CHAPITRE 2 :
LES IMPACTS DE L'EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE LA FORET
SUR LA BIODIVERSITE
Introduction
Nous nous consacrons ici à une analyse taxonomique.
Elle consiste à décrire la quantité de la
biodiversité ainsi que la distribution de celle-ci dans l'espace.
L'avantage de cette description est de permettre de caractériser la
composition floristique des parcelles étudiées. Nous ferons appel
dans cette caractérisation à des indices utilisés par de
nombreux auteurs. L'objectif à la fin est de déterminer les
conséquences de la mise en exploitation d'une parcelle de forêt.
Autrement dit, il s'agit de répondre à la question de savoir
quels sont les impacts à moyen terme des coupes sélectives
d'arbres aux plans de la biodiversité et du volume de bois
2.1. Les paramètres de la diversité
biologique
Dans la forêt non exploitée, on a pu recenser
1133 individus de diamètre (dbh) = 5 cm. Ils sont répartis entre
43 familles, 161 espèces et 122 genres. La forêt exploitée
en 2002 compte 990 individus appartenant à 42 familles, 165
espèces et 121 genres.
Tableau 2 : Comparaison des taxons entre les
parcelles
Site Individus Espèces Genres
Familles
Parcelle exploitée
|
990
|
165
|
121
|
42
|
Parcelle non exploitée
|
1133
|
161
|
122
|
43
|
|
Sources : Relevés de terrain
A l'observation du tableau ci-dessus, on note qu'au plan
uniquement statistique les deux parcelles présentent à peu
près le même nombre d'espèces, de genres et de familles. La
diversité biologique sur la parcelle exploitée semble n'avoir pas
a priori souffert de l'exploitation forestière. L'étude
détaillée de la composition des espèces, genres et
familles déterminera la différence qui peut exister entre les
deux parcelles au-delà de l'égalité numérique que
l'on note.
2.2. La diversité des familles
Au plan de la richesse biologique, les familles les plus
représentées sur la parcelle exploitée sont les
Euphorbiaceae (13 espèces), les Sterculiaceae (12 espèces), les
Annonaceae et Méliaceae (11 espèces chacune), les Mimosaceae et
Moraceae (9 espèces chacune). Sur la parcelle non exploitée, on a
par ordre les Sterculiaceae (13 espèces), les Euphorbiaceae (12
espèces), les Annonaceae et les Méliaceae (11 espèces pour
chacune des familles), Mimosaceae et Fabaceae (8 espèces pour chaque
famille) (tableaux 3 et 4).
Sur l'ensemble des 2 placettes, on note la présence de
45 familles dont 40 sont communes aux deux sites. Deux familles
rencontrées sur le site perturbé n'apparaissent pas sur le site
relativement intact. Il s'agit des Astéraceae
(représentées par un individu de l'espèce Vernonia
concerta) et des Bombacaceae (représentées par Bombax
brevicuspe avec 8 individus et Bombax sp qui compte 2 individus).
De l'autre côté, trois familles observées en forêt
non exploitée sont absentes de la parcelle exploitée en 2002. Il
s'agit des Mélastomataceae représentées par 2 individus de
l'espèce Memexylon sp, des Leguminosaceae avec crudia
gabonensis et les Rhizophoraceae représentées par un seul
individu de l'espèce Anopyxis klaineana.
En dehors des familles exclusives à l'un des sites, Il
existe 15 familles rares (représentées par une seule
espèce) communes aux deux sites : Acanthaceae, Chrysobalanaceae,
Clusiaceae, Guttiferaxeae, Lauraceae, Lécythidaceae, Lepidibotriaceae,
Myrtaceae, Ochnaceae, Pandaceae, Passifloraceae, Rhamnaceae, Samydaceae,
Simaroubaceae, Violaceae. La famille des Tiliaceae et celle des
Verbénaceae qui sont rares en parcelle exploitée sont
représentées par au moins deux espèces en parcelle non
exploitée. A l'opposé, il existe également de nombreuses
familles dont le nombre d'espèces est relativement important. Il s'agit
pratiquement des mêmes familles qui apparaissent presque dans les
mêmes proportions sur les deux sites comme l'illustre le tableau 4. Il
s'agit des familles suivantes : Euphorbiaceae, Sterculiaceae, Annonaceae,
Méliaceae, Mimosaceae, Moraceae, Césalpiniaceae, Cecropiaceae.
Ces familles sont représentées par au moins six
espèces.
