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Les facteurs influençant l'exercice de la fonction d'infirmier chef par les lauréats de 2éme cycle. Cas du Centre Hospitalier Ibn Sina de Rabat

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par Fairouz Massaly
Institut de formation aux carrières de santé de Rabat - 2ème cycle des études paramédicales section surveillant des services de santé 2011
  

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Problématique

L'infirmier(e) chef est une personne qui occupe un poste au premier niveau de gestion et qui dirige des infirmières et des infirmiers (et d'autres employés) dispensant des soins directs (Jeans et Rowat, 2004). En effet, l'infirmier chef doit posséder une base scientifique de connaissances issues des sciences de l'organisation, de la gestion et de la politique des soins infirmiers, il détient véritablement le rôle d'un gestionnaire d'unité de soins qui consiste à planifier, à organiser, à diriger et à contrôler les ressources humaines et matérielles en vue d'atteindre, avec le plus d'efficacité possible, les objectifs de l'organisation (Hubinon, 1998).

Malgré l'importance de son rôle, dans la plupart des cas ce poste est occupé par des personnes qui n'ont pas reçu une formation leur permettant d'assumer la responsabilité de la fonction d'infirmier chef. Ce poste doit être normalement occupé par un cadre de santé ou par un lauréat de 2ème cycle des études paramédicales (EPM), comme l'exige la circulaire n° 122 /DAA/PE du 28/12/1976 qui stipule que la responsabilité d'un service hospitalier doit être assurée par un cadriste ou à défaut un Adjoint de Santé Diplômé d'Etat (ASDE). Or, d'après les résultats d'une étude réalisée par Guejdad (2008) sur les stratégies d'intégration des lauréats1 du 2ème cycle, il s'est révélé que seulement 5 % parmi eux occupent la fonction d'infirmier chef au niveau d'une unité de soins hospitalier et aucun lauréat n'exerce cette fonction au niveau ambulatoire. Ces résultats sont appuyés par une autre étude effectuée au niveau de l'hôpital Ibn Sina de Rabat, qui a montré que seulement 24% des infirmiers chefs occupant ce poste ont suivi une formation au niveau de l'école des cadres ou au 2ème cycle des études paramédicales, ce qui a leur

1 Cette étude a concerné les lauréats de la deuxième cohorte

4 permis d'acquérir un certain niveau de connaissances dans le domaine de la gestion de l'unité de soins (Djoumbe, 2008).

La position des cadres de proximité (infirmier chef) dans les hôpitaux est considérée par certains auteurs comme une des plus difficiles à retenir (Coudray, 2004). La méme auteure ajoute que l'impression laissée par les échanges avec certains cadres de santé est celle d'une activité écartelée, stressante et laissant peu de part à l'autonomie. En outre, les infirmiers chefs constituent la catégorie la plus vulnérable car ils s'investissent dans l'exécution des taches peu structurées et peu planifiées (Montésinos, 1992). Leur statut n'est pas reconnu et cela peut entraîner une difficulté à se positionner, à trouver leur place auprès de l'équipe mais aussi à se faire reconnaître comme étant chargé de l'encadrement de l'unité de soins (Haller, 2004). Cette situation accentue la difficulté à reconnaitre le leadership infirmier dans l'environnement intra et extra hospitalier et produit une résistance au changement (Brissette, 2006).

En 2001, Debiche a avancé que la fonction d'IC est toujours en pleine mutation et suscite des craintes qui se traduisent notamment par une crise d'identité, pouvant amener à un problème de reconnaissance de la part des autres acteurs de l'hôpital. Selon le méme auteur, cette situation peut aboutir à un désinvestissement de la fonction, se manifestant par une baisse importante de candidatures au poste d'IC, laissant présager pour l'avenir un manque de personnel d'encadrement des unités de soins. En plus, les cadres infirmiers se sont retrouvés isolés avec des nouvelles compétences auxquelles ils n'étaient pas toujours préparés (Debiche, 2001).

Le système hospitalier a un besoin impératif en cadres formés et aptes à réussir les changements dont ils sont plus que jamais la clé de voûte (FO-Santé Documentation, 2011). De ce fait, le poste d'infirmier chef doit être occupé par une

5 personne ayant reçu une formation lui permettant d'acquérir des compétences en management et gestion des soins infirmiers comme le souligne Haller (2004) ; le diplôme contribue à asseoir une reconnaissance, à légitimer un positionnement et à aider au développement des compétences.

Le centre hospitalier Ibn Sina (CHIS) de Rabat vit ce problème. Ce centre hospitalier de référence à l'échelle national étant donné la multitude des prestations et le grand nombre des unités de soins impose la création des postes d'IC correspondants mais, les entretiens préliminaires avec certains lauréats de 2ème cycle, exerçant au niveau de CHIS de Rabat, ont montré que la majorité d'entre eux refuse d'occuper le poste d'infirmier chef, par contre ils préfèrent une fonction au niveau du service des soins infirmiers (SSI). Ce constat est appuyé par les responsables de CHIS de Rabat, qui critiquent la sélectivité et le refus de certains lauréats de 2ème cycle des postes vacants au sein du CHIS, qui correspondent à leur profil et aux compétences acquises au 2ème cycle notamment celui de l'infirmier chef (Mouloudi, 2010). Ceci malgré que l'article 2 de l'arrêté du Ministère de la Santé n° 2360-032 a souligné que l'enseignement dispensé au niveau du 2ème cycle des IFCS a pour objectifs de préparer des cadres paramédicaux, qui selon leurs spécialités et leurs domaines d'intervention, seront capables de : (a)Gérer les unités de soins et les ressources qui s'y rattachent; (b) Animer des équipes de travail et y raviver le sens de responsabilité, d'autonomie et la volonté de changement; (c) participer à l'élaboration, à la mise en oeuvre et à l'évaluation des stratégies pédagogiques et de soins....

Au Maroc aucune étude n'a été réalisée à propos des infirmiers chefs lauréats de 2ème cycle. Une telle étude revêt une importance capitale, du fait que l'infirmier

6 chef est un chaînon stratégique du service infirmier (Montésinos, 1992), dans lequel le lauréat de 2ème cycle sera en mesure de mener un grand changement. Pour cela, cette étude vise à documenter, auprès de cette population, les facteurs influençant l'exercice de leur fonction entant qu'infirmier chef au niveau de CHIS de Rabat. En outre, pour dévoiler la représentation réelle de cette fonction, il est nécessaire de la chercher auprès des lauréats de 2ème cycle, qui sont des acteurs censés la valoriser et la faire reconnaitre auprès des autres professionnels de santé et auprès des patients.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius