Depuis longtemps l'Algérie est pénalisée
par son système bancaire qui, en dépit de sa surliquidité,
est incapable de répondre aux besoins de financement du
développement du pays. Cette lacune de l'économie
algérienne résulte essentiellement du manque d'ouverture du
secteur bancaire. Celui-ci reste sous l'emprise de l'Etat puisque les banques
publiques détiennent près de 90 % du marché, tant en
termes d'actifs que de crédits à l'économie.
Le problème du système bancaire algérien
n'est pas tant la domination des banques publiques, mais plutôt le fait
que l'activité bancaire est détournée vers le financement
public. Outre les subventions destinées à renflouer des
entreprises publiques défaillantes, les ressources collectées par
les banques sont soit absorbées par les titres d'Etat à court
terme, soit allouées sous forme de crédits à des
entreprises publiques réputées mauvaises payeuses. Par
conséquent, le secteur privé se trouve évincé
puisque l'essentiel des fonds est alloué au secteur public. A ce titre,
notons que le secteur public absorbe 87,5% des crédits bancaires contre
32% au Maroc par exemple. Cet effet d'éviction se trouve à
l'origine de la faiblesse de l'investissement privé. En témoigne
le rapport des
49
http://www.afrik.com/article13672.html.
Consulté le 21 mars 2011.
crédits bancaires domestiques (ceux alloués au
privé) au PIB qui est seulement de 26%, alors que ce même rapport
atteint 76% pour le Maroc et 78% pour la Tunisie.
Au fond, le problème du secteur bancaire
algérien est un problème de liberté économique
lié, d'une part, à un cadre juridique inadapté au
développement de l'activité bancaire, et d'autre part, au manque
d'ouverture et de concurrence. En effet, le poids des impayés et des
défaillances, conjugué aux difficultés à traiter
les contentieux, pousse les banques à être plus exigeantes sur les
conditions
d'octroi de crédit. Une telle exigence fait augmenter
les coûts de transactions pour les clients, d'oüle rationnement du
crédit. Ces difficultés sont liées à l'absence d'un
système judiciaire indépendant
et efficace dans la protection des droits de
créanciers, l'exécution des contrats et le règlement des
conflits en temps réel. Un cadre juridique adéquat est
incontournable pour le développement de tout système de
financement car la transformation d'actifs fonciers et immobiliers en capital
financier producteur de valeur ajoutée ne peut être
réalisée sans que les titres de propriété de ces
actifs soient clairement établis et leur protection soit effectivement
garantie.