
|
3,52
|
35,0
|
42,6
|
42,7
|
Forêt classée de Patako
Surface Surface
Biomasse Biomasse Biomasse placettes placettes T/ ha T/ha T/ha
Quadratique Cubique Polynomial (m2) (ha) (quadratique)
(cubique) (polynomial)
|
S1
|
147742,73
|
156740,02
|
156865,60
|
54400
|
5,44
|
27,1
|
28,8
|
28,8
|
S2
|
93434,01
|
106912,35
|
106987,94
|
16000
|
1,60
|
58,4
|
66,8
|
66,9
|
Forêt classée de Wélor
Surface Surface
Biomasse Biomasse Biomasse placettes placettes T/ ha T/ha T/ha
Quadratique Cubique Polynomial (m2) (ha) (quadratique)
(cubique) (polynomial)
|
S1
|
20830,84
|
20332,60
|
20356,39
|
25600
|
2,56
|
8,1
|
7,9
|
7,9
|
S2
|
12943,97
|
18904,06
|
18914,69
|
12800
|
1,28
|
10,1
|
14,8
|
14,8
|
S3
|
54747,36
|
61074,28
|
61128,48
|
41600
|
4,16
|
13,2
|
14,7
|
14,7
|
S4
|
44913,17
|
42836,22
|
42891,07
|
41600
|
4,16
|
10,8
|
10,3
|
10,3
|
FG, S1, S2, S3, S4 voir légende figure 38
Le tableau 15 montre que les sites présentant plus de
biomasse à l'hectare sont la Forêt Classée de Kantora
(dominée par des savanes boisées et des forêts claires),
suivie de celle de Mampaye (dominée par des savanes boisées). Ces
deux Forêts Classées sont toutes situées au Sud dans la
zone soudano-guinéenne. Cette importante biomasse dans ces
écosystèmes est liée à la présence de grands
sujets dont la contribution sur la biomasse totale est très
prépondérante. La Forêt Classée de Patako suit avec
la présence de savanes arborées et boisées avec de grands
sujets. Patako est suivi de près par les Forêts Classées de
Bala et de Ouli. La Forêt Classée de Wélor est la moins
dotée en biomasse (site très exploité pour le charbon de
bois).
Ces observations nous renseignent sur deux faits majeurs :
- D'une part, la quantité de biomasse n'est pas
seulement liée aux quantités d'eau précipitées
annuellement (zonalité climatique), Kantora situé plus au nord
recevant moins d'eau de pluie présente plus de biomasse par ha que
Mampaye. La fréquence des grands sujets jouent alors un rôle
significatif. A ce niveau, il faut aussi signaler l'importance des facteurs
pédologiques et la nature des terrains qui joueraient un rôle
très important sur le développement des arbres.
- D'autre part, le facteur humain, à travers la
pression sur les ressources ligneuses peut induire des différences
importantes même avec des conditions climatiques similaires. Les
Forêts Classées de Ouli et de Wélor étant
très exposées à l'exploitation forestière ont des
quantités de biomasse à l'hectare beaucoup plus faibles que la
Forêt Classée de Patako pourtant située dans la même
zone climatique.
Concernant la contribution relative des individus de petite ou
grande taille, on constate que les petits sujets peuvent donner un important
taux de couverture, mais leur impact sur la biomasse totale est moins
significatif que les grands arbres. Cependant, la présence des jeunes
sujets permet d'envisager une dynamique active de séquestration alors
que les vieux sujets ont atteint leur limite de croissance donc
présentent une faible capacité de séquestration de
carbone. En d'autres termes, les grands sujets concentrent une partie
significative du stock de carbone, mais leur contribution à la dynamique
de séquestration du
carbone est moins importante que celle des jeunes plantes. Il est
donc intéressant de voir de façon plus détaillée la
contribution des petits et grands sujets dans les stocks de biomasse.
(a) III.4.1. Contribution à la biomasse par classe
de diamètre
Pour mieux caractériser la répartition de la
biomasse en fonction de la structure des formations végétales
étudiées, il convient de voir la répartition par classe de
diamètre de la biomasse totale par strate. Ensuite, les contributions
relatives de chaque classe de diamètre ont été
calculées pour chaque strate.