On note aussi qu'il n'existe pas de grande
différence en ce qui concerne la composition spécifique. A
quelques rares exceptions, les différentes familles se retrouvent sur
l'une et l'autre parcelle. A ce niveau on peut estimer que l'exploitation
forestière sélective n'a pas modifié fondamentalement la
composition floristique du peuplement forestier. La parcelle
exploitée est d'ailleurs plus riche en
espèces (165) que celle qui est restée relativement intacte
(161).
Les Sterculiaceae et les Apocynaceae sont les plus abondantes
et présentent les plus grandes densités sur les deux sites
(tableau 3). En revanche, les familles secondaires sont différentes :
Méliaceae et Anacardiacee dans la parcelle non exploitée,
Myristicaceae et Euphorbiaceae dans la parcelle non exploitée.
Lorsqu'on consédère le nombre d'individus, les
Sterculiaceae constituent la famille largement dominante sur les deux sites,
soit 126 individus dans la forêt exploitée et 105 individus dans
la forêt mature (tableaux 3 et 4). Les différences se situent dans
la représentation des familles secondaires. Dans la forêt mature,
les familles qui complètent le groupe des 5 principales familles sont
les suivantes : Apocynaceae, Méliaceae, Anacardiaceae, Samydaceae. Au
sein de la forêt exploitée, ce sont, par ordre décroissant
aussi, les familles suivantes : Myristicaceae, Apocynaceae, Euphorbiaceae,
Césalpiniaceae. En revanche, la forêt mature porte seule la
famille des Rhizophoraceae tandis que la forêt exploitée
héberge exclusivement les Astéraceae
Pour les cinq familles abondantes, les deux parcelles
partagent uniquement les Sterculiaceae et les Apocynaceae. D'autre part,
lorsqu'on descend dans la hiérachie, on se rend compte que les Ebenaceae
(bois d'énène), qui comptent 65 invidividus dans la forêt
mature, sont sous représentées dans la forêt
exploitée dans laquelle on compte seulement 26 individus. De l'autre
côté, la forêt exploitée comporte 62 individus de la
famille des Moraceae alors que la forêt mature n'en compte que 25, soit
moins de la moitié de la population du premier site. Les analyses
montreront plus loin que les ouvertures artificielles pratiquées dans la
forêt au cours de la période de coupe sélective du bois ont
favorisé la prolifération d'une espèce de lumière
à croissance rapide et à bois mou comme Musanga
cecropioides. Cette espèce compte 25 individus dans la parcelle
exploitée alors qu'on dénombre seulement 2 individus dans la
forêt mature. Dans ce peuplement, on la retrouve uniquement au sein des
chablis.
Tableau 3 : Nombre d'individus par famille dans les
deux parcelles
|
Forêt non exploitée (forêt
mature)
|
Forêt exploitée
|
No
|
Famille
|
Nombre d'individus
|
Famille
|
Nombre d'individus
|
1
|
Sterculiaceae
|
105
|
Sterculiaceae
|
126
|
2
|
Apocynaceae
|
76
|
Myristicaceae
|
93
|
3
|
Meliaceae
|
69
|
Apocynaceae
|
93
|
4
|
Anacardiaceae
|
67
|
Euphorbiaceae
|
72
|
5
|
Ebenaceae
|
65
|
Caesalpiniaceae
|
63
|
6
|
Rubiaceae
