VIII.1.2. La théorie stochastique de
Gleason
Gleason considère plutôt que la dynamique de la
végétation est fondée sur l'individu. La communauté
végétale n'est donc pas un organisme mais un assemblage
d'espèces qui ont chacune des réactions individuelles face
à l'environnement. L'évolution de la végétation est
le fait des seuls individus qui se déploient plus ou moins rapidement en
fonction du niveau de leur accommodation aux conditions du milieu.
VIII.1.3. La théorie du continuum
Whittaker fera en 1953 la synthèse de ces deux
théories. Il considère qu'une communauté
végétale connaît non pas un, mais plusieurs climax
possibles en fonction du milieu et des perturbations. Il rejette aussi la
notion d'association végétale en proposant celle du continuum
végétal. Celle-ci reconnaît dans les transitions entre
milieux, une certaine continuité de végétation, tout en
admettant qu'il existe des communautés rassemblant des assemblages
d'espèces adaptées aux pressions anthropiques.
Par la suite, la prise en compte de la dimension spatiale et
temporelle de la végétation a abouti au concept de succession
végétale c'est-à-dire la description des changements de la
végétation dans le temps et l'espace. Blondel (1979)4
définit la succession végétale comme « l'ensemble des
processus par lesquels un écosystème naturellement ou
artificiellement altéré ou détruit entreprend
spontanément de se reconstituer pour recouvrer un état qui soit
en quelque sorte un fac-similé de son état initial ». Les
successions sont de deux types: la succession primaire lorsqu'il s'agit de la
colonisation d'un sol nu par la végétation et la succession
secondaire quand il s'agit de la "réparation" par la
végétation des conséquences d'une perturbation qui peut
entre autres être d'origine anthropique. C'est ce dernier type de
succession qui sera étudié dans le cadre de ce travail, la
perturbation de la forêt du site de l'étude étant due
à l'exploitation industrielle du bois qui suppose un
prélèvement sélectif des arbres et non une coupe rase. Il
convient de noter à ce niveau que dans le cas de la succession primaire,
c'est la modification des facteurs de l'environnement qui déterminent la
succession alors que c'est surtout l'interaction entre les espèces
(facilitation, inhibition, tolérance) qui est le moteur de
l'évolution dans les successions secondaires.
La succession végétale a elle aussi
généré des oppositions d'école. Ainsi, pour
certains auteurs les changements de végétation au cours de la
succession sont contrôlés par la végétation
ellemême car chaque groupe d'espèces occupe un site à un
moment donné, rendant le milieu défavorable pour lui-même
et favorable pour le groupe d'espèces suivant. Pour d'autres encore
comme Egler (1954, cité par Saccone, 2007) qui a étudié la
succession sur les champs abandonnés, la succession n'existe pas
réellement. En effet la composition floristique initiale (les
espèces présentes avant ou après l'abandon) explique le
développement de la végétation après l'abandon.
Pour une troisième théorie dite réductionniste, la
succession est basée sur l'individu. Chaque individu a ses
capacités, son degré de tolérance par rapport aux
autres.
Les études sur la dynamique de la
végétation apparaissent donc très complexes au vue des
théories contradictoires qu'elles ont suscitées au cours du
temps. Mais, les dernières approches à ce sujet allient toutes
ces différentes écoles et courants de pensée.
4 Blondel, J. 1979. Biogéographie et
écologie. Masson, Paris.
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