(i) III.4.1.1 Répartition des individus par
classe de diamètre
La régénération naturelle (individus de
taille inférieure à 5 cm de diamètre pour les
espèces rencontrées dans cette étude) n'est pas prise en
compte dans le décompte des classes de diamètres. Le classement
des individus dans les différentes classes de diamètre montre que
l'essentiel des effectifs sont entre 5-10 cm de diamètre (figure 37). Le
nombre des sujets de gros diamètres n'est pas élevé dans
les formations de savane étudiées surtout à Ouli et
Wélor. D'autres formations comme celles de Kantora et dans une moindre
mesure la forêt de Mampaye ont une répartition de leurs classes de
diamètres plus équilibrée. Le nombre réduit de gros
sujets dans certaines Forêts Classées peut être dO à
l'importance de l'exploitation forestière et aux feux de brousse
répétitifs. Dans certaines conditions c'est la composition
floristique qui impose cette structure. Dans la Forêt Classée de
Bala par exemple la forte présence de Acacia macrostachya
(espèce qui est rarement très grande) peut influencer la
dominance des petites classes de diamètre. Le même cas est
observé lorsque les effectifs sont dominés par Combretum
glutinosum qui peut devenir grand, mais avec une forte fréquence
des feux de brousse et des conditions stationnelles d'aridité, les
grands diamètres ont du mal à se mettre en place. Ainsi, dans la
classe de diamètre 5-10, Combretum glutinosum est
l'espèce la plus représentée.
Figure 37. Répartition des effectifs par
classe de diamètre
Bala
|
Kantora
|
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|
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|
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|
Mampaye
|
Ouli
|
|
|
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|
|
Patako
|
|
Welor
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|
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|
|
|
2- 35-4 4-4
30 2-3 40-4 4-5
50 + 45-5 50 +
35-4 3-3
|
La répartition des individus par classe de
diamètre montre qu'au-delà de 20 cm, le nombre d'individus
diminue significativement (figure 37). Cependant, ce constat ne permet pas de
se prononcer sur la contribution des différentes classes de
diamètre à la biomasse totale. La contribution absolue et
relative à la biomasse totale des strates pour les classes 5-10, 10-15,
15-20 et > 20 est calculée au niveau des 6 Forêts
Classées. La figure 38 montre que même si le nombre d'individus
est moins important dans les classes de plus de 20 cm, cette catégorie
d'individus regroupe l'essentiel de la biomasse des savanes, avec une
proportion faible d'individus. Pour la plupart des cas, les espèces dont
le diamètre est supérieur à 20 cm concentrent plus de 50%
de la biomasse totale. Dans certaines strates cette catégorie
d'espèces dispose de plus 80% de la biomasse totale. Ce constat
s'explique par la démonstration faite au chapitre 2 concernant le bond
significatif de la quantité de biomasse produite quand le
diamètre de l'arbre dépasse le seuil de 17 cm. Exemple, un
Pterocarpus erinaceus de 6 cm de diamètre fait 13,6 kg de
biomasse, celui de 11,3 cm, 63,7 kg, alors que la même espèce
à 19 cm produit 148 kg de biomasse. Cela signifie qu'il faut près
de 12 individus de 6 cm de diamètre pour arriver aux mêmes stocks
de biomasse qu'un sujet de 19 cm. Dans les cas où on a une absence ou
une faible présence de grands arbres, la biomasse est essentiellement
située dans les classes jeunes (exemple de S1 et S4-Wélor et
S3-Ouli). De telles situations traduisent cependant une certaine
vulnérabilité des formations soumises annuellement à des
feux de brousse et parfois à des activités de carbonisation
clandestines ou autorisée comme dans les Forêts Classées de
Wélor, de Ouli et de Bala.
La présence d'un nombre réduit de grands sujets,
mais au sein desquels on compte l'essentiel de la biomasse pose le
problème de l'avenir du carbone dans les formations de savane en Afrique
de l'Ouest. L'exploitation forestière vise le plus souvent de gros
sujets surtout pour le bois d'uvre et de service. Les coupes sélectives
des gros sujets réduisent radicalement les stocks de biomasse au fil des
années. Quant aux petits diamètres, leurs stocks de biomasse est
faible mais le potentiel de séquestration est plus grand que ceux des
gros sujets, s'ils sont épargnés par les feux de brousse. Les
petits sujets ont d'une part une marge de croissance importante et une vitesse
de croissance théoriquement plus grande que celle des sujets adultes.
Ces deux facteurs combinés montrent que pour favoriser la dynamique de
séquestration, il faut sans doute protéger les petits individus,
et pour maintenir les stocks de carbone, il faut porter plutôt une
attention particulière sur les gros sujets.
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