1.4. Les pressions anthropiques
1.4.1. La mise en place de la population
Les populations de la région du Nyong et So'o
appartiennent au grand groupe dit Pahouin ou Fang-Beti qui occupe dans
l'ensemble une zone allant de la Sanaga au sud du Gabon. Ce groupe rassemble
plusieurs ethnies parmi lesquelles on dénombre les Ewondo, les
Béné, les Bulu, les Fong, les Yebekolo. L'occupation de la zone
forestière du Cameroun est le résultat d'une série de
mouvements migratoires sur une période dont il est difficile d'estimer
la durée. La mise en place des Fang-Beti est cependant relativement
récente. D'après E. Mveng12 ces peuples sont encore en
marche dans la première moitié du XIXè siècle. Ils
partent de l'Adamaoua bousculés par les Babouté et les
Foulbé. Ils arrivent chez les Bafia qu'ils bousculent à leur tour
avant d'entamer la traversée de la Sanaga. La tradition orale à
travers une légende très célèbre transmise de
père en fils suggère que cette fameuse traversée s'est
faite sur le dos d'un immense serpent miraculeux. Ces migrations ne prendront
fin que vers la fin du XIXè siècle avec l'arrivée des
colonisateurs européens.
1.4.2. Les groupes ethniques
Le village Faekelé II est presque entièrement
peuplé d'Ewondo répartis en plusieurs familles. Faekelé II
est constitué de 5 quartiers ou « hameaux » tous situés
le long de la piste secondaire qui mène vers à Akak. Ils sont
séparés les uns des autres par des lambeaux de forêt
secondaire qui bordent la piste.
En 1976, le recensement général de la
population et de l'habitat indiquait pour ce village 126 habitants, soit 54
hommes et 72 femmes. Plus de trois décennies après, ces
données n'ont pas fondamentalement changé. En effet, La
population est estimée à environ 200 âmes par le chef du
village. Comme ailleurs dans le sud-Cameroun, la population est en
majorité constituée de femmes, les hommes alimentant pour la
plupart l'essentiel du flux de migrants vers la ville proche de Mbalmayo. Les
raisons scolaires mais aussi et surtout économiques motivent leur
départ. Il est en effet souvent question de se faire embaucher dans les
entreprises industrielles de transformation de bois. Cet important exode rural
contribue à maintenir les densités rurales très
faibles.
12 Mveng, E (1983), Histoire du Cameroun,
CEPER, Yaoundé, P. 127.
1.4.3. Les activités de production
1.4.3.1. Une agriculture de plus en plus
orientée vers la spéculation
L'agriculture reste l'activité dominante des
populations du village Faekelé II. Cette agriculture essentiellement
vivrière mobilise à peu près également aussi bien
les hommes que les femmes, car la cacaoculture, si souvent commune aux
populations en zone forestière, est très peu pratiquée
ici. Les hommes sont donc très impliqués dans l'agriculture
vivrière. Mais on observe encore une division sexuelle des tâches
dans les travaux champêtres. L'abattage et le défrichement sont
encore presque exclusivement le fait des hommes tout comme la création
et l'entretien des petites plantations de banane-plantain. Les femmes
labourent, sèment, sarclent et récoltes les plantes
vivrières.
Le système de polyculture vivrière de type
itinérante sur brûlis est largement pratiqué. Une parcelle
de forêt est défrichée généralement en
début de saison sèche. Les débris végétaux
qu'on aura laissé sécher pendant plusieurs semaines seront
brûlés. La cendre obtenue par ce moyen sert à la
fertilisation du sol. Les semailles commencent au lendemain du brûlis,
avec les premières pluies. La parcelle est mise en culture pour 3
à 5 ans avant d'être ensuite laissée en jachère pour
permettre au sol de se reposer et se fertiliser à nouveau. La
jachère est utilisée pour d'autres activités, comme le
piégeage et la collecte. L'éventail des plantes cultivées
est varié. A côté des tubercules qui constituent la base de
l'alimentation, on trouve le maïs, les courges, l'arachide, la
banane-plantain.
Les récoltes sont en priorité destinées
à l'autoconsommation. Mais de plus en plus, l'objectif des paysans en
début de saison agricole est d'aller au-delà de la satisfaction
des besoins familiaux. Il est désormais question de se procurer des
revenus à partir de l'activité agricole. C'est pourquoi une bonne
partie des récoltes alimente les marchés de la ville de Mbalmayo.
On peut considérer cette agriculture comme une agriculture
vivrière de rente.
L'élevage est de type « sentimental » et
encore très traditionnel car les animaux sont rarement vendus. La part
belle est faite surtout au petit bétail mais aussi aux
gallinacés. Des ovins, caprins et porcins sont élevés en
divagation. Ils errent librement aux abords des cases et occasionnent souvent
des dégâts aux cultures vivrières près du village.
Ils sont d'une grande importance à l'occasion de certaines
cérémonies liées à des évènements
heureux comme la dot et la célébration des mariages ou à
des funérailles. Les animaux domestiques, chèvres, moutons,
cochons, poules et canards sont souvent gérés par
les hommes. Toutefois, pour accroître leurs revenus, les populations de
Faekelé II pratiquent d'autres activités non agricoles.
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