I.5. Les réservoirs de carbone dans les
forêts
On estime que les forêts mondiales contiennent 340 Pg C
(Pg = 1015 g ou 1 gigatonne ou milliard de tonnes) dans la
végétation vivante et morte aérienne et souterraine et 618
Pg C dans le sol. A l'heure actuelle, les bilans du carbone sont incomplets
pour toutes les forêts mondiales. En outre, certaines composantes
forestières comme la teneur en carbone des détritus ligneux, des
débris végétaux et des racines sont peu connues. Cela
explique l'incertitude concernant l'estimation du réservoir de carbone
total. Les principaux réservoirs de carbone des
écosystèmes forestiers sont détaillés sur le
tableau 1.
Tableau 1. Réservoirs de carbone dans les
écosystèmes de savane
Réservoirs
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Description
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Biomasse vivante
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Biomasse aérienne
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Totalité de la biomasse aérienne vivante, y compris
les tiges, souches, branches, écorces, et feuillage.
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Biomasse souterraine
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Totalité de la biomasse de racines vivantes. Les racines
minces de moins de 2 mm de diamètre sont quelquefois exclues car souvent
il n'est pas possible de les distinguer empiriquement des matières
organiques du sol ou de la litière.
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Matière organique morte
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Bois mort
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Totalité de la biomasse ligneuse morte qui n'est pas
contenue dans la litière. Inclut le bois au sol, les racines mortes, et
les souches de diamètre égal ou supérieur à 5 cm ou
tout autre diamètre adopté par le pays.
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Litière
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Totalité de la biomasse morte de petite taille (mois de 5
cm de diamètre), à divers stades de décomposition. Ceci
inclut la litière, les couches fumiques et humiques. Les racines
vivantes minces (inférieures au diamètre minimum adopté
pour la biomasse souterraine) sont incluses dans la litière lorsqu'il
n'est pas possible de les distinguer empiriquement de la litière.
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Sols
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Matières organiques du sol
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Inclut le carbone organique des sols à une profondeur
donnée clairement spécifiée. Les racines vivantes minces
(inférieures au diamètre adopté pour la biomasse
souterraine) sont incluses dans les matières organiques du sol lorsqu'il
n'est pas possible de les distinguer empiriquement.
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Carbone stable du sol
(Roxburgh, 2004)
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Le carbone stable du sol est la fraction de carbone qui n'est pas
tout de suite rejetée dans l'atmosphère après le processus
de décomposition de la matière organique du sol par les
microorganismes.
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Source : (GIEC, 2003). Complété par l'étude
de (Roxburgh, 2004)
On estime que les écosystèmes tropicaux sont une
source nette de carbone relativement importante (de 1,6#177;0,4 Pg/an en 1990).
Cette source équivaut selon Waring et Running (1998) à
près de 30 % des émissions annuelles de CO2 dues à
l'utilisation des combustibles fossiles. Contrairement aux forêts
tempérées et boréales pour lesquelles les flux de carbone
sont estimés, pour la plupart, sur la base de données provenant
d'inventaires nationaux périodiques (mesures sur le terrain), le flux de
carbone des forêts tropicales est estimé sur la base de
modèles ou de travaux basés sur des données pour le moins
lacunaires. Par conséquent, le flux net de carbone tropical pourrait
être supérieur ou inférieur aux estimations actuelles
(Riedacker, 2004).
Le tableau 2 donne une estimation des réservoirs et des
flux de carbone dans la végétation forestière (masse
vivante et morte aérienne et souterraine, y compris débris
ligneux) et dans les sols (horizon 0 et sol minéral jusqu'à 1 m
de profondeur) (Brown, 2002).
Tableau 2. Répartition des stocks et du
flux de carbone des continents qui ont des écosystèmes
tropicaux
Région Réservoirs de C (Pg) Flux de C
Végétation Sols
(Pg/an-1)
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ZONE TROPICALE
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Asie
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41-54
|
43
|
-0,50 à -0,90
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Afrique
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52
|
63
|
-0,25 à -0,45
|
Amérique
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119
|
110
|
-0,50 à -0 70
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Le flux net estimatif de carbone des forêts mondiales
est une source de 0,9#177;0,5 Pg/an (Pg = peta grammes : 1015g),
soit environ 16 à 17% de la quantité de CO2 produite et
émise chaque année (figure 1). Ce déséquilibre est
la différence entre les puits et les sources de carbone connus et le
volume «nécessaire» pour équilibrer le bilan du
carbone. Sachant que les données primaires pour les bilans du carbone
dans les zones tempérées sont supposées être d'une
certaine précision, les chercheurs en concluent qu'une grande partie du
déséquilibre du bilan de carbone mondial doit être
cherchée dans les latitudes tropicales, pour lesquelles les estimations
proviennent de modèles qui ne font qu'estimer le bilan avec une
précision limite. Dès lors, il est évident qu'il faut,
pour résoudre cette question, effectuer des inventaires forestiers
nationaux répétés, en installant notamment des parcelles
de suivi de l'accroissement de la végétation dans les latitudes
tropicales.
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