|
64
|
Meliaceae
|
59
|
7
|
Annonaceae
|
63
|
Ulmaceae
|
35
|
8
|
Sapindaceae
|
62
|
Annonaceae
|
35
|
9
|
Myristicaceae
|
51
|
Burseraceae
|
33
|
10
|
Ulmaceae
|
50
|
Mimosaceae
|
29
|
11
|
Euphorbiaceae
|
48
|
Sapindaceae
|
29
|
12
|
Irvingiaceae
|
47
|
Moraceae
|
62
|
13
|
Olacaceae
|
41
|
Irvingiaceae
|
27
|
14
|
Papilionaceae
|
34
|
Ebenaceae
|
26
|
15
|
Burseraceae
|
32
|
Anacardiaceae
|
23
|
16
|
Lecythidaceae
|
28
|
Rubiaceae
|
21
|
17
|
Violaceae
|
27
|
Combrétaceae
|
17
|
18
|
Caesalpiniaceae
|
26
|
Lecythidaceae
|
17
|
19
|
Mimosaceae
|
25
|
Olacaceae
|
17
|
20
|
Clusiaceae
|
20
|
Sapotaceae
|
12
|
21
|
Flacourtiaceae
|
14
|
Guttiferaceae
|
12
|
22
|
Guttiferaceae
|
13
|
Papilionaceae
|
12
|
23
|
Sapotaceae
|
12
|
Flacourtiaceae
|
12
|
24
|
Tiliaceae
|
12
|
Bombacaceae
|
10
|
25
|
Moraceae
|
25
|
Violaceae
|
8
|
26
|
Combrétaceae
|
9
|
Rutaceae
|
4
|
27
|
Chrysobalanaceae
|
7
|
Acantaceae
|
4
|
28
|
Samydacées
|
5
|
Ochnaceae
|
3
|
29
|
Bignoniaceae
|
6
|
Tiliaceae
|
3
|
30
|
Rutaceae
|
4
|
Clusiaceae
|
3
|
31
|
Lauraceae
|
3
|
Lepidibotriaceae
|
3
|
32
|
Lepidibotryaceae
|
3
|
Chrysobalanaceae
|
3
|
33
|
Pandaceae
|
3
|
Lauraceae
|
3
|
34
|
Simaroubaceae
|
3
|
Passifloraceae
|
2
|
35
|
Acanthaceae
|
2
|
Samydaceae
|
2
|
36
|
Mélastomaceae
|
2
|
Bignionaceae
|
2
|
37
|
Ochnaceae
|
2
|
Rhamnaceae
|
2
|
38
|
Verbenaceae
|
2
|
Pandaceae
|
1
|
39
|
Myrtaceae
|
1
|
Simaroubaceae
|
1
|
40
|
Passifloraceae
|
1
|
Asteraceae
|
1
|
41
|
Rhamnaceae
|
1
|
Myrtaceae
|
1
|
42
|
Rhizophoraceae
|
1
|
Verbenaceae
|
1
|
43
|
leguminosaceae
|
1
|
/
|
8
|
|
/
|
1
|
|
|
Total
|
43
|
1133
|
42
|
990
|
|
Tableau 4 : Proportion des principales familles
recensées dans les parcelles
|
Site non exploité
Familles Nombre
d'individus %
|
Site exploité
Familles Nombre
d'individus
|
%
|
1
|
Sterculiaceae
|
105
|
9,26
|
Sterculiaceae
|
126
|
12,73
|
2
|
Apocynaceae
|
76
|
6,70
|
Apocynaceae
|
93
|
9,39
|
3
|
Méliaceae
|
69
|
6,09
|
Myristicaceae
|
93
|
9,39
|
4
|
Anacardiaceae
|
67
|
5,91
|
Euphorbiaceae
|
72
|
7,27
|
5
|
Ebénaceae
|
65
|
5,73
|
Césalpiniaceae
|
63
|
6,36
|
6
|
Rubiaceae
|
64
|
5,64
|
Moraceae
|
62
|
6,26
|
7
|
Annonaceae
|
63
|
5,56
|
Méliaceae
|
59
|
5,96
|
8
|
Sapindaceae
|
62
|
5,47
|
Annonaceae
|
35
|
3,54
|
9
|
Myristicaceae
|
51
|
4,50
|
Ulmaceae
|
35
|
3,54
|
10
|
Ulmaceae
|
50
|
4,41
|
Burseraceae
|
33
|
3,33
|
11
|
Euphorbiaceae
|
48
|
4,23
|
Mimosaceae
|
29
|
2,93
|
12
|
Irvingiaceae
|
47
|
4,14
|
Sapindaceae
|
29
|
2,93
|
13
|
Olacaceae
|
41
|
3,61
|
Irvingiaceae
|
27
|
2,73
|
14
|
Papilionaceae
|
34
|
3,00
|
Ebenaceae
|
26
|
2,63
|
15
|
Burseraceae
|
32
|
2,82
|
Anacardiaceae
|
23
|
2,32
|
16
|
Lecythidaceae
|
28
|
2,47
|
Rubiaceae
|
21
|
2,12
|
17
|
Violaceae
|
27
|
2,38
|
Combretaceae
|
17
|
1,72
|
18
|
Cesalpiniaceae 26
|
2,29
|
Lécythidaceae
|
17
|
1,72
|
19
|
Mimosaceae 25
|
2,20
|
Olacaceae
|
17
|
1,72
|
20
|
Moraceae
|
25
|
2,20
|
Flacourtiaceae
|
12
|
1,21
|
|
Source : Relevés de terrain.
|